vendredi 31 mars 2017

La Suède à Paris : L'Institut Suédois à l'Hotel de Marle



Nous promenant récemment à Paris dans le quartier historique du Marais, nous avons fait une halte à l' Hôtel de Marle, entre la rue Elzévir et la rue Payenne.

L'Hôtel de Marle est un magnifique Hôtel particulier récemment rénové, qui abrite l'Institut Suédois.



L'Institut Suédois, c'est à la fois le Centre Culturel Suédois et la Collection d'art de l'Institut Tessin.

C'est un havre de paix, loin de la foule qui arpente le Marais,  caché derrière une porte cochère bleue :


En 1560 a été construit le premier Hôtel, vendu en 1572 à un conseiller du Parlement de Paris.

De nombreuses modifications y furent apportées au cours des siècles, mais les travaux les plus importants furent exécutés vers 1779 (Escalier d'honneur, décorations de style Louis XVI,...)

Décorations en style Louis XVI

Puis, à partir de 1816, date à laquelle l'Hôtel de Marle fut vendu, une série d'affectations diverses et variées  contribuèrent à la dégradation progressive de ce bel Hôtel particulier : maison d'éducation, appartements, locaux commerciaux, ateliers divers, laboratoires,...
Les jardins étaient même recouverts d'un hangar et servaient de garage...

Le tout était en 1965 dans un grand état de délabrement.


Parmi les locataires illustres, on note : le peintre Léonor Fini, et l'écrivain André Pieyre de Mandiargues.



En 1965, l'Hôtel fut acheté par l'Etat Suédois avec mission d'en assurer la restauration afin d'y établir l'Institut Tessin, le Centre Culturel Suédois et d'y loger temporairement des étudiants et personnalités désirant participer à la vie culturelle parisienne.

Une restauration extrêmement importante a démarré en 1967, en liaison avec les Monuments Historiques : en particulier la charpente de Philibert Delorme a été refaite à l'identique et replacée, les façades, l'intérieur et les jardins ont étés entièrement réhabilités. Voir ici.

Cette réhabilitation faisait partie du grand projet de sauvetage du Marais initié par André Malraux.


Les travaux se terminèrent en 1970, et l'Institut Suédois s'est ouvert en 1971.

En 1993, d'importants travaux ont à nouveau étés entrepris dans la salle du rez de chaussée, et en 2003, le Café Suédois s'est installé côté cour.

L'Hôtel de Marle restauré




Voir ici pour l'historique détaillé de l'Hôtel de Marle.

Il est à noter que l'Institut Suédois à Paris est l'unique Centre Culturel que possède la Suède à l'étranger : voir ici.

De nouveaux travaux sont en cours et l'Institut Suédois rouvrira ses portes à l'automne 2017 : voir ici.

N'hésitez pas, dès l'automne 2017, à faire une halte culturelle et gastronomique dans un magnifique havre de paix en plein Marais!



vendredi 24 mars 2017

En Alsace : visite à Ensisheim, capitale de l'Autriche Antérieure


Ensisheim, dont nous avons fait la découverte dimanche dernier, est une commune située dans le département du Haut-Rhin, entre Mulhouse et Colmar, en Alsace.

Ensisheim au XVII° siècle
Ensisheim est située dans un bassin potassique (ici), et la potasse, utilisée comme engrais, y a été exploitée pendant 100 ans, jusqu'en 2002.


Il s'agit en fait de la sylvinite, qui provient de l'évaporation au fil des millénaires de saumures marines : voir ici.
Une partie du Musée d'Ensisheim est d'ailleurs consacrée à l'histoire de l'exploitation des mines de potasse.

Une autre particularité d'Ensisheim est la fameuse météorite.

Le 7 novembre 1492, au moment de la découverte de l'Amérique,  entre 11h et midi, on entendit, dit-on, un violent coup de tonnerre, suivi d'un bruit éclatant et prolongé ; immédiatement après, une météorite tomba près d'un berger, dans le faubourg sud d' Ensisheim.

Gravure montrant la chute de la météorite
D'un poids de 130 kg, elle s'enfonça d'un mètre dans le sol.
On la transporta au château, et l'Empereur Maximilien se déplaça tout exprès pour la voir.

Après un passage par Colmar, et des "prélèvements" divers (un morceau de 10kg est au Muséum du Jardin des Plantes à Paris), elle fut restituée à Ensisheim, ne pesant plus alors que ... 55 kg.


Mais ce qui avait motivé notre visite, c'est le fait qu' Ensisheim ait été la capitale de l' Autriche Antérieure (Vorderösterreich)

Dans la seconde moitié du XIII° siècle, Rodolphe de Habsbourg y fait construire un château.

Ensisheim fut dès 1256 le siège du Tribunal landgravial des Habsbourg et devint en 1303 la capitale de toutes les terres et possessions habsbourgeoises dans la région du Rhin Supérieur, ce qui constituait en fait un véritable puzzle sans frontières bien délimitées.

Monument dédié à Rodolphe de Habsbourg
réalisé en ...  1900

En 1431, l'Empereur Sigismond établit à Ensisheim le siège de la Régence d'Autriche et en fait la capitale de ses possessions en Autriche Antérieure ( Haute Alsace, Pays de Bade et Suisse du Nord).
Voir ici.

Palais de la Régence
construit entre 1535 et 1547

Les fonctions administratives et juridiques de la ville lui confèrent une prospérité qui culmine à la fin du XVI° siècle et au début du XVII° siècle : y résidaient alors plus de 200 familles nobles et de 1585 à 1634 y a fonctionné un atelier monétaire devenu, après Strasbourg, le plus important d'Alsace.

Thaler frappé à Ensisheim

L'Hotel de la Couronne construit en 1610
pour loger les officiers
de la Maison d'Autriche en poste à Ensisheim

Mais au moment de la Guerre de Trente ans (1618-1648), l'administration impériale évacue Ensisheim, qui sera saccagée à sept reprises.

En 1648, par le Traité de Westphalie, les possessions des Habsbourg sont cédées à la Couronne de France.

En 1658, Ensisheim devient le siège du Conseil Souverain d'Alsace et devient ainsi la capitale de la Province Française d'Alsace.

Mais peu de temps après, le Conseil Souverain s'installera à Colmar.

De 1814 à 1820, à la fin de l'Empire, Ensisheim sera occupée par les Cosaques et à nouveau les Autrichiens.

Ensisheim est actuellement un village actif et dynamique au niveau activités, culture et services : ici.

Le village accueille par ailleurs l'une des 6 Maisons Centrales Pénitentiaires de France, qui abrite  200 détenus condamnés à de longues peines ou à perpétuité : ici.


Maison Centrale d'Ensisheim

vendredi 17 mars 2017

Randonnée gastronomique à Schönau im Schwarzwald



Dimanche dernier, profitant d'un temps magnifique, nous avons continué notre exploration de la proche Forêt-Noire, à partir de Schönau im Schwarzwald, charmant petit village - un de plus - niché au creux de la vallée du Wiesental, situé entre Fribourg et Lörrach (ville allemande proche de Bâle).



Schönau
517-1309 m
Partant de Schönau, nous avons admiré au passage, comme souvent par ici, les fresques murales des habitations:




Notre randonnée nous a emmené vers le joli petit hameau de Tunau par de ravissants chemins en forêt, sur des pentes aux horizons bien dégagés par moments.



Tunau

Rustique et champêtre, accroché à un flanc ensoleillé, ce tout petit village montagnard tourne ses charmes vers Schönau et le Wiesental.

La petite chapelle qui domine Tunau
Nous n'avons pas eu véritablement de raidillons assassins, malgré cependant de bonnes grimpettes, mais globalement de la douceur, des panoramas à revendre sur le massif du Belchen (1414 m, 4° sommet de la Forêt Noire).
Au total : 3h30 de détente active et de bonheur, pour 9km et 370m de dénivelé.

Le point culminant de cette randonnée, le "Zweistädleblick", 910 m, ("Panorama sur les deux petites villes"), nous donne un aperçu sur Schönau et Utzenfeld.



Charmant petit abri au sommet

La cerise sur le gâteau : le Gasthaus Tanne à Tunau, inattendu au milieu d'un attrayant mais néanmoins très modeste hameau. 
Nous avons été conquis par la qualité de l'accueil, du décor et de la cuisine.

Le Gasthaus Tanne

Mais c'est souvent ainsi dans le Pays de Bade : on trouve des auberges formidables et accueillantes dans de petits endroits charmants et isolés. 
C'est là tout l'art de vivre de la Forêt Noire!

De retour à Schönau, nous avons joué les touristes:

Le Rathaus (Hotel de Ville), construit en 1897 dans un style néo-renaissance :

Le Rathaus de Schönau
L'Eglise catholique Mariä Himmelfahrt, construite initialement en 1164, et qui dépendait alors du cloître de Sankt Blasien, puis a été rattachée à l'évêché de Bâle, a subi de nombreuses transformations.
Elle fut encore agrandie en 1903 et son clocher surélevé à 86m !

Mariä Himmelfahrt

Elle abrite un autel datant de 1520 et un magnifique orgue décoré.


En résumé : une fort belle randonnée, pas trop soutenue, alliant agréablement nature et gastronomie!

lundi 13 mars 2017

Opéra : La Traviata au Met, une révélation : Sonya Yoncheva


Samedi 11 Mars 2017, lors de la transmission en live de La Traviata de Verdi depuis le Met, à New York, nous avons été séduits et touchés par la soprano bulgare Sonya Yoncheva et son interprétation  magistrale de Violetta!


La mise en scène de Willy Decker était exactement la même que celle de la représentation du 15 avril 2012, lors de laquelle Natalie Dessay interprétait Violetta (Voir ici). Nous étions alors peu enthousiastes à l'issue du spectacle.

Pour Sonya Yoncheva, Violetta, la Dame aux Camélias, est une femme "époustouflante".

Le génie de Verdi lui a en effet écrit des airs virtuoses ou pathétiques, absolument magnifiques, et en particulier lorsque le père de son amant Alfredo vient lui demander de se sacrifier sur l'autel des convenances et de la famille.





Le personnage dont s'est inspiré Verdi, Marie Duplessis, est un être intellectuellement et psychologiquement passionnant.


A l'Acte I, on découvre la courtisane.
Il est rempli d'embûches techniques.


L'Acte II, très long, est centré sur la passion et le sacrifice de l'héroïne.
Il demande tout à la fois une extrême fermeté et une grande fraîcheur.
Voir ici "Amami Alfredo" dans l'Acte II.

L'Acte III, absolument magnifique, nous présente Violetta seule et mourante.
L'interprète doit montrer le dernier épisode de la vie de cette femme, sa mort qui approche et surtout son sentiment d'être abandonnée des hommes et des dieux contre lesquels elle exprime sa colère : musicalement et dramatiquement cela engendre une intensité folle.

Voir ici le bouleversant aria "Addio del passato" de l'Acte III.


Sonya Yoncheva a débuté ses études musicales dans sa ville natale de Plovdiv, puis s'est perfectionnée au conservatoire de Genève.
En 2013, elle a fait ses débuts au Met dans le rôle de Gilda, dans Rigoletto. Voir ici sa biographie.

Elle a chanté La Traviata, pour la seule année 2015 à New York, Zurich, Londres et Berlin.

Sonya Yoncheva
Sonya Yoncheva connait intimement ce personnage, auquel la destinaient la pulpe incomparable de son timbre, des possibilités techniques qui rendent tout aisé et une intensité scénique qui touche et marque les esprits.

Sonya Yoncheva réunit magistralement dans son interprétation les "trois voix" qui sont nécessaires aux interprétations musicalement différentes du rôle de Violetta lors des trois actes.

Par contre, nous avons étés relativement déçus par l'interprétation scénique que je qualifierais de 'non habitée' et 'empruntée", du rôle d'Alfredo par le ténor Michael Fabiano, engoncé dans un costume peu seyant dans une grande partie de l'opéra. 

Mais sa voix est absolument magnifique, en particulier lors de l'interprétation de la cabaletta "O mio rimorso" dans l'Acte II  : ici.

Thomas Hampson, dans le rôle de Germont, le père d'Alfredo, est assez surprenant, d'une rigidité certes imposée par le rôle, mais particulièrement surjouée au point d'en devenir gênante.

Le chef d'orchestre Nicola Luisotti a su donner, comme à son habitude, à l'oeuvre de Verdi toute sa force expressive, sa puissance musicale, sa sensualité et son émotion.

Plus j'écoute La Traviata, plus je suis saisi par la beauté de cette oeuvre, dont je ne me lasse pas.

En résumé, une magnifique soirée!

Voir ici  le très bel article enthousiaste de JCMemo.


vendredi 3 mars 2017

"Icônes de l'Art Moderne" : la Collection Chtchoukine à la Fondation Louis Vuitton



Samedi 25 Février, nous étions pour la seconde fois à la Fondation Louis Vuitton à Paris, pour admirer la Collection Chtchoukine: "Icônes de l'Art Moderne". Voir ici.

Allez-y avant dimanche 5 mars... mais la foule est garantie, malgré les réservations indispensables par internet!
Plus d'un million de visiteurs ont admiré cette exposition depuis le 22 octobre 2016.

Vue aérienne de la Fondation Louis Vuitton
avec les panneaux de Buren
(Jusqu'en avril 2017)

Quelques vues (personnelles) nocturnes du bâtiment exceptionnel de Frank Gehry, au Bois de Boulogne (Jardin d'Acclimatation) :






Sergueï Chtchoukine, né en 1854 à Moscou et mort en 1936 à Paris est un homme d'affaires russe, collectionneur d'art moderne.

Chtchoukine par Dimitri Melnikov en 1915
Sous l'influence de son jeune frère Ivan, installé à Paris, où il tient un salon brillant où se presse toute l'émigration russe, Sergueï Chtchoukine se tourne vers les peintres français, impressionnistes et post-impressionnistes.

Après la révolution d'octobre 1917, son exceptionnelle collection est nationalisée par un décret de Lénine après que Chtchoukine ait émigré en 1918 en Allemagne.

Chtchoukine par Xan Krohn en 1915

Le gouvernement russe installe alors dans l'ancien palais de Chtchoukine le premier musée de peinture moderne occidentale, qui ouvrira ses portes au public en 1919.

En 1948, ce Musée d'Art Moderne est liquidé par Staline et la collection répartie entre le Musée Pouchkine à Moscou et le Musée de l'Ermitage, à Léningrad.

La Danse de Matisse, qui fit scandale à Moscou.

Après la perestroïka, l'audace et l'intuition de Chtchoukine, l'homme aux 38 Matisse, 50 Picasso, 13 Monet, 8 Cézanne, 16 Gauguin est enfin reconnue.

"Voici un collectionneur-héros, doublé d'un chercheur-expérimentateur, possédant quelques traits de l'ancien amateur." Alexandre Benois, 1912.

La Salle Matisse au Palais Chtchoukine
"La galerie de tableaux de Sergueï Ivanovitch Chtchoukine à Moscou fait partie des collections russes d'art les plus remarquables...Il lui est revenu de devenir en Russie le passeur le plus fort des courants artistiques occidentaux.." Pavel Mouratov, 1908.


La Salle Picasso au Palais Chtchoukine
Cette exposition à la Fondation Louis Vuitton est à tous égards exceptionnelle, en particulier la Salle Matisse, la Salle Monet, la Salle Cézanne, la Salle Gauguin, la Salle Picasso,...et quelques découvertes tels Ivan Klioune, Vladimir Tatline,...

Ivan Klioune
Composition sphérique non objective
1873-1943
Ivan Klioune
Suprématisme
Vladimir Tatline
Nu, 1913


Voir ici une présentation de cette magnifique exposition.