samedi 20 décembre 2014

Opéra à Prague : un Barbier de Séville magique et déjanté!



Lors de notre récent séjour à Prague, début décembre, nous avons assisté, le 9 décembre, à l'Opéra d'Etat, à un Barbier de Séville de Rossini, forcément magique - à l'image de Prague elle-même - et totalement déjanté, comme savent aussi l'être les tchèques, sans oublier un professionnalisme musical et d'interprétation hors du commun!

Interprétation  tout à fait différente de celle, finalement plus "classique", que nous avions fort appréciée le 27 novembre 2014, retransmise du Met : ici.

Opéra d'Etat de Prague

L'Orchestre de l'Opéra de Prague était dirigé par Enrico Dovico.

Enrico Dovico
Né à Turin, Enrico Dovico a débuté sa carrière de chef d'orchestre au début des années 1990 à l'Opéra de Stuttgart avec "Un bal masqué" de Verdi. Puis il s'est produit à Brno, Tel Aviv, Bâle, Cologne, Vienne et souvent à Prague (Le Barbier de Séville, l'Elixir d'amour, Turandot, Tosca, la Traviata,...).
Magnifique prestation musicale, précise, joyeuse et dynamique!

Mise en scène de Jan Zavarsky

Michaela Kapustova, mezzo-soprano a interprété une Rosine vive, enjouée, avec une très belle maîtrise théâtrale et vocale.

Michaella Kapustova, Rosina
Sa carrière déjà longue et jalonnée de succès s'est déroulée principalement en République Tchèque, mais également en Italie, Angleterre et Japon.

Très belle interprétation de Figaro par Jiri Brückler.

Jiri Brückler, Figaro
Natif de Bohème, il a étudié à Prague et a débuté sa carrière dans Rusalka et Turandot. Il est depuis 2011 soliste permanent à l'Opéra de Prague où il interprète Masetto (Don Giovanni), Avenant (La Belle et la Bête de Glass), Almaviva (Les Noces de Figaro), Silvio (I Pagliacci de Leoncavallo) ce qui ne l'empêche pas de participer à des concerts de Musique Sacrée et, récemment à l'oratorio de Théodore Dubois, "Les Sept Dernières Paroles du Christ".

Ales Briscein était Almaviva, avec une belle interprétation théâtrale et vocale:

Ales Briscein
Et finalement, un Bartolo totalement déjanté, donnant une tonalité véritablement "Opéra-bouffe" à cette représentation, personnifié par Jiri Sulzenko :

Jiri Sulzenko.
Une soirée mémorable et d'autant plus intéressante qu'était encore fraîche dans nos mémoires la représentation du Barbier de Séville transmise du Met le 27 novembre, mais ici c'était une représentation en direct, ce qui est quand même un "plus" essentiel.

La représentation terminée, ce fut un vrai bonheur de déambuler dans le froid des rues de Prague encore animées et illuminées en cette période proche de Noël. 

Prolongement magique d'une soirée magique!



jeudi 4 décembre 2014

Fantani Touré : une belle voix malienne s'est tue


Je viens d'apprendre le décès à Paris le 3 décembre de la chanteuse malienne Fantani Touré!


Une belle voix qui s'éteint à jamais : un grand talent de griotte qui, bien que d'origine noble, comme Salif Keita, s'était mise au service de la musique Mandingue !

Originaire de Bamako, elle découvre la musique et la danse dans les activités culturelles du quartier populaire de Bozola, et fait ses début dés l'âge de 7 ans.

Fantani Touré est révélée au public en 1995, lors du Marché des Arts du Spectacle Africain, où elle chante en solo, accompagnée par Toumani Diabaté, virtuose de la kora.

Toumani Diabaté

Elle sort son premier album "Tinari" ("Merci" en soninké) chez Wanda Record de Salif Keita.
En 1999 c'est l'album "Bozola"où elle rend hommage à son quartier natal.

En 2003 elle sort l'album "Soukabé Mali" ("Notre Mali")
En 2009, elle signe un album  consacré au célèbre musicien Ali Farka Touré qui fut son mentor.

Ali Farka Touré
1939-2006

En 2010, Fantani Touré a, avec une pléiade d'artistes, chanté l'hymne de la paix, en direct de Tombouctou sur la télévision nationale malienne.

Fantani Touré était aussi une artiste engagée pour le droit des femmes au Mali.

Fantani Touré : "Les artistes sont porteurs de paix dans toute société!"



Elle était aussi célèbre à Bamako que Salif Keita, ce qui n'est pas peu dire...

Beaucoup d'émotion chez les maliens et les amoureux du Mali et de sa musique, après l'annonce du décès de la chanteuse!

Ecoutez ici Fantani Touré, la "Voix de Bamako".


lundi 1 décembre 2014

Un Edgar Degas inconnu au Norton Simon Museum, à Pasadena


Le Norton Simon Museum, à Pasadena regroupe une collection impressionnante d'oeuvres d' Edgar Degas (1834-1917) : une centaine d'oeuvres.

Edgar Degas

On y trouve non seulement des peintures, mais aussi des pastels, des dessins, des gravures, des sculptures...

Cette collection d'oeuvres de Degas rassemblée par l'industriel et philanthrope Norton Simon (1907-1993) est la seconde plus importante au monde après la collection Havemeyer du Metropolitan Museum of Art.

Norton Simon


Degas, on le sait, s'est tourné vers la représentation de la vie de son époque : ballets, femmes au bain, danseuses, et portraits de femmes au travail,..
Degas fut le peintre des femmes, en particulier des danseuses, qui fascinèrent cet éternel célibataire.

A la nature, il préféra les portraits et les scènes d'intérieur.

Femmes repassant
1884, huile
Mais deux oeuvres de Degas, inconnues de moi, ont attiré mon attention, en visitant une nouvelle fois le Norton Simon Museum à Pasadena, car elles ne me semblaient pas dans le style habituel de Degas.

Oliviers avec arrière plan montagneux
1890-1892
Degas fut l'ami de nombre d'impressionnistes, dont il partagea un certain nombre d'attentes artistiques, mais dont il s'éloigna aussi sur bien des points.

Degas en effet était un citadin qui raillait souvent ses collègues impressionnistes qui allaient peindre des paysages "en plein air".

Or, curieusement, vers la fin de sa vie, Degas s'est tourné vers ce genre de sujet.

Champ de blé et montagne verte
1890-1892

En 1890, lors d'un voyage en Bourgogne, Degas s'est lancé dans la réalisation de paysages avec une technique personnelle : il s'agit de monotypes retravaillés, qui donnent aux paysages un caractère irréel.

Degas a réalisé chacun de ces tableaux en deux étapes:

Il a tout d'abord peint à l'huile sur une plaque de métal, effaçant ensuite par endroits la peinture avec les doigts.
Après avoir imprimé la plaque sur un papier humide sous la presse, il a retravaillé le résultat au pastel.

Le résultat est magnifique, tant au niveau de la texture picturale que des contrastes.

Une belle découverte!

vendredi 28 novembre 2014

Opéra : l'Elixir d'Amour de Donizetti à Covent Garden


Quatre jours après Le Barbier de Séville retransmis du Met, au Kinépolis de Mulhouse, nous avons assisté en retransmission live depuis Londres (Royal Opera House à Covent Garden) à une belle représentation de l'Elixir d'Amour (L'elisir d'amore) de Donizetti au Cinéma CGR de Colmar.

La mise en scène de Laurent Pelly est colorée, hilarante, vive et bien enlevée.

Tendresse, humour et soleil sont au rendez vous!


L'intrigue se déroule dans la campagne italienne des années 50 entre meules de foin et vespas.

Cet opéra incontournable de Donizetti rencontre un triomphe incontesté depuis sa création en 1832.

Tous les ingrédients de l'élixir d'amour sont là : une histoire d'amour touchante, un sens extraordinaire de la comédie, une musique émouvante...

Donizetti (1797-1848) est considéré comme l'héritier de Rossini et le précurseur de Verdi.

J'ai déjà vu, retransmis du Met, trois opéras de Donizetti : une Ann Boleyn bouleversante (ici), une Lucia di Lammermoor sombrant dans la folie (ici) et un Don Pasquale magnifique (ici).

Vittorio Grigolo (Nemorino) est un excellent chanteur avec de plus une présence scénique époustouflante et émouvante.

Vittorio Grigolo
Bryn Terfel tout autant présent et à l'aise dans le rôle du charlatan Dulcamara que dans celui de Votan, dans Siegfried de Wagner en 2011 au Met (ici), dans Die Walküre en 2011 (ici), dans l'Or du Rhin en 2010 (ici) : magnifique chanteur et acteur à la présence exceptionnelle.

Bryn Terfel

Lucy Crowe incarne avec retenue et une grande finesse la riche et instruite Adina, peu sensible aux charmes de Nemorino...en tout cas au début de l'intrigue.

Lucy Crowe

Levente Molnar joue , à mon goût, de façon un peu excessive le rôle de Belcore, mais n'est-ce pas avant tout un rôle de fanfaron, qui fait inévitablement penser à Vittorio Gassman dans les films de Dino Risi?

Levente Molnar
A nouveau une excellente soirée, non seulement de par la qualité vocale et le jeu scénique des interprètes, mais aussi par la qualité du jeune, fougueux et talentueux chef d'orchestre Daniele Rustioni!

Daniele Rustioni
Une introduction à cet "Elisir d'amore" : ici ...et le "trailer' du ROH : ...

jeudi 27 novembre 2014

Un Opéra Bouffe réjouissant : le Barbier de Séville


La retransmission en direct du Metropolitan Opera à New York, du Barbier de Séville, Opéra Bouffe de Rossini, nous a donné l'occasion de passer, ce vendredi 22 novembre, une soirée musicalement bien orchestrée et réjouissante de par une mise en scène originale, une technique vocale magnifiquement maîtrisée,  et des jeux d'acteurs plaisants, voire déjantés par moments, et fort divertissants.

Rosina, Almaviva et Figaro

Inspiré du premier volet de la trilogie de Beaumarchais, il s'agit là de l'Opéra le plus célèbre de Rossini et, parait-il, le plus grand chef d'oeuvre de l'Opéra Bouffe italien.

Cet opéra, dans une mise en scène de Bartlett Sher et avec les décors originaux de MichaelYeargan, nous a offert des rebondissements incessants, des rires, des déguisements, des sérénades, des facéties gestuelles et verbales et des insolences réjouissantes.

Un rythme effréné parfaitement mené par la baguette du chef d'orchestre Michele Mariotti mais aussi un travail tout en légèreté pour ne pas dominer les vocalises des chanteurs.

Chritopher Maltman (Figaro), Isabel Leonard (Rosina), Maurizio Muraro (Bartholo)  et surtout Lawrence Browlee (Le Comte Almaviva) furent absolument excellents, chacun dans son registre.

Sérénades, duos et ensembles inondent cette partition inventive de portraits hauts en couleur et de vocalises, où, encore une fois Lawrence Brownlee a été tout à fait excellent.
Il maîtrise les techniques vocales rossiniennes avec un engagement physique époustouflant.

Lawrence Brownlee

Je l'avais écouté en 2010 dans le rôle de Rinaldo dans Armida de Rossini : voir ici.

Je me souviens également des belles prestations d'Isabel Leonard en avril 2014, dans le rôle de Dorabella, dans un brillant et fougueux Cosi fan tutte (voir ici) et en 2012 dans le rôle de Miranda dans La Tempête , magnétique et émouvante, de Thomas Adès.

J'ai eu grand plaisir à la retrouver : dans le Barbier de Séville, elle fait preuve d'une présence et d'un charme irrésistibles, et un grand bravo pour le placement de la voix dans les coloratures (voir ici) les plus complexes!

Isabel Leonard

Christopher Maltman n'est pas un expert de technique rossinnienne, mais c'est un excellent chanteur et un très bon acteur.

Christopher Maltman
Une excellente soirée!

Voir ici l'avis tout différent de JCMemo sur cette retransmission!

jeudi 20 novembre 2014

En Californie : le "17 miles drive", un incontournable!


La route dite du "17 miles drive", soit 27 km, sur la péninsule de Monterey, en Californie, à environ 2h au sud de San Francisco est un incontournable, un "must" : une route panoramique qui sillonne la Forêt Del Monte, nous fait traverser de très riches quartiers où les golfs abondent et qui nous offre des points de vue absolument magnifiques sur le Pacifique.

17 miles drive

Comme il s'agit d'une route privée, qui traverse les résidences de Peeble Beach, il nous en a couté 10$ de péage...
Notre retour sur investissement fut à la hauteur de nos espérances, et même largement au delà!
Voir ici pour plus de détails.

The Lone Cypress
âgé de plus de 250 ans


Nous avons parcouru cette route lentement et avec grand plaisir et ce fut pour moi une redécouverte, ma dernière visite datant de ... 25 ans.

Comme les américains ne sont jamais avares de superlatifs concernant leur pays, et j'avoue que c'est souvent mérité - , nous avons là "One of the most famous scenic drives in the world", "One of the nature's greatest treasures", "The greatest meeting of land and sea in the world", etc,...

Par ailleurs, la Highway 1 (Voir ici ) qui longe la côte pacifique, nous a offert des paysages également superbes, et une faune nombreuse et remarquable, tels les éléphants de mer (Elephant seals), les cormorans et les pélicans.

Le Pacifique calme...

...et celui qui l'est moins!
Colonie d'éléphants de mer

Eléphant de mer


Pélican

Donc, du "tourisme nature", après nos épisodes de "tourisme culture", sur lesquels j'aurai l'occasion de revenir.


mercredi 19 novembre 2014

A nouveau en Californie, au Norton Simon Museum



Voila que le Promeneur du 68 est de retour des USA, juste à temps pour accueillir, à Paris, un nouveau petit-enfant : que du bonheur!

Je suis parti du 28 octobre au 11 novembre, et notre périple nous a à nouveau mené en Californie, à partir de Phoenix, Arizona, au Norton Simon Museum de Pasadena.

 Soit 350 miles (563 km) de traversée de déserts et de zones arides...

Pause sur la route, en Arizona

Le Norton Simon Museum est un musée splendide et pourvu de collections d'une richesse exceptionnelle, comme le sont souvent les musées privés aux USA.

Et voila donc que je retrouve avec plaisir le havre de fraîcheur et de beauté de ce lieu unique où j'étais déjà le 25 mai 2012 : voir ma note ici .

Dans le jardin du Norton Simon Museum

Je vous fais partager, un peu au hasard, un de mes nombreux coups de coeur.

Picasso : "Buste de femme", 1923.

Au début des années 1920, Picasso s'est inspiré de l'antiquité classique.
Il a peint un certain nombre de femmes seules, vêtues de robes simples, un peu à l'antique, avec un air de force et de dignité, celui des héroïnes classiques.

Cette jeune femme, perdue dans ses songes, prend une pose, et on a l'impression d'être là face à une statue de marbre.

Les ombres sont grises et noires. 
Des détails, tels que les yeux et la chevelure, sont renforcés à la craie noire.
La signature en haut et à droite est la seule touche de couleur.

Buste de femme, 1923
Huile et craie noire sur toile

L'impression que j'en retire est celle d'une certaine complexité psychologique : la palette monochromatique et le regard lointain semblent suggérer une certaine sérénité...

...mais les bras et les mains plus grands que nature, en premier plan, traduisent une anxiété sous jacente.



jeudi 23 octobre 2014

jeudi 16 octobre 2014

Randonnée des moulins dans le Zweitälerland en Forêt-Noire


Le Zweitälerland, le Pays des Deux Vallées (Elztal et Simonswäldertal), est un endroit bien sympathique, en Forêt-Noire, au nord de Freiburg-im-Breisgau, autour de Waldkirch. (Voir ici, en allemand).


Waldkirch, ville de 20000 habitants,  est connue pour ses fabricants d'orgues mécaniques, pour la taille des pierres précieuses et par la célèbre entreprise de montagnes russes Mack rides Gmbh.

Voir ici le Festival 2014 des orgues de barbarie,  et l'extraordinaire Musée de la musique mécanique sous toutes ses formes, où l'on peut écouter des morceaux d'Opéras, tels que des extraits du Trouvère que j'y ai entendus il y a quelques années...une véritable curiosité qui vaut la visite...

Ces deux vallées se prêtent à des marches en basse altitude, dans une atmosphère paisible et reposante, randonnées qui peuvent présenter cependant quelques dénivelés.

Cette randonnée nous a bien changés de notre trek récent dans un Haut-Atlas rouge, aride et minéral, avec ses grimpées caillouteuses de 800m...

Vue sur Neuenberg

Nous apprécions tout particulièrement ces paysages vallonnés et champêtres de la Forêt-Noire, où les fermes et les animaux sont omniprésents dans des vallons et des recoins secrets parcourus de ruisseaux  et de torrents rafraîchissants.

Notre randonnée suivait une boucle, au départ du village de Simonswald, dans l'une des deux petites vallées pleines de charme, la Simonswäldertal (Voir ici, en allemand).

Cette très belle boucle, dénommée fort justement le Mühlen Rundwanderweg, le chemin de randonnée des moulins (céréales ou noix), nous a permis, en 9km, 170m de dénivelé et 3h30 de marche, de découvrir quatre beaux petits moulins restaurés, implantés au bord de torrents.

Il y a tout d'abord le Schwanen Mühle, petit moulin restauré en 1999, vu seulement de loin, près de la ferme Schwanen:

Schwanen Mühle
puis le Wehrle Mühle, qui est un beau petit moulin récemment restauré, et que nous avons pu visiter:

Wehrle Mühle



Puis ce fut le fameux Öl Mühle, bien connu dans le Zweitälerland, qui est le plus beau des moulins, géré depuis 1999 par une association de passionnés, et qui comporte deux parties, avec deux roues sur le même torrent : un moulin à céréales d'un côté et un moulin à huile de noix de l'autre.

Öl Mühle


Pour finir ce circuit, le Krone Mühle, près de Sagplatz à Simonswald :

Krone Mühle
Et comme le dit l'inscription sur cette croix vue sur notre route : "Beaucoup de chemins mènent à Dieu, et l'un d'entre eux passe par cette vallée"...


... ce fut pour nous un chemin de paix, de ressourcement et de découvertes de ce qu'a pu être la vie de ces vallées tranquilles dans des temps plus anciens.