lundi 26 février 2018

Photographie : Adolphe Braun au Musée Unterlinden à Colmar


Le Musée Unterlinden de Colmar nous propose en ce moment une belle exposition sur le photographe Adolphe Braun et sa société, la Maison Braun et Cie, à une époque historiquement et techniquement passionnante : celle de l'essor de la reproduction photographique d'oeuvres d'art (jusqu'au 14 mai 2018).



Adolphe Braun est né en 1812 à Besançon et mort à Dornarch, près de Mulhouse, en 1877, à 65 ans.

Adolphe Braun en 1860

Après s'être perfectionné dans le dessin et avoir créé en 1834 un atelier de dessin d'industrie, à Paris, il crée en 1847 un nouvel atelier à Dornarch, qui emploie jusqu'à 40 personnes en 1855.

En 1854, Braun présente à l'Académie des Sciences une collection de Fleurs photographiées destinée aux dessinateurs industriels, qui remporte un grand succès à l'Exposition Universelle de 1855.



Il propose alors l'Alsace photographiée (1858-1859), qui lui vaut le titre de Photographe de Sa Majesté l'Empereur.

Alsacienne
L'Alsace et la Lorraine

Château du Girsberg

Il met au point, et développe, avec son frère, son fils, et d'autres photographes tels que J. C. Marmant, des techniques de vues stéréoscopiques, de tirages au collodion et surtout de tirages au charbon selon le procédé de J. W. Swan.

Voir ici des informations sur le tirage au charbon.

Ce procédé, difficile et coûteux donne des résultats d'une finesse exceptionnelle et surtout, les tirages sont inaltérables.

Exemple de vue stéréoscopique

Il photographie dessins, statues, bas-reliefs, peintures, monuments, ruines, animaux, paysages de Suisse et d'Egypte, etc,...










Il entreprend de reproduire par la photographie les dessins des plus importantes collections privées et publiques d'Europe, et ces reproductions deviennent le fer de lance de la Maison Braun.


La reproduction photographique d'oeuvres d'art, qui était au début une expérimentation, devint rapidement une spécialisation, de nouveaux marchés s'étant créés.

Les sociétés d'impression photographique se multiplièrent et s'industrialisèrent à la fin du XIX° siècle, au gré des progrès et des inventions techniques.

La reproduction photographique d'oeuvres d'art permit ainsi d'ouvrir l'accès aux oeuvres d'art à un public de plus en plus vaste. 

Voir à ce sujet les textes du philosophe Walter Benjamin parus chez Folio Essais:
Dans Oeuvres II, p 295, le texte intitulé Petite histoire de la Photographie, et surtout, dans Oeuvres III, p 269, L'oeuvre d'Art à l'époque de sa reproductibilité technique.

Walter Benjamin (1892-1940)
vers 1928


vendredi 23 février 2018

En Forêt-Noire : Les Gorges du Heissbach et les "hautes terres" de Sallneck


Continuant à explorer les recoins secrets du sud de la Forêt-Noire, nous nous sommes "aventurés" dans les environs de Sallneck, non loin des "Trois Frontières" (France, Allemagne et Suisse) entre Freiburg, Lörrach et Bâle.

Sallneck dans
le sud de la Forêt-Noire

En suivant la route L140 en provenance de Badenweiler, nous dépassons le village de Wies, sans y pénétrer. Une petite route prend 2km plus loin, à droite, et nous mène à Sallneck.
Nous nous arrêtons au parking du Baselmatt.



Le village de Sallneck est désormais un quartier du regroupement de 8 villages appelé Kleines Wiesental, dans le district de Lörrach (Bade-Wurtemberg). 
Ce petit village, situé non loin du sommet du Belchen, culmine à 900m.


Les habitants de Sallneck vivent de l'élevage, car le sol est peu propice aux cultures, et de l'exploitation forestière.


Cette randonnée facile (disons plutôt promenade) nous a fait suivre une belle boucle de 6,5 km, et 300m de dénivelé, soit 3h de marche bucolique.

Les hautes terres du balcon de Sallneck, qui forment une belle terrasse du sud de la Forêt-Noire, mais cependant exposée nord-est, nous offrent un spectacle apaisant.

Et puis, au début de ce circuit, il y a les Gorges du Heissbach (Heissbachschlucht).





Remonter ces petites gorges encaissées le long des eaux bondissantes, qui dégringolent du massif de l'Heissberg, et parmi les troncs moussus est un moment plein de charme.



Nous avons eu l'occasion d'observer, en grimpant dans ces gorges, de belles et étranges efflorescences givrées...




Nous débouchons ensuite sur les hautes prairies de Kähle Bückle et passons ensuite à Glaserbergquelle, vers le massif de Bückleboden où le sentier nous offre quelques perspectives joliment givrées...


A Auf dem Hasel, nous entrevoyons au passage les  belles pelouses embrumées des hauts pâturages qui dominent Sallneck.




Puis c'est le retour vers Thauen par le Thauenweg.
Le décor est splendide : la petite route musarde en balcon, et finit par déboucher sur l'énorme balafre d'une carrière de pierres...

Nous rejoignons enfin notre parking sur les prairies du Baselmatt, après avoir longé le minuscule étang artificiel de Stauweiher.

A noter, à Sallneck, une excellente adresse : le Gasthof Hotel Hirschen et son authentique cuisine régionale, en particulier ses spécialités de gibier. 

Comme pratiquement partout en Forêt-Noire, nous sommes étonnés de découvrir de magnifiques et sympathiques auberges, très fréquentées en fin de semaine, dans des petits villages isolés en pleine nature ou en montagne.

La Gasthof Hirschen
Voir ici. (Le week-end, il est nécessaire de réserver. Sinon, on peut s'y procurer d'excellents sandwichs...)


vendredi 16 février 2018

En Alsace : Promenade le long du canal de Colmar


Le Canal de Colmar est un embranchement du Canal du Rhone au Rhin : il est aujourd'hui dédié à la plaisance.

La Canal de la Marne au Rhin
Le Canal du Rhone au Rhin
Le Canal de Colmar et l'Ill

Le canal de Colmar à Horbourg-Wihr
Il relie sur 23 km Colmar et la Petite Venise à Breisach en Allemagne.

C'est un magnifique trait d'union champêtre et forestier entre l'Ill et le Rhin.

Le canal de Colmar à Kunheim

Le Port de Colmar cessa ses activités commerciales à la fin des années 1980 et est devenu un port de plaisance.

Le Port de plaisance de Colmar

En quittant le port, on traverse l'Ill avant d'atteindre l'écluse de Horbourg Wihr : le canal coupe ainsi un cours d'eau!


Le canal coupe ensuite de façon rectiligne le patchwork des prés et des champs jusqu'à Holtzwihr.

Il passe ensuite en lisière de Bischwihr, de Muntzenheim, traverse la forêt de Durrenentzen et d' Artzenheim pour rejoindre à angle droit l'ancien canal du Rhone au Rhin.

Le canal de Colmar à Bischwihr



Sur les bords du canal, la végétation est luxuriante et lui donne un aspect de rivière.

Se promener le long de ce canal, à pied ou en vélo (une belle piste cyclable longe la voie d'eau) est un vrai plaisir, par tous les temps : lorsque le ciel est chargé, les reflets des arbres et des nuages dans l'eau sont un enchantement.


Pour la petite histoire, ce canal de Colmar est né d'une frustration!

Il a en effet été construit sous la pression d'industriels qui se sentaient lésés par la déviation du tracé initial du canal du Rhone au Rhin au profit de la Citadelle de Neuf-Brisach (Voir ici).

La Citadelle de Neuf-Brisach construite par Vauban
sur ordre de Louis XIV en 1699
inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco


Alors que les travaux de ce canal sont déjà engagés, le Conseil Municipal de Colmar décide en 1841 de créer un embranchement de Colmar à Neuf-Brisach.

L'enjeu est économique : les usines de Colmar, de la Vallée de Munster, de Guebwiller, Kaysersberg, Ribeauvillé et Sainte-Marie-aux-Mines ont besoin du charbon extrait à Sarrebruck, et qui transite par le canal du Rhone au Rhin.

Ce nouveau canal devait permettre, en outre, d'irriguer 1000 ha de terres agricoles.

Ce canal fut inauguré le 13 octobre 1864.

Durant le rude hiver 1955 il gèle pendant un mois, la couche de glace sur le canal atteint 80 cm...et bloque de ce fait le trafic des péniches : c'est le début du déclin...

La mise en service du canal d'Alsace donne le coup de grâce à la navigation marchande sur le vieux canal, qui est déclassé en 1966: les plaisanciers ont remplacé la houille!

Plaisanciers sur le canal de Colmar
En tout cas, la promenade, à pied ou en vélo, le long de ce canal est des plus bucoliques ; on y rencontre cygnes, canards,  et foulques ainsi que de nombreux pêcheurs qui taquinent le goujon.

Cygnes à Kunheim

On peut également suivre le Sentier de la Foulque à Bischwihr, qui présente les caractéristiques de la rivière phréatique Blind et des paysages du Ried.

Foulque
Si vos jambes vous le permettent, vous pouvez emprunter à partir d'Artzenheim le Véloroute Rhin (EuroVélo 15) jusqu'à Andermatt, en Suisse, ou Rotterdam, aux Pays-Bas!


Itinéraire de l'Eurovélo 15
d'Andermatt à Rotterdam
en passant par Colmar

vendredi 9 février 2018

Jazz : Dave Douglas Quintet à La Filature, à Mulhouse



C'était il y a deux jours, Mercredi 7 février à La Filature, à Mulhouse, une belle soirée jazz avec Dave Douglas (ici) et son Quintet!

Le trompettiste américain de renommée mondiale Dave Douglas est l'un des artistes de jazz les plus prolifiques et les plus influents. Voir ici.

Il puise son inspiration dans la littérature, la politique, la musique, le cinéma et les nouvelles traditions musicales.

Il mélange savamment les genres, en puisant dans le klezmer, la musique classique, électronique ou encore dans l'esprit des big bands: son jazz est riche et intense.

Dave Douglas
Dave Douglas Quintet

Les doigts ailés de Dave Douglas courent sur son instrument à la recherche du son parfait.
Il garde les yeux fermés : sa concentration est totale.

C'est lui qui donne le tempo d'un concert où sont réunis des musiciens d'exception: Jon Irabagon au saxophone ténor, Matt Mitchell au piano, Linda Oh à la contrebasse, et Rudy Royston à la batterie.

Ensemble ils proposent une musique feutrée, sophistiquée et bouillonnante de créativité.

Il entraine ses camarades sur la route d'improvisations dont il a le secret.
Il indique le cap d'un récital chaleureux qui puise sa force et son ampleur à même les épreuves de la vie.


En effet, après avoir perdu sa mère, Dave Douglas a été confronté à la mort de son frère ainé: ces disparitions douloureuses, il les a sublimées dans son art.

Ses interprétations sont frémissantes, entre mélancolie et méditation et partent à la recherche du bonheur dans l'allégresse des notes, face aux épreuves de la vie qu'elles soient personnelles ou communes à notre humanité.

Ecouter ici et .



vendredi 2 février 2018

Dans le Liliental, en Forêt Noire : un arboretum et des sequoias : un havre de paix


Le Liliental (Vallée des lys) est situé au sud du magnifique Massif du Kaiserstuhl, en Forêt Noire (Bade-Wurtemberg), peu après le bourg d'Ihringen, soit à une trentaine de km à l'est de Colmar, en Alsace.
La route d'accès au Liliental, après avoir franchi le Rhin et traversé Breisach im Breisgau, se trouve entre Ihringen et Wasenweiler : l'embranchement est clairement balisé, près de la Chapelle St Guy de Wasenweiler.
A partir de cet embranchement, 3 km de route nous mènent au parking et à l'auberge Lilienhof.

Ce site idyllique est ouvert toute l'année, en accès libre.

Il est possible de faire le tour du Kaiserstuhl à vélo, et au passage, de faire une halte au Liliental : voir ici ma note à ce sujet.

Massif du Kaiserstuhl, à l'est du Rhin (en bleu)
A la fin du XIX° siècle, la zone du Liliental était une vaste propriété achetée en 1870 par le Comte August von Bismarck, neveu du Chancelier.

En 1897 un château y fut construit, le Lilienhof, malheureusement détruit depuis.

Le Land du Bade-Wurtemberg a ensuite acheté ce domaine agricole par morceaux entre 1957 et 1962 afin de le transformer en un site expérimental forestier et un site de cultures végétales de 255 ha.

Le Kaiserstuhl est la région la plus chaude d'Allemagne, ce qui explique la présence de nombreuses espèces végétales et animales aimant la chaleur. 

Ce massif est couvert de vignes produisant en particulier le fameux Spätburgunder si caractéristique.


Le Liliental abrite un arboretum, collection impressionnante d'arbres rares provenant du monde entier, et tout spécialement d'Asie et d'Amérique.
Des essences endémiques en voie de disparition y ont été introduites par les forestiers, en particulier des alisiers.


Ce qui est absolument remarquable c'est la plantation de séquoias (Sequoiadendron giganteum ou Mammutbaum en allemand) originaires de Californie, où ils poussent sur les pentes de la Sierra Nevada, vivent jusqu'à 4000 ans et peuvent atteindre 80 à 100m.


J'ai d'ailleurs eu l'occasion d'aller plusieurs fois les admirer dans le Sequoia National Park (ici), où nous retournerons en mai 2018.

Ces séquoias du Liliental ont étés semés en 1956 au Stuttgart Fasanengarten (jardin des faisans), les graines provenant directement de Californie.


Séquoia

Quatre ans plus tard ils ont étés plantés au Liliental sur une superficie de 1,2 ha où ils se sont magnifiquement adaptés et développés : déjà en 1992 ils mesuraient en moyenne 22 m de haut.

Par ailleurs, le Kaiserstuhl est l'un des lieux qui abrite, de par son climat, la plus grande diversité d'orchidées en Europe : pas moins de 30 espèces recensées.

Orchidées du Liliental

Dès  l'arrivée dans le Liliental, le visiteur peut s'attarder à la Gasthaus Lilienhof "Zur Lilie", au coeur de l'ancien domaine agricole : ici.

La Gasthaus Lilienhof

Le bâtiment abrite au rez-de-chaussée un restaurant fort agréable et à l'étage, les salles de l'administration forestière.

Dans cette magnifique zone de loisirs, les familles peuvent profiter d'une belle aire de jeux, et les promeneurs apprécient les petits étangs ainsi que de nombreux et fort beaux sentiers de difficultés variées dont un menant au Totenkopf, le sommet du Kaiserstuhl : voir ma note ici.





Certains sentiers nous permettent d'apercevoir les couches de loess si caractéristiques du Kaiserstuhl voir ici.

Couches de Loess
Les amateurs de marche nordique y trouvent des sentiers balisés.

Le Liliental est un lieu superbe de promenades par tous les temps, un havre de paix, de sérénité et de contemplation d'une nature à la fois entretenue et sauvage, comme savent si bien le faire nos amis allemands.