jeudi 31 août 2017

Randonnée en Forêt Noire autour du Nonnenmattweiher


Le petit lac, ou étang, du Nonnenmattweiher est situé dans un cirque glaciaire dans le sud de la Forêt Noire, en Allemagne, dans la Kleines Wiesental, entre Müllheim et Schönau.

Le Nonnenmattweiher vu depuis le
belvédère du Weiherfelsen

La légende raconte qu'un couvent de nonnes (Nonnenkloster)  aurait sombré dans le lac, suite à une décision divine ...


Ce lac (325m de long, 200m de large et 7 m de profondeur) est  situé près du petit hameau de Mittelheubronn, qui dépend de Neuenweg, lui même intégré dans le regroupement de communes appelé Kleines Wiesental.

Kleines Wiesental
dans le sud de la Forêt Noire
avec l'Alsace à l'Ouest et la Suisse au Sud

On y a élevé truites et carpes, jusqu'à la mise en place d'un barrage qui a entrainé le développement de tourbières flottantes et des phénomènes de fermentation qui ont empêché la pisciculture.

Le barrage a cédé en 1922, entrainant une inondation dans la vallée de la Kleine Wiese ; il a été reconstruit en 1934, et la tourbière flottante est devenue encore plus importante.

La tourbière flottante
L'autre partie du lac
où les baigneurs sont nombreux
en été
Cette zone est une réserve naturelle fort appréciée des randonneurs et des baigneurs.

Cette belle randonnée, sportive mais sans excès, que nous avons fort appréciée samedi dernier, par beau temps (chaud), est équilibrée aussi bien dans la difficulté (12,5 km et 380 m de dénivelé) que dans la durée (4h30), que dans la diversité des paysages qu'elle nous permet de contempler.

Nous partons du col de Kreuzweg et ses doux pâturages  pour gravir, à mi-parcours, par un sentier escarpé à flanc de montagne, le belvédère de Weiherfelsen qui domine les eaux noires du Nonnenmattweiher.

Départ au col de Kreuzweg
Par de beaux sentiers de montagne, nous arrivons, pour une pause fort sympathique,  sur une terrasse ombragée, à la Gasthaus Haldenhof, très agréable, avec un rapport qualité/prix correct : ici.

Les sentiers par ici sont fort agréables

La Gasthaus Haldenhof

Il est possible également de se restaurer plus loin, sur le chemin du retour, à la Gasthaus Kälbelescheuer (L'étable des petits veaux), plus connue, et qui a fière allure sur sa croupe herbeuse, mais qui est beaucoup plus fréquentée le week-end.

La Gasthaus Kälbelescheuer

Le retour s'effectue en gravissant les pentes nord du Weiherkopf par un parcours ombragé et plaisant avec relativement peu d'efforts.

De là, la vue est splendide sur le Belchen  (1414m, voir ici notre randonnée au Belchen en mai dernier).
Vue sur le Belchen

On rejoint ensuite facilement, par les pâturages du versant sud, notre point de départ, le Kreuzweg.

Nous ne nous lassons pas de découvrir les coins et recoins enchanteurs de la Forêt Noire...


vendredi 25 août 2017

Retour au Paradis des Cinque Terre, en Ligurie


Les Cinque Terre sont un Paradis très fréquenté entre Pâques et novembre, mais où il est encore possible de trouver des coins isolés, sympathiques et calmes, où profiter des points de vue exceptionnels et du rythme lent propre aux villages méditerranéens.



Nous y étions pour une semaine en juillet, certes pas la meilleure période, car la chaleur était au rendez vous (entre 30 et 35° à l'ombre), mais nous avons apprécié pleinement notre séjour.

Vernazza
Vue sur Monterosso al Mare au loin

Tout d'abord, nous sommes venus en train, car il est totalement exclu de s'y rendre en voiture.
Ensuite, nous avons loué - près de 6 mois à l'avance - un appartement à Corniglia, notre village préféré, le seul des cinq villages qui n'ait pas d'accès direct à la mer et pas de plage : il faut en effet gravir de l'ordre de 400 marches depuis la gare.
Le village est de ce fait beaucoup plus calme que les autres.

Corniglia
Le vieux village de Corniglia
Le domaine des Cinque Terre est aujourd'hui reconnu pour son caractère extraordinaire et classé au Patrimoine Mondial de l'UNESCO.

Nichés entre Levanto et La Spezia ces cinq petits villages médiévaux dégringolent vers la mer et forment un paysage unique au monde.

Corniglia




Voir ici la description de chacun des cinq villages.
Voir sur ce blog d'autres informations et de belles photographies.

Le paysage est typiquement méditerranéen : les pins sculptés par le vent s'étirent sur les collines qui tombent à pic dans la mer. 
Le bruissement des cigales nous accompagne partout lors des randonnées.

La vue y est exceptionnelle.



Longtemps coupés du monde - ces villages n'étaient accessibles à pied que par des sentiers muletiers et très difficilement par la mer - les Cinque Terre ne sont sortis de leur isolement qu'au début du XX° siècle par la construction du chemin de fer.

Le chemin de fer qui relie les villages
Chaque m2 de terre cultivable est arraché à la montagne au prix d'un effort surhumain.
La vigne y est cultivée sur des pentes abruptes qui nécessitent l'usage d'un monorail, le trenino :

le trenino des Cinque Terre
Le vin produit ici, le Sciacchetrà est un blanc liquoreux exquis et réputé, mais à boire en petites quantités car il est extrêmement cher : 75€ la bouteille de 37,5 cl.



Ce paysage taillé par la mer offre de très nombreuses petites criques que l'on peut apercevoir lorsqu'on circule en bateau, comme nous l'avons fait de Porto Venere, à l'est des Cinque Terre à Monterosso al Mare, le premier des cinq villages, à l'ouest.


Manarola


Monterosso, Vernazza, Corniglia, Manarola et Riomaggiore sont ces cinq villages.

On peut circuler sans problème en train d'un village à l'autre, mais l'intérêt est de pouvoir randonner sur les nombreux sentiers, qui sont tous spectaculaires, même si certains sont actuellement fermés pour cause d'éboulements.


Un beau circuit relativement escarpé nous emmène de Corniglia à Vernazza, puis à Monterosso.

Un autre splendide sentier de randonnée sportive en hauteur nous amène, à partir de Riomaggiore, au sanctuaire perché de la Madonna di Montenero.

La Madonna di Montenero et la lune ...
Ce sentier magnifique se prolonge en direction du col du Telegrafo, puis descend vers Porto Venere (avec vue sur La Spezia).
Cette portion de sentier est assez exposée et vertigineuse : et il faut par moments y mettre les mains.
Il nous offre en récompense des points de vue à couper le souffle...
... et de plus, la chaleur était au rendez vous!

Descente vers Porto Venere
Que les soirées sont douces et belles aux Cinque Terre, au moment de l'aperitivo!



vendredi 18 août 2017

Flânerie dans Gênes, en Ligurie



 En juillet, nous nous sommes rendus en train aux Cinque Terre, en Ligurie, pour un séjour d'une petite semaine.


Nous ne pouvions pas ne pas faire une halte à Gênes, ville magnifique, chargée d'histoire et pleine de contrastes.

Voir ici l'histoire de la splendeur et de la gloire de "Genova la Superba" (La fière), souvent affrontée à la "Sérénissime République de Venise" pour la domination de la Méditerranée.


Il est vrai que l'arrivée à Gênes déconcerte, qu'on y arrive en voiture ou en train : on se trouve face à une très grande ville industrielle avec usines, entrepôts et docks mélangés aux barres d'immeubles des années 50.
L'agglomération de Gênes compte en effet 1 500 000 habitants.

Gênes est aussi une ville universitaire importante (La 4° d'Italie).

Construite en amphithéâtre, Gênes s'enroule autour de son port.
En effet, si Gênes a connu un aussi glorieux passé, c'est grâce au commerce maritime.


Son port, c'est son coeur, son poumon et son âme : il a fait la richesse et la gloire de la ville.


On y découvre, lorsqu'on s'y aventure, de magnifiques palais, témoins d'un passé exceptionnel et une vieille ville aux ruelles tortueuses et parfois sordides menant au port malheureusement défiguré par l'affreuse voie rapide surélevée - la Sopraelevata -  construite sur les quais et qui surplombe le port de part en part, et le coupe de la vieille ville.

L'affreuse Sopraelevata
Cette monstruosité urbanistique date des années 60...

Premier port d'Italie, Gênes est l'une des villes les plus étendues d'Europe ; l'autoroute la parcourt en effet sur 30 km.

Comme d'autres grandes villes portuaires européennes, Gênes s'efforce de reconquérir les anciens espaces maritimes du vieux port tout en développant les nouvelles activités liées au trafic de conteneurs.

En 1992, lors du 500° anniversaire de la découverte de l'Amérique par l'enfant du pays, Christophe Colomb, un plan directeur dessiné par l'architecte génois Renzo Piano a permis de réaménager le front de mer, avec salles de conférences, aquarium (exceptionnel!) - pour autant que la Sopraelevata le permette.


Christophe Colomb vers 1520
Un autre enfant du pays, Renzo Piano

L'Aquarium de Gênes, exceptionnel!

En 2004, Gênes était capitale européenne de la culture, ce qui a été l'occasion d'un toilettage important et nécessaire de la ville historique.

Enfin, en 2006, la Strada Nuova et les Palais Rolli, comprenant deux axes résidentiels  des XVI° et XVII° siècles étaient inscrits sur la liste des sites protégés par l'Unesco.

Sur la Strada Nuova

Le Palazzo Rosso

Les palais...


... y voisinent avec des ruelles glauques...


Aujourd'hui, Gênes fait preuve d'un véritable dynamisme.
Beaucoup a été fait, mais beaucoup reste encore à faire!

Gênes est  une ville secrète, et réservée, à l'image de ses habitants, ville qu'il faut prendre le temps de découvrir.

Il faut y flâner le nez en l'air et y découvrir - entre autres - les innombrables petits oratoires tous plus magnifiques les uns que les autres ...




... et savoir aussi faire une pause pour y déguster la focaccia ligure...


... accompagnée d'un expresso serré...

... un vero caffè italiano...
N'hésitez pas à vous arrêter à Gênes!



vendredi 11 août 2017

Retour chez les Walser, au pied du Mont Rose


Cet été, nous voulions profiter d'un passage dans le Piémont italien pour faire un bref séjour dans un village Walser situé au pied du Mont Rose (4634m) : le village d'Alagna Valsesia (1205m).

Alagna Valsesia
au nord du Piémont
La rue principale d'Alagna,
Walser Stross

Entrevue du Mont Rose enneigé (4634m)
depuis le hameau de Pedemonte (Commune d'Alagna)

Les Walser étaient un peuple paysan germanophone qui, au Moyen Âge, a colonisé de hautes vallées alpines, qui appartiendront plus tard à la Suisse, à l'Italie, au Liechtenstein, à l'Autriche et à la France.

Habitat Walser

Ces peuples avaient fait irruption dans le Haut Valais, d'où l'origine du nom (Walliser), en provenance vers le IX° siècle de terres souabes et bavaroises surpeuplées.

Les premiers déplacements des Walser au delà des frontières du Valais remontent au début du XIII° siècle.
Lorsque furent fondées les communautés dans le Val d'Aoste et dans la Valsesia et la région d'Alagna, les implantations se firent petit à petit, de façon presque inaperçue, car les nouveaux venus n'établirent pas tout de suite des liens avec la population locale : au début, ils se fournissaient toujours dans le Valais, et étaient ainsi autonomes, puis ils finirent par s'approvisionner au marché local.

On voit la région d'Alagna, au sud et le Haut Valais au nord
séparés par la frontière suisse

Il s'agissait alors de familles relativement favorisées par le sort, et solvables, qui se sont investies dans l'agriculture d'altitude et l'élevage.

Hameau de Pedemonte
(Commune d'Alagna Valsesia)

En quelques générations, les Walser ont essaimé, fondé de nombreuses petites colonies dans des contrées dépeuplées ; ces familles ont défriché les hautes vallées alpines, imposé leurs langues (des dialectes alémaniques : le walserdeutsch, le walsertitsch, le töitschu,...Voir ici), leurs techniques d'habitat, d'aménagement des sols, leurs techniques hydrauliques, leur artisanat du bois, du textile, ainsi que leurs moeurs religieuses de cultivateurs et d'éleveurs.

Leur devise : "L'air des Walser est un air de liberté!"


Depuis le XI° siècle, ce petit peuple valaisan allemand a fait preuve d'une force de travail et d'une expansion exceptionnelle aux quatre points cardinaux, toujours dans le cadre d'une agriculture de haute montagne, entre 1200 et 2000m d'altitude.

Ces migrations et leur installation en altitude a été favorisée par les seigneurs féodaux locaux qui souhaitaient peupler les hautes vallées inhabitées et ainsi contrôler les cols alpins.


Zone de peuplement des Walser



En contrepartie, les Walser ont obtenu des droits et des libertés importants.

Les Walser ont en particulier essaimé dans les hautes vallées des Grisons, en Suisse.

Il y a 6 ans, j'étais allé avec des amis randonneurs m'aventurer sur leurs traces en suivant une partie du magnifique sentier d'altitude du Walserweg dans les Grisons : voir ici.


Mon intérêt pour le peuple Walser n'a pas faibli au cours de ces années et l'occasion nous était donnée de visiter une de leurs implantations en Italie, à Alagna Valsesia, au nord du Piémont, au pied du Mont Rose, situé sur la frontière avec la Suisse.

Alagna Valsesia est un remarquable témoignage de la vie et de l'architecture traditionnelle des Walser, avec leurs maisons aux larges balcons fleuris au printemps et en été et au soubassement de pierre.


Les barres transversales des parois sont en mélèze.
Le toit à deux pentes est couvert de lourdes lauzes en pierres du pays.
Les gouttières sont creusées dans des demi troncs en mélèze.


Sur tout le pourtour de la maison, les galeries couvertes sont bordées de barres transversales caractéristiques servant au séchage du foin, du seigle et du chanvre. 

En outre c'est un lieu de vie sympathique pour les familles qui y vivent toujours, à l'abri des intempéries.


Ces galeries sont reliées par des escaliers extérieurs. 
Le tout donne l'impression de maisons fort agréables à vivre, tant aux beaux jours qu'en hiver.



Et, pour finir, un exemple du patois Walser "töitschu"  :
«Méin oalten atte ischt gsinh van in z'Überlann, un d'oaltun mamma ischt van Éischeme, ischt gsing héi van im Proa. Stévenin ischt gsinh dar pappa, la nonna ischt gsinh des Chamonal. [...] D'alpu ischt gsinh aschua van méin oalten pappa. Ich wiss nöit ol z'is heji... Ischt gsinh aschuan d'oaltu, un d'ketschu, gmachut a schian ketschu in z'Überlann. Méin pappa ischt gsinh la déscendance, dschéin pappa, aschuan méin oalten atte, ischt gsinh aschuan doa .. »
Traduit en français :
« Mon grand-père venait de Gaby, ma grand-mère d'Issime, du hameau Praz. Stévenin était le père, mémé provenait de la famille de Chémonal. [...] L'alpage [au vallon de Bourines] appartenait sans doute à mon grand-père. Je ne sais pas si c'était du côté de mon père. Elle appartenait aux vieux, ils avaient une très belle maison à Gaby. Victor, mon père, était de la descendance, son père, mon grand-père, venait de là-haut... »