lundi 31 octobre 2016

Photographie à Santa Fe : Anne Noggle pilote de chasse et photographe



Lors de notre visite au New Mexico Museum of Art, à Santa Fe, cet été, nous avons découvert une série de photographies surprenantes d'Anne Noggle.

Anne Noggle chez elle
à Albuquerque NM, en 2002

La photographe américaine Anne Noggle (1922-2005) a tout d'abord servi  en tant que pilote durant la seconde guerre mondiale (1943-1944), suivant les traces d'Amelia Earhardt; elle était alors stationnée à Paris, et c'est lors d'une visite  au Louvre qu'elle a ressenti un appel artistique.

Elle a servi ensuite en tant que capitaine dans l'US Air Force au cours de la guerre de Corée (1953-1959) avant de se lancer dans l'étude de l'art et de l'histoire de l'art à l'Université du Nouveau Mexique à Albuquerque où elle a enseigné de nombreuses années.

Elle a été conservatrice de la section photographique au New Mexico Museum of Art à Santa Fe, de 1970 à 1976.

Elle a démarré sa propre carrière artistique à l'âge de 43 ans, parallèlement à la poursuite d'une carrière de pilote plus alimentaire,  pour des missions d'épandages agricoles et de démonstrations lors de meetings aériens.

Anne Noggle a pu satisfaire son besoin d'indépendance et de solitude à la fois en volant et en pratiquant la photographie.

Anne Noggle pilote

Son travail photographique original et surprenant a été reconnu et récompensé à de multiples occasions.

Elle reconnait avoir été influencée par Margaret Cameron la célèbre photographe anglaise du XIX° siècle, et par  Diane Arbus (Voir ici ma note de 2011)

Portrait d'Agnes, sa mère
Agnès
Portrait de Yolanda

Yolanda
Portrait d'Edith
Portrait de Joanna
Portrait de Shelley et Mim

Pratiquant souvent l'autoportrait, Anne Noggle a réalisé un travail photographique percutant, interrogeant l'identité de la femme, et son corps vieillissant.

Autoportrait
Autoportrait

Autoportrait

Elle a décrit sa série d'autoportraits comme "la saga d'une chair déchue", traitant du processus de vieillissement observé sur son propre corps sans aucune concession, mais cependant avec humour, honnêteté et respect.

Autoportrait

Autoportrait
Autoportrait après une intervention chirurgicale
à 53 ans
Autoportrait

Elle a publié plusieurs livres de photographies.

Son dernier, publié en 1994, "A Dance with Death : Soviet Airwomen during World War II" fut publié après une demi douzaine de voyages effectués en Union Soviétique pour photographier et recueillir les histoires de 69 femmes pilotes dans l'armée de l'air soviétique.

Elle a ainsi développé des liens étroits avec ces femmes, les premières à piloter des avions de chasse lors de combats aériens.


Nadia Popova, Hero of the Soviet Union
1990
La bravoure de ces femmes avait été pratiquement oubliée dans leur propre pays, et c'est ainsi qu'Anne Nobble a pu réunir des fonds provenant de la vente de ses photographies afin de financer leurs traitements médicaux.

Pourquoi cet intérêt pour les portraits de femmes âgées?

Elle a voulu mettre en évidence le fait que, malgré les effets marqués de l'âge, ces femmes n'étaient ni ternes, ni ennuyeuses, mais bien plutôt extraordinaires.

Elle a voulu chercher dans ces visages les traces d'une jeunesse trahie par l'âge, les traces d'un esprit fort devenu plus fragile avec les ans.

"J'aime les visages des personnes âgées, non pas pour observer le processus de vieillissement en soi, mais pour observer la vie qui s'y révèle, et le conflit manifesté entre ce qui fut et ce qui est."

"Je trouve que les jeunes visages sont des tabula rasa, où rien n'est encore écrit. Ils sont vides, jusqu'à l'approche de la quarantaine. Alors seulement, on peut commencer à les photographier."

"Regarder droit en face un visage, et y trouver ce qui constitue, au fond, un être humain, voila ce qui me motive."

Le résultat de son travail photographique, que je trouve magnifique, ne peut laisser indifférent!



dimanche 30 octobre 2016

Promenade dans le "Jardin des Dieux" (Garden of the Gods), à Colorado Springs


En passant par le Colorado, il ne faut rater sous aucun prétexte une promenade dans le "Jardin des Dieux" (Garden of the Gods).


Il s'agit d'un Parc public de petite taille (à l'échelle américaine, s'entend) tout à fait étonnant situé aux abords immédiats de la ville de Colorado Springs, au sud de Denver. Voir ici .

C'est un parc gratuit que l'on peut parcourir à pied ou en voiture grâce à un réseau de routes et de sentiers spectaculaires.

Les étonnantes formations rocheuses rouge feu qui s'y trouvent donnent un avant goût des magnifiques parcs de l'Ouest américain au voyageur qui démarre un circuit à partir de Denver, et cela au centre d'une jolie petite ville : c'est de loin la plus belle attraction de Colorado Springs.




Les sentiers y sont agréables et le temps s'arrête : on se prend à méditer, saisi par la beauté des lieux.

Mieux vaut d'ailleurs y arriver tôt afin de trouver une place de parking, de profiter de la fraîcheur et surtout de pouvoir admirer les couleurs changeantes des rochers.

Y aller également au coucher du soleil : c'est absolument féérique.




Cet endroit s'appelait initialement Red Rock Corral.
En 1859, un topographe découvrant ces lieux s'écria : "Cet endroit est vraiment magique, créé pour que les Dieux s'y assemblent. Nous l'appellerons le Jardin des Dieux".



De nombreuses tribus amérindiennes ont eu par le passé une relation privilégiée avec cet endroit si particulier : les Apaches, Cheyennes, Commanches, Kiowa, Lakota, Pawnee, Shoshone, et Ute.

Les traditions orales du peuple Ute font remonter leur origine au "Garden of the Gods".
On y a d'ailleurs trouvé des pétroglyphes caractéristiques des peuples Ute primitifs.

Pétroglype Ute

Les sentiers parcourus par les Ute traversaient ce lieu et passaient par Ute Pass.

En 1879, Charles Elliott Perkins a acheté les terrains de ce qui allait devenir ce Parc, et à sa mort, sa famille en a fait don à la ville de Colorado Springs, à la condition expresse que l'accès en soit maintenu gratuit et ouvert à tous.


Les ressources écologiques du Parc sont remarquables.

On y trouve des Mule-deer (Cerf mulet, ou cerf hémione, espèce de cervidé fréquent dans l'Ouest américain, dont les oreilles ressemblent à celles des mules), des Brown Bats (petites et grandes chauves souris), des Bighorn Sheep (mouflons), 130 espèces d'oiseaux... et les incontournables Rattle Snakes (serpents à sonnettes) de l'Ouest américain, dont la fréquentation est à éviter!

Mule-deer male
Small brown bat
Big Horn sheep


Rattle snake
De nombreuses formations rocheuses sont propices à l'escalade.


Un Parc étonnant, aux abords immédiats de Colorado Springs, qui est à lui seul un résumé de la magnificence du Grand Ouest américain!

vendredi 28 octobre 2016

Randonnées dans le Rocky Mountain National Park, au Colorado


Fin Août dernier, lors de notre séjour aux USA, nous avons passé une petite semaine à randonner dans le Rocky Mountain National Park.

Le Parc National des Montagnes Rocheuses, créé en 1915, est situé au NO de la belle ville de Denver, la capitale du Colorado, à a peu près 2h de route. 

Denver, altitude 1600 m
(The Mile-High City)

C'est l'un des fleurons de la grande chaîne montagneuse des Rocheuses, avec 72 sommets de plus de 3500 m.
Le plus haut sommet, Longs Peak, culmine à 4346 m.
Une grande partie du Parc est en altitude.
C'est un paradis pour randonneurs.





A noter que de nombreuses femmes, aventurières, écrivains, ont joué un rôle remarquable dans l'exploration et la mise en place de ce Parc.

Par la suite, dans les années 1917-1930, de nombreuses femmes (telles Elisabeth Burnell, Margaret Fuller-Boos, Imogene Green-McPherson, Isabella Bird) se sont engagées avec enthousiasme en tant que personnels et guides de ce Parc National, afin d'en faire découvrir les beautés à leurs concitoyens, adultes et enfants.

Elisabeth Burnell, menant un groupe
de randonneurs en 1917

Les explorateurs ont longtemps considéré que le Parc National des Montagnes Rocheuses était impénétrable, alors que les amérindiens des tribus Ute et Arapahoe s'y étaient aventurés et l'avaient traversé depuis bien longtemps...

Le Chef des indiens Ute du Colorado, Ouray
à la fin du XIX° siècle

Il y a maintenant deux routes qui traversent ce Parc.

La plus connue et la plus fréquentée est la Trail Ridge Road, construite entre 1926 et 1932 (les ouvriers ne pouvaient y travailler que de mi-juin à mi-octobre de par les conditions climatiques extrêmes).
Une attention particulière, lors de la construction de cette route, a été portée à la préservation de la toundra glacière.

C'est la plus haute route d'Amérique du Nord : 13 km se situent au dessus de 3400 m, et son point le plus élevé culmine à 3700 m. 
Elle s'étire sur 80 km.

Trail Ridge Road

A 3650 m, nous nous sommes lancés à l'assaut d'un sentier qui grimpait encore un peu jusqu'à un point de vue magnifique, mais la difficulté respiratoire et un soudain orage de grêle nous ont vite fait rebrousser chemin...Nous n'avions que quelques degrés au dessus de zéro.

Non loin du point culminant Trail Ridge, à 3650 m
Cette route qui traverse le Parc nous donne accès à des paysages grandioses, certes, mais qui n'ont cependant pas le caractère alpin spectaculaire qui nous avait enthousiasmé en Juillet 2015 lors de notre semaine de randonnée dans le Glacier National Parc, au Montana : voir ici.

Nous avons randonné en partant essentiellement de la région de Bear Lake, située déjà à 2887 m et en grimpant vers différents lacs, tous plus beaux les uns que les autres.
Il s'agit de grimper lentement car la respiration devient vite difficile!





Nous sommes allées voir ces lacs...
plus quelques autres.
De nombreuses espèces animales peuplent le Parc : ours, coyotes, pumas, castors, wapitis, mouflons, orignals,...

Quelques photos :


Wapitis







Coyote





Une aventure passionnante et des souvenirs magiques!