vendredi 27 mai 2016

Photographie : Christine Spengler, l'Opéra du Monde


La Maison Européenne de la Photographie, à Paris, présente une rétrospective inédite (jusqu'au 5 juin 2016) réunissant les deux facettes apparemment contradictoires de l'oeuvre de Christine Spengler, correspondante de guerre et artiste.

Christine Spengler en Iran, 1979

Autodidacte, Christine Spengler (née en 1945) compose son oeuvre depuis plus de 40 ans avec courage et passion.

La Maison Européenne de la Photographie nous montre, à travers une soixantaine de clichés argentiques, des années 1970 à nos jours une oeuvre où le sublime l'emporte toujours sur l'horreur, la vie sur la mort.

J'ai retenu surtout ses photographies en noir et blanc emblématiques, alors que Christine Spengler était correspondante de guerre, jusqu'en 2005, un métier où les femmes ne sont pas nombreuses.

Le travail de Christine Spengler peut se lire comme une succession d'actes et de scènes où l'histoire intime, familiale rejoint la grande Histoire, celle des peuples et des nations en guerre, l'"Opéra du Monde", au Cambodge, en Iran, en Afghanistan, au Liban, en Irlande,...

L'"Opéra du Monde" d'après le Bombardement
de Phnom-Penh, avril 1975
Le rouge n'y est autre que le sang des guerres
Elle a vécu la dévastation, les massacres au Proche-Orient, au Salvador, au Rwanda, au Vietnam,...

Le départ des américains, Vietnam, 1973


Elle a rendu compte de scènes terribles dans les pages de Paris Match, et du New York Times, comme cette gamine agenouillée auprès du cadavre de sa mère sur le carrelage nu de l'hôpital de Phnom-Penh en 1976.

Phnom-Penh, 1976
Ou ces photos d'enfants en plein conflit d'Irlande du Nord, où la joie arrive à percer, par moments :

Irlande 1970

Irlande 1972

Irlande 1970


Ou, plus récemment encore, dans la "jungle de Calais":

Dans la "jungle de Calais"

Pour elle, la vie prend toujours le pas sur les terreurs de la guerre :

Mariage à Beyrouth


Un livre a été publié en 2006 (Editions des Femmes) : Une femme dans la guerre.

En affrontant la mort, Christine Spengler nous a rapporté des "photos-symboles", des témoignages incroyables, et en fin de compte, des appels à la vie.


vendredi 20 mai 2016

Le Wanderer Septet sur les traces de Franz Schubert


Le 18 mai, à la Comédie de l'Est (dans les locaux du Théâtre Municipal de Colmar) ce fut un grand moment de Jazz, enthousiaste et émouvant avec le Wanderer Septet.

Le Wanderer Septet

Yves Rousseau (Voir ici),  à la contrebasse,  mène ce groupe d'artistes passionnés avec enthousiasme et vénération...

...vénération pour Franz Schubert.

En effet Yves Rousseau aime Schubert passionnément : il a eu le désir d'écrire une musique qui se nourrirait de l'oeuvre de ce génie - par ailleurs l'un de mes compositeurs préférés! 

Pari risqué, que cette aventure : le Wanderer Septet tire vers le jazz certains fragments, en conserve d'autres dans leur forme originale, et réussit, avec audace et passion, à méler le tout dans un tissage éclatant et vibrant.

Le Wanderer Septet s'envole, et nous emporte avec lui, à partir de bribes de quatuors ou de sonates,  dans un festival d'improvisations d'une musicalité rare.

Quelques textes émaillent ce festival et y ajoutent une note mélancolique : inventaire d'après décès du compositeur, textes écrits par des amis,...

Ce pari audacieux m'a touché, et le résultat est exaltant et beau, beau comme du Schubert!

"J'ai grandi dans l'écoute de la musique, des musiques...Quelques oeuvres de Franz Schubert ont tenu une place centrale dans cette "éducation" de l'oreille et de l'âme.
Impromptus, moments musicaux et sonates pour piano, quatuors et trios jusqu'à l'incontournable Symphonie inachevée bien sûr.

Dans le temps de l'adolescence et dans cette solitude si indispensable à la construction de l'être, j'ai ressenti une intense proximité avec cet artiste habité par une flamme qui me semble encore aujourd'hui unique, comme une sorte de fascination pour cette beauté qui me toucha jusqu'au plus intime..." Yves Rousseau

Ecoutez ici et   !

"Voulais-je chanter l'amour, il se muait en douleur; voulais-je ne plus chanter que la douleur, elle se transformait en amour.
Ainsi, la douleur et l'amour se sont partagés mon être..." Franz Schubert (3 Juillet 1822)

Franz Schubert

...et puis, réécoutez ici le bouleversant quatuor en ré mineur D 810 "La jeune fille et la mort", dont s'inspire la 6° pièce de ce magnifique concert : Wanderer 6.