mercredi 31 juillet 2013

Retour à Udine, la frioulane


De retour de Slovénie, nous sommes passés, via Kobarid, faire une pause à Udine (Udin en frioulan, Weiden en allemand, Videm en slovène), capitale de la région historique et géographique du Frioul, en Italie (Région Frioul-Vénétie Julienne) et ville historique de 100 000 hts.


Pour moi, c'était un retour, car mon passage il y a quelques années m'avait laissé un excellent souvenir ; je revenais alors de Trieste.

Udine, située entre mer et montagne,  connut une histoire mouvementée.

Elle fut fondée vers l'an mille et a connu la domination et l'influence de la République vénitienne de 1420 à 1797.
Elle passa à l'Empire austro-hongrois et fut annexée au Royaume d'Italie en 1866.

Pendant la I° Guerre mondiale, et jusqu'à la défaite de Caporetto (voir ma note précédente), siège du Haut Commandement militaire italien, elle fut nommée "capitale de la guerre".

De septembre 1943 à avril 1945, elle fut administrée par le III° Reich.

Udine souffrit du tremblement de terre du Frioul de 1976 qui a occasionné un millier de morts dans la région (voir ici).

A savoir : à Udine, on parlait encore il y a peu un dialecte de type vénitien influencé par la langue frioulane (voir ici), dialecte qui est en voie de disparition.

Le charme intemporel de cette ville agréable tient surtout à ses bâtiments de la Renaissance, à ses rues étroites bordées d'arcades, à ses places retirées.

Entrée de la vieille ville d'Udine

On y admire la Logia di Lionello, la Loggia di San Giovanni, et l'élégante place de la Liberté, de style vénitien.

Loggia di Lionello


Loggia di San Giovanni

Le château, situé sur une colline qui domine la ville vaut le détour et la visite.

Château d'Udine

L'existence d'un bâtiment sur cette colline remonterait à l'an 983.
La construction du château actuel a commencé en 1517 et a duré 50 ans.

Montée au château d'Udine


Le château abrite le Musée d'Art et d'Histoire de la Ville d'Udine, musée fort intéressant sur l'histoire ancienne et récente de l'Italie et de la région du Frioul.
Les salles consacrées au Risorgimento et à Garibaldi sont passionnantes.

On y trouve des fresques de Tiepolo.


A propos : noter que l'on trouve, lorsque nous randonnons en Alsace au Taennchel, un "Rocher à la Paix d'Udine".
Il s'agit d'un rocher sur lequel des révolutionnaires ont gravé le 22 brumaire An VI (12 novembre 1797) une inscription en souvenir du Traité de Campo-Formio signé dans le canton d'Udine entre la France et l'Autriche à la suite des campagnes victorieuses de Napoléon.

Rocher à la Paix d'Udine
au Taennchel, en Alsace


Noter aussi le livre de Carlo Emilio Gadda (1893-1973 voir ici) : "Le Château d'Udine"(Grasset, Cahiers rouges, publié en 1934 et réédité en 1991).

L'auteur y déploie une sorte de passion vigilante pour les évènements et les hommes de son temps. La Grande Guerre déclenche chez lui de superbes fureurs dans une langue raffinée et baroque.

Sur une tonalité plus badine, une ode actuelle à Udine, en frioulan, italien et anglais : ici.

lundi 29 juillet 2013

Randonnée en Slovénie, dans la Vallée de la Soča



Après notre randonnée en Islande, mentionnée dans ma dernière note, nous avons fait un court séjour à nouveau en Istrie (Croatie), dans le beau bourg médiéval de Motovun, où nous étions déjà l'an passé (voir ici), le temps d'y installer une exposition de mes photographies et d'y admirer de beaux couchers de soleil depuis le sommet du village, tout en dégustant un verre de Malvasia (blanc proche du Riesling, en moins fruité).


Coucher de soleil depuis
Motovun

Puis ce fut la Slovénie, partis à la rencontre d'amis randonneurs, via Gorizia/Nova Gorica, Tolmin, Kobarid, Boveč, en remontant la Vallée de la Soča, au NO du pays, dans le Parc National du Triglav (le seul de Slovénie, voir ici).
Nous étions dans les Alpes Juliennes.

Le Parc du Triglav, au NO
de la Slovénie

La Soča (Isonzo en italien) est surtout connue pour sa couleur émeraude, sa pureté cristalline, ses chutes d'eau et cascades impressionnantes, ses gouffres, ses gorges magnifiques.


C'est un enchantement pour les yeux, un plaisir de suivre les sentiers escarpés qui la longent et une source de sports nautiques intensément pratiqués l'été (canyoning, rafting, kayak, baignade et pêche à la truite,...).



Nous y sommes entourés de toute part par des sommets impressionnants, dont le Triglav (2864 m), le Pihavec (2419 m).
Ce Parc, où nous avons randonné, et ces sommets furent chantés et célébrés par Julius Kugy, alpiniste et écrivain de culture slovène : "Le Triglav n'est pas une montagne, c'est un Royaume!" (voir ici).

Le Triglav
Le Parc du Triglav est un écrin pour de beaux lacs d'altitude :

Lac Krnsko

La Soča prend sa source à Trenta, à 900 m d'altitude, dans le Parc National du Triglav, et déroule ses méandres sur 140 km jusqu'à Gorizia et l'Adriatique.

Elle a un cours très irrégulier et peut se transformer en un immense torrent dévastateur qui emporte tout sur son passage et sape dangereusement ses berges, en menaçant les proches habitations.

Cette zone est en outre une zone sismique où les dégâts apportés aux habitations et aux infrastructures sont régulièrement importants.

Cette Vallée est depuis tous temps une importante voie commerciale qui relie le Frioul et la région d'Udine, en Italie, aux vallées alpines (les Alpes Juliennes) et à l'Autriche.

Ce fut également le lieu d'intenses combats durant la I° Guerre, entre l'Italie et l'Autriche-Hongrie : sur le front de la Soča (batailles de l'Isonzo), au cours de 12 batailles sanglantes, 300 000 hommes sont tombés entre 1915 et 1917...(voir ici). 
La 12° bataille, ou bataille de Caporetto (Kobarid) se solde par un échec cuisant des italiens. C'est le sujet du livre de Hemingway, l'Adieu aux armes.

Tranchées Austro-Hongroises
durant les batailles de l'Isonzo

Nous avons pu randonner plusieurs jours, par une température caniculaire, dans ces lieux magnifiques resplendissants de tant de beautés naturelles et chargés de tant de drames dus à la folie des hommes.


samedi 27 juillet 2013

Randonnée en Islande, terre de neige, de glace et de feu



L'Islande (voir ici) est située entre l'Ecosse et le Groenland, au NO des Iles Féroé, au sud du Cercle Polaire Arctique, proche géographiquement du continent américain, mais proche culturellement et économiquement de l'Europe.
L'Islande est habitée depuis le IX° siècle et est indépendante depuis 1944.



L'Islande est une terre de neige, de glace et de feu, secouée par les soubresauts volcaniques, et c'est aussi un pays battu par les pluies, les averses, les crachins, les grains plus ou moins intenses ...


En fait le temps change totalement toutes les cinq minutes : du grand beau à la neige, à la pluie, au soleil à nouveau, sans oublier le vent, omniprésent dans ce pays magnifique, inhabituel pour nous, rude et fascinant, où nous venons de passer une semaine...avec une température comprise entre 5° et 12°.

Inutile de dire qu'un équipement adéquat est indispensable.










"Abri" sous une couche de glace
sur les scories au sommet d'un volcan




 Ce fut donc une semaine sportive tant en nombre d'heures passées à crapahuter (jusqu'à 9h par jour), qu'en kilomètres parcourus sur des terrains inégaux (jusqu'à 25km), qu'en dénivelés (jusqu'à 1000m), en montage et démontage de tentes, mais avec l'effort, est venu le réconfort de paysages multicolores, de lacs, de glaciers, de volcans, de déserts à couper le souffle...et de bains dans les sources chaudes!


Féérique, surprenant, inoubliable!




Un trek magnifique et dense dans le sud de l'île, essentiellement en hors pistes,  qui nous a fait traverser la région volcanique de Fjallabak, les environs du Laugavegur, l'incontournable Landmannalaugar, la caldeira de Hrafntinnusker,  les bords du glacier Myrdalsjökull , et un détour exceptionnel pour admirer les nouveaux cratères et coulées de lave nés des soubresauts du volcan Eyjafjallajökull ( E15, pour les intimes) de mars 2010.

Nous avons pu ainsi découvrir toute la palette des paysages exceptionnels du rift volcanique.

Tout dans ce trek fut exceptionnel...et intense, sans oublier la traversée de nombreux torrents glacés à gué, provenant du réchauffement des glaciers par l'activité volcanique sous-jacente.



A propos de glaciers, il faut noter que le plus grand glacier d'Islande, le Vatnajökull, s'étend sur 8300km2, soit la superficie de la Corse. 
C'est aussi la plus grande calotte glaciaire d'Europe, sous laquelle couvent des volcans, tels que le Grimsvötn, responsables d'inondations brutales dues à la fonte de la glace.



A noter également que la durée de clarté du jour y est très courte en hiver et que les nuits y sont plus que courtes en été : de fait il faisait jour continuellement lors de notre randonnée, et grand soleil à 3h du matin...

Reykjavik (voir ici), la capitale la plus septentrionale au monde,  qui concentre les 2/3 des 300 000 habitants de l'Islande, a des allures de petite ville à la fois provinciale et branchée.

Le bord de mer à Reykjavik,
la "nuit" tombée

En témoigne la nouvelle salle de concert Harpa, inaugurée en Août 2011 (voir ici), posée sur la mer, à l'entrée du port, et qui est l'oeuvre d' Olafur Eliasson.

Ce vaisseau de 28 000m2 offre une façade de 10 000 vitraux de formes différentes, rendus lumineux le soir tombé.

Harpa, la "nuit" tombée
La chanteuse Björk s'y est déjà produite à neuf reprises.

Une note à propos de la langue, l'islandais :

* Elle a pour origine le norrois (voir ici), qui était parlé au Moyen-Âge dans les pays scandinaves.
L'isolement de l'Islande et sa tradition écrite importante ont permis la conservation de cette langue originale au niveau de l'oral et de l'écrit.

* L'occupation danoise de 1380 à 1918 n'a eu aucune influence sur l'évolution de l'islandais.



* L'islandais comporte deux caractères et deux phonèmes inconnus de la langue française :

Ð, /ð/ (, eth) équivaut au th anglais dans the /ð/ ; sa translittération conventionnelle en français est dh ;
Þ, þ (nommée þorn, thorn) équivaut au th anglais dans thing /θ/ ; sa translittération conventionnelle en français est th.
 
* Pour la petite histoire, le mot islandais le plus long est :

Vaðlaheiðarvegavinnuverkfærageymsluskúraútidyralyklakippuhringur
Il y a pas moins de 64 lettres. La signification de ce mot imprononçable est: “Porte-clés de la chaîne de clé pour la porte extérieure du hangar à outils des agents de la route sur le plateau Vaðlaheiði“. Vous pourriez facilement allonger le mot en étant encore plus précis!


Quant aux trolls et aux elfes, ce 'huldufòlk, ce 'peuple caché', c'est clair que dans un pays à la nature aussi imprévisible, on n'est jamais sûr de rien, sauf qu'ils sont un peu partout, cachés.
D'ailleurs, 55% des islandais confessent que leur existence est probable...(voir ici).