jeudi 12 juillet 2012

Photographie : Eva Besnyö, l'image sensible


"Eva Besnyö (1910-2003), L'image sensible", tel est le titre d'une belle exposition qui se tient au Musée du jeu de Paume à Paris, du 22 Mai au 23 Septembre 2012, et que j'ai eu le bonheur de visionner il y a peu de temps.
Voir ici.

Autoportrait, Berlin, 1931
Eva Besnyö, d'origine hongroise, est une grande dame de la photographie néerlandaise qui trouva dans la photographie non seulement un métier mais une forme d'émancipation.


Le Lido de Wannsee, Berlin, 1931


Après son apprentissage photographique dans le studio de Jozsef Pecsi à Budapest, elle quitte définitivement une Hongrie répressive, et, alors âgée de 20 ans, devient "Berlinoise par choix".


Elle y développera alors un mode d'expression personnelle et dynamique, placée sous le signe de la Nouvelle Vision et de la Nouvelle Objectivité.


Garçon au violoncelle,
Balaton, Hongrie, 1931


Mais, d'origine juive, Eva Besnyö décide en 1932 de partir pour les Pays Bas, où elle se fera rapidement connaître. 



Elle rendra compte, par son oeuvre, pendant de nombreuses années, et de façon très personnelle, des travaux architecturaux du mouvement néerlandais "Neues Bauen" (Nouvelle Construction).


Résidence d'été à Groet, Hollande Septentrionale, 1934


La magnifique rétrospective du Jeu de Paume nous offre plus de 120 tirages d'époque, des tirages modernes ainsi que de nombreux documents.


Charbonnier, Berlin, 1931


Cette visite à travers son oeuvre est absolument passionnante : celle-ci se situe à la croisée de la poésie et de l'activisme politique.


Voir, pour d'autres photos, mon Site Photos ici.

mardi 10 juillet 2012

Photographie : W. Eugene Smith, exigeant et passionné


Etant de passage à Phoenix, Arizona, le 20 Juin, avant mon retour en France, je ne voulais manquer à aucun prix l'exposition consacrée au grand photographe américain William Eugene Smith (connu sous le diminutif familier de Gene Smith) par le Phoenix Art Museum.

William Eugene Smith

Gene Smith (1918, Kansas-1978, Arizona) est un photographe hors du commun, remarquable tant par sa rigueur technique au niveau de la prise de vue, son exigence dans le choix des sujets et des cadrages que par son implication personnelle dans les sujets qu'il choisit de traiter : un photographe passionné!

Voir sa biographie par Roland Quilici sur le site Photophiles ici.

Tomoko in her bath
Cette photographie devenue "iconique" fait partie d'une série qui documente les conséquences sur la population de la pollution au mercure de la baie de Minamata, au Japon, par les rejets en mer d'une usine chimique.


"A chaque fois que j'ai appuyé sur le déclencheur, c'était un cri de condamnation, lancé avec l'espoir que mes images puissent survivre à travers les années, avec l'espoir qu'elles puissent résonner dans l'esprit des hommes dans l'avenir – et que ceux-ci conservent, avec précaution, le souvenir et la réalisation de ces images." 

Gene Smith fut incroyablement productif de 1942 à 1955.
Il a réalisé une série d'essais pour "Life Magazine" qui ont eu un impact considérable sur la culture américaine de cette période, et encore actuellement, car son oeuvre a été un modèle pour des générations de photographes attachés, tout comme lui,à utiliser leur appareil photographique comme une arme pour défendre leurs idées.

Parmi ces séries d'essais, la série "Country Doctor" fut publiée dans Life Magazine le 9 septembre 1948 :
il s'agit d'un "reportage" sur la vie et la mort dans le petit village de Kremmling, Colorado. Gene Smith suivit de façon intimiste et respectueuse pendant 23 jours la vie du Dr Ceriani : bouleversant!
Voir ici.

Country Doctor
La série "Nurse Midwife", fut publiée le 3 décembre 1951, à propos du travail de la sage-femme Maud Callen :

« Je voulais pointer du doigt le racisme en montrant simplement une femme remarquable faisant un travail remarquable dans une situation impossible. »
Voir ici.

Nurse Midwife

La série "A Man of Mercy", reportage sur Albert Schweitzer, fut publiée le 15 novembre 1954.

"Smith travaille à plein temps pour Life jusqu’à sa démission en 1954 suite à un désaccord de plus en plus profond sur la façon dont la revue modifie les légendes de ses photos et l’usage qui en est parfois fait. 

Le sujet de rupture sera la publication du reportage sur Albert Schweitzer, alors considéré par Life comme le plus grand homme de son époque. Smith, tout en reconnaissant son travail humanitaire, le trouve autoritaire et raciste et veut montrer par un reportage en deux parties la complexité du personnage. 

Life publiera une version abrégée conforme au sentiment de l’époque sur le médecin, prix Nobel de la Paix en 1952." (Wikip.)
Voir ici.

A Man of Mercy

Sa volonté d’implication personnelle dans les sujets de ses reportages a révolutionné cette nouvelle forme de photojournalisme, pour l’époque, appelée « essai photographique ».

 Gene Smith a toujours insisté sur la responsabilité sociale du photographe, et  a développé tout au long de sa carrière une éthique à laquelle il s’est tenu sans dévier.

"À quoi sert d’utiliser une grande profondeur de champ, s'il n'y a pas une profondeur suffisante de sentiment ?" 


Ses enfants Pat et Juanita


« Alors que je suivais mes enfants Pat et Juanita dans les sous-bois, puis vers un groupe de grands arbres – comme ils se réjouissaient de chaque petite découverte ! – et que je les observais, je sus tout à coup que malgré tout, malgré toutes les guerres et toutes les défaites, je voulus, en ce jour et à ce moment précis, entonner un sonnet à la vie et au courage de continuer à vivre. » 

Voir mon site Photos ici.


lundi 2 juillet 2012

La Campagne à Paris


"La Campagne à Paris" : voila encore un des ces lieux magiques de Paris, où le calme et la tranquillité règnent!


Pas de vaches ni de prés fleuris dans cette "Campagne", mais un ensemble de 92 petites maisons accolées, différentes les unes des autres, le long des rues Jules Siegfried, Irénée Blanc et Paul Strauss, dans le XX° arrondissement (Métro Porte de Bagnolet).


Chacun de ces pavillons ( en briques, en meulières, ou crépis) dispose d'une minuscule cour fleurie à l'avant  et d'un petit jardin à l'arrière.


Les arbres, les arbustes et les fleurs règnent en maîtres de part et d'autre de ces rues pavées, et le tout fleure bon la province calme et paisible et pourtant nous sommes non loin de l'agitation frénétique de l' échangeur de Bagnolet et de la démesure des tours des Mercuriales!

Les Mercuriales,
Porte de Bagnolet

Cette "Campagne à Paris" est en fait le nom d'une coopérative d'HBM (Habitations à Bon Marché), qui racheta, au début du XX° siècle un terrain, situé sur l'ancienne commune de Charonne, dont personne ne voulait : une ancienne carrière de gypse  remblayée par les gravats provenant du percement des  avenues parisiennes par Haussmann (Avenues de la République et Gambetta) !



Inauguration en 1926 de
"La Campagne à Paris"

Cette coopérative fut fondée en 1907 par le Pasteur Sully Lombard.
Les maisons étaient destinées à des familles modestes : ouvriers, employés et fonctionnaires.
Ce lotissement ne fut inauguré qu'en 1926, après la guerre.

Un lieu étonnant, beau et calme, où il fait bon venir se promener!

Merci à JCMEMO d'avoir attiré mon attention sur "La Campagne à Paris"!