jeudi 29 mars 2012

Jazz : Youn Sun Nah à La Filature, à Mulhouse!



La chanteuse sud coréenne Youn Sun Nah (voir sa biographie ici et son site ici), hier soir à La Filature à Mulhouse a explosé les standards habituels du jazz.


Unanimement saluée par la critique internationale, qui la place au panthéon des reines du jazz, elle nous a fait une démonstration époustouflante et émouvante de son talent.


Youn Sun Nah

Youn Sun Nah arrive sur scène de prime abord comme une petite fille timide, mais son talent, son énergie explosent instantanément.
Ses intonations sont suraiguës, gutturales, suaves, violentes, générées par un brin de folie, qui sied magnifiquement aux différentes compositions qu'elle interprète.


Sa mise en scène, très travaillée, force tout à la fois la sympathie du  public et  son admiration, car elle est au service d'une technicité hors pair.

Elle était "secondée" par deux artistes complets.

Ulf Wakenius

Tout d'abord le guitariste et compositeur suédois  exceptionnel, qui l'accompagne lors de ses tournées en duo : Ulf Wakenius (qui a été  guitariste d'Oscar Peterson).
Voir sa biographie, en anglais, ici.

Vincent Peirani

Ensuite l’accordéoniste Vincent Peirani (voir ici) est lui aussi absolument magnifique, impressionnant, émouvant.
Le contrebassiste était Simon Tailleu.

Ecouter/voir : Breakfast in Baghdad, composition de Ulf Wakenius : ici .

...et le cadeau final, en exercice périlleux : ici
Youn Sun Nah a pris des risques, mais je l'ai trouvée sobre, puissante et émouvante dans ce titre bouleversant de Léo Ferré.

vendredi 23 mars 2012

Mali : regards du Pays Dogon


Je suis heure par heure avec émotion le développement des évènements au Mali, après le coup d'état qui a renversé le président "ATT", et l'incertitude grandissante sur la situation au Nord.
Je reste en liaison téléphonique avec mes amis de là bas.


La situation économique, désastreuse de par l'absence de touristes, ne va pas s'améliorer dans l'immédiat...
...mais j'ai une grande confiance dans les hommes et les femmes du Mali, qui savent cohabiter  entre ethnies différentes et trouver, dans l’entraide, des solutions  à leurs problèmes quotidiens.

Ci dessous, au Pays Dogon : la vie, l'espoir, et les regards!







mercredi 21 mars 2012

Lokua Kansa au Festival de Musique de Ségou, au Mali



Au Festival de Musique sur le Niger, à Ségou (Mali), en février dernier, j'ai entendu et apprécié nombre d'artistes maliens.


Il y avait également un artiste rwando-congolais  (RDC) magnifique : Lokua Kansa (ou Kanza)!
Guitariste, compositeur, arrangeur Lokua Kansa chante aussi bien en lingala, qu'en français ou portugais.



Douceur, sensualité et force spirituelle émanent de ses chants, qui se prêtent d'ailleurs à une audition dans un contexte plus  intimiste que celui de la grande scène sur le Niger du Festival de Ségou.


En effet, ses mélodies magiques et limpides, souvent murmurées, sont empreintes de nostalgie : Lokua nous berce par ses douces balades et nous entraîne, au cours d'une traversée apaisante et loin de toute frénésie, dans un monde tout en grâce...et cependant rempli d'une énergie qui nous transporte.

"A 13 ans, j'ai vu un concert de Miriam Makeba et c'est ce soir là que j'ai décidé de devenir chanteur",  se rappelle Lokua Kansa.

Un père congolais issu de l'ethnie guerrière mongo, férue de polyphonies, et une mère originaire des montagnes du Rwanda, pays réputé pour le raffinement de sa musique de cour : Lokua Kansa est sensibilisé dès son plus jeune âge à la beauté des mélodies.


A l'adolescence, perfectionniste jusqu'au bout des ongles, il entre au Conservatoire de Kinshasa pour étudier le solfège et l'harmonie. 
Une formation solide qui permet à ce fanatique de Bach d'intégrer à 19 ans l'Orchestre du ballet national, puis celui de la Reine Abeti, star zaïroise des années 70-80 (Biographie du Festival)

Lokua Kansa marie avec bonheur les traditions de ses origines aux sonorités occidentales!
Une heureuse découverte pour moi!

Ecoutez Lokua Kansa ici !
Voir son site ici .

dimanche 18 mars 2012

Au Musée Suisse de l'Appareil Photographique, à Vevey


Vendredi 16 mars, retour au Musée Suisse de l'Appareil Photographique, à Vevey, en Suisse, au bord du lac Léman.

Le Lac Léman vu de Vevey

Je ne me lasse pas de faire à Vevey un retour aux origines de la photographie, au tout début du XIX° siècle,  dans ce petit musée, grand par ses collections.
Voir le site du Musée ici.

Première photo de Niépce
"Vue de ma chambre"

Tout le long d'un parcours pédagogique complet, offrant des instruments uniques et des documents passionnants, nous passons de la Camera obscura, instrument de dessin, à l'invention de la photographie par Joseph Nicéphore Niépce.


J'imagine l'émotion de Niépce, ayant enfin réussi à fixer sur un support l'image de la camera obscura!
Niépce fit en avril 1816 les premières expériences qui le menèrent en 1826 à l'invention de la photographie. 
Il avait alors réussi à fixer sur une plaque d'étain, enduite de bitume de judée et d'essence de lavande, la vue depuis la fenêtre de son atelier, au premier étage de la maison, après une dizaine d'heures de pause. 
On remarquera de ce fait l'éclairage aussi bien des façades gauche que droite!

Je signale, à cette occasion, le Musée installé dans la maison de Niépce, Le Gras, à 71240-St Loup de Varennes, qui vaut le détour! 
Voir ici.



Continuant notre visite à Vevey, nous découvrons tous les détails de l'invention du daguerréotype de Daguerre (1839), des "dessins photogéniques" de William Henry Fox Talbot (vers 1840), et assistons au développement rapide des optiques, des chambres photographiques et des plaques photos : ambrotypes, ferrotypes, collodion humide, papiers à l'albumine...
Daguerréotype de 168 ans vendu aux
enchères en 2007 pour un demi-million d' € :
l'appareil photo le plus cher au monde...
J'avoue avoir à nouveau été étonné, intrigué, par nombre d'appareils aux finalités diverses ayant eu leurs heures de gloire et maintenant tombés dans l'oubli : zograscopes, chambres Dubroni, pupitres de retouche Engel-Feitknecht, megaletoscopes, polyoramas panoptiques, alethoscopes, et j'en passe! 
Quelle inventivité! Que de  passionnés tout au long des ans!

J'ai été heureux de retrouver une série sept court-métrages fort bien faits sur les procédés anciens tels que la gomme bichromatée, le tirage au charbon, le bromoïl, etc,...conservant ainsi la mémoire du geste artisanal, mis en oeuvre et présentés par l'artiste photographe Laurent Cochet (Voir ici).
Certains de ces procédés me passionnent et font l'objet d'expérimentations de ma part.

Donc : vaut le détour, si le sujet vous intéresse!

(Voir mon Site Photos ici.)

mercredi 7 mars 2012

Berenice Abbott, photographe américaine aux multiples facettes



J'ai pu visiter hier avec grand intérêt, au Musée du Jeu de Paume à Paris, la rétrospective  "Berenice Abbott", qui nous propose plus de  120 photographies, des ouvrages originaux et une série de documents inédits. (Jusqu'au 29 avril 2012).

Berenice Abbott, photographiée
par Man Ray

Berenice (de son vrai nom Bernice) Abbott (1898-1991) est une photographe américaine dont l'oeuvre présente  de multiples facettes : portraits, campagne photographique sur New York, portraits d'un monde rural en crise, photographie documentaire de phénomènes scientifiques et oeuvre artistique personnelle.

Elle a en outre joué un rôle important pour la reconnaissance internationale du grand photographe Eugène Atget (voir ici), qu'elle a pu photographier avant son décès.


Eugène Atget par Berenice Abbott
Elle arrive en Europe en 1921 où elle suit des formations dans des ateliers de sculpture à Paris (Bourdelle et Brancusi) et Berlin.

Elle est ensuite engagée par Man Ray comme assistante dans son studio de photographie de Montparnasse, où elle rencontre Marcel Duchamp.
Elle ouvre ensuite en 1926 un premier studio rue du Bac, puis, en 1927, un second, rue Servandoni.

Elle entame alors avec succès une carrière de portraitiste (elle photographie Cocteau, James Joyce, André Gide, Atget, ...)


James Joyce par Berenice Abbott


En 1929, de retour à New York, en pleine crise, elle démarre son projet le plus connu : "Changing  New York" : elle ne reconnait plus le Manhattan ancien, et une nouvelle ville sort de terre. 
Son projet sera financé, non sans difficultés, par le gouvernement américain.



Elle prendra ensuite en 1954 une série de clichés, le long de la Côte Est des USA ( la "scène américaine").
Autre facette de son oeuvre : dans les années 1950, elle participera à un projet du MIT de photographie scientifique documentaire et pédagogique.

Pour elle, l'essence de la photographie repose sur le rapport au temps, son rôle étant d'enregistrer ce que Roland Barthes appellera le "ça a été". 
La photographie doit continuer à chercher son essence dans le rapport à l'instant et non à imiter la peinture d'une façon ou d'une autre.


"Disons d'abord ce que la photographie n'est pas. Une photographie n'est pas une peinture, une poésie, un symphonie, une danse. Elle n'est pas simplement une jolie image, ni un pur exercice de contorsionnisme technique ou de recherche du tirage parfait. Elle est ou devrait être un document significatif, une déclaration pénétrante, qui peut être décrit par un terme très simple – sélectivité." (Berenice Abbott, in "Infinity" magazine, 1951)

"Je suis venue à la photographie comme un canard à l'eau. Je n'ai jamais voulu faire autre chose. L'inspiration que le sujet éveille en moi est la tension qui me pousse au-delà de la montagne de servitudes nécessaires pour produire la photographie finale." ( The Berenice Abbott Protfolio, Preface, 1976)

Berenice Abbott peut être considérée comme une "militante" anti-pictorialiste, engagée alors dans une démarche de "réalisme photographique",  ce qui n'était pas évident à New York, à l'époque, où l'école d'Alfred Stieglitz dominait le milieu de la photo.


Pour d'autres photos, voir Mon Site Photo ici.

mardi 6 mars 2012

Chris Potter, saxophoniste virtuose, au New Morning à Paris



Hier soir, au New Morning, à Paris, nous avons eu le bonheur d'écouter Chris Potter (Saxo ténor et soprano) et son Quartet  avec David Virelles (Piano), Joe Martin (Basse), Gerald Cleaver (Batterie).

Un souffle, une virtusosité, une présence absolument étonnants : un soliste d'envergure et un improvisateur né !


"Plus jeune lauréat du prestigieux Jazzpar Prize, Chris Potter s'est imposé comme l'un des musiciens de jazz les plus talentueux de sa génération.
Son langage complexe, son jeu virtuose et musical font l'unanimité dans le courant post-bop.
En une décennie, Chris Potter est passé du statut de saxophoniste prometteur à celui de champion de son instrument, s'affirmant comme un soliste d'envergure d'une rare puissance mais également comme l'une des voix les plus distinctives parmi la nouvelle génération des ténors qui allie l'assimilation de la tradition du jazz et la recherche d'un langage personnel qui la prolonge." New Morning.

Une excellente soirée, vibrante, enthousiaste : une de ces soirées qui contribuent au renom du New Morning!
Bravo!



Voir sa biographie ici.

Voir le site de Chris Potter ici.

Ecoutez Chris Potter dans "The Single Petal of a Rose" lors de "Jazz Open" à Stuttgart en 2009 ici.

dimanche 4 mars 2012

Pierre Bonnard, peintre et photographe



La Fondation Beyeler  (à Rihen, à côté de Bâle) célèbre en ce moment (29 Janvier au 13 mai 2012) l'illustre peintre français Pierre Bonnard (1867-1947).
Cette exposition, que nous avons visitée jeudi 1° mars, nous propose 60 peintures du peintre, dans un magnifique panorama de toutes les périodes de sa carrière.


Pierre Bonnard fut co-fondateur du groupe des Nabis, mouvement d'avant-garde post-impressionniste  de la fin du XIX° siècle, réunissant des artistes subjugués par l'oeuvre de Gauguin.
Ce groupe compta dans ses rangs Edouard Vuillard, Pierre Bonnard, Felix Vallotton, et beaucoup d'autres.
Ils se donnèrent des surnoms : Bonnard était "le nabi très japonard".

Bonnard finit par se retirer d'abord en Normandie, à Vernonnet, tout près de Giverny, puis au Cannet, sur la Côte d'Azur.
On retrouvera alors toute la lumière et toutes les couleurs méditerranéennes dans ses oeuvres.


On observe dans ses tableaux des angles de vue surprenants, lors de ses variations sur des thèmes de la vie domestique. C'est pour nous l'occasion d'admirer des nus féminins dans leur intimité, le modèle en étant Marthe, sa muse qui deviendra son épouse en 1925.


Ses autoportraits sont sans concession, bouleversants, objectifs, presque cruels..


Les coloris de ses tableaux sont souvent somptueux, la construction de ses scènes d'intérieur, où le miroir  joue un rôle essentiel est très élaborée, ses cadrages sont d'une modernité à couper le souffle.

Certains tableaux figurant des fenêtres nous donnent à voir tout à la fois l'intérieur et l'extérieur, dans une gestion étonnante de l'espace visuel.


Les tableaux de cette magnifique exposition, sont pédagogiquement et heureusement regroupés par thèmes dans les salles : La Rue, La Salle à Manger, Le Jardin Sauvage, Le Jardin Ensoleillé, La Salle de Bains, Jardins et Paysages, Le Miroir, Intérieur-Extérieur.

Mais faut-il rappeler que Bonnard était également photographe ?
Au cours des années 1880, la technique photographique devenait accessible, permettant les instantanés, et nombreux furent les peintres qui s'y adonnèrent : de Degas à Edvard Munch, Pierre Bonnard et Edouard Vuillard, pour ne citer qu'eux.
On retrouve dans ses photographies ses thèmes de prédilection, et tout d'abord Marthe et les nus. Egalement des scènes familiales, saisies dans des jardins.


Mais surtout on retrouve la même vision, le même regard, la même audace dans les cadrages, qui font de Bonnard non seulement l'un des coloristes les plus fascinants de l'époque moderne, mais aussi un adepte de la photographie, forcément en noir et blanc, en avance sur son temps.

Voir d'autres photos de Bonnard sur Mon Site Photos ici.

vendredi 2 mars 2012

Randonnée au Taennchel, dans les Vosges : la montagne aux mystères!


Mardi 28 février, sous un soleil timide, et avec quelques traces de neige et de glace, notre randonnée  nous a mené dans le Massif du Taennchel, dans les Vosges, avec pour point culminant, le Rocher des Trois Tables (969m).

Situé au Nord Ouest de Ribeauvillé, en Alsace, dans le Haut-Rhin, ce massif forestier d'un millier d'hectares est une  enclave sédimentaire située dans un ensemble granitique, à mi-chemin entre Strasbourg au Nord et Mulhouse au Sud.
Point culminant : 988m.
Il s'agit là d'une crête de 6 km de long et, à vrai dire, un lieu particulièrement mystérieux et énigmatique, hors du commun!


Le Taennchel vu depuis Rombach le Franc
 En effet, le Massif du Taennchel est couvert d'amas rocheux de grès aux noms évocateurs : rocher des reptiles, roche des corbeaux, roche des trois tables (grandes et petites), rocher des géants, rocher Bellevue, rocher pointu, rocher de la Garde, rocher de la paix d'Udine, le rocher de l'anneau, la petite roche des fées,...
Certains de ces rochers sont parsemés de cupules (cavités ovales ou rondes creusées dans le rocher).
On y trouve également des anneaux scellés...
Sans parler du fameux "mur païen", sans doute témoin de la présence des Celtes, long lui aussi de plusieurs km.


Rochers des Trois Grandes Tables (969m)
L'escalier date de 1910.

Ces rochers sont auréolés de légendes et de mystères et rayonnent très certainement d'ondes et d'énergie tellurique intenses...
Le Taennchel est avant tout un lieu magique pour le randonneur, avec ses arbres élancés, ses troncs enchevêtrés, couverts de mousse, tout comme les chaos rocheux qui le parsèment.
De nombreuses sources y jaillissent , telles la Source des Corbeaux, la Source des Esprits,...

Pour plus de détails, voir ici, et surtout un site très complet sur le Taennchel ici.

Rocher des Trois Petites Tables
C'est une zone protégée où le lynx a été réintroduit ; c'est aussi le domaine du Grand Tétras.
Une merveille de la nature et une zone de paix et de calme.

Le Massif du Taennchel avait été dévasté lors de la tempête historique de décembre 1999 par des vents approchant les 200km/h ; les traces de cette catastrophe y sont encore visibles!

Un autre amas rocheux, sur la crête,
à côté des Trois Tables
Nous sommes partis du hameau de la Grande Verrerie, derrière Ribeauvillé et,  après un dénivelé positif de 440m , via le Schelmenkopf, avons atteint les rochers des trois grandes tables et un peu plus loin, celui des trois petites tables (qui auraient servi pour le festin de Géants et de leurs enfants...)
Retour sur la Grande Verrerie par un magnifique petit sentier abrupt qui nous a permis de longer d'autres formations rocheuses étonnantes.

Un splendide petit circuit de moins de 3heures, que nous nous sommes promis de refaire et de rallonger vers le rocher des reptiles, le rocher des géants et  le long du mur païen, pour une randonnée de la journée...au printemps.

Voir une vidéo sur le Taennchel ici!