mardi 31 janvier 2012

En Alsace, sur le sentier des Grands Crus



Dans le vignoble alsacien, nous trouvons 51 Grands Crus, dont 37 dans le Haut-Rhin, le dernier Grand Cru reconnu en 2006 étant le Kaefferkopf à Ammerschwihr.
Ils représentent 4% seulement de la production de vin  d'Alsace.


Vignoble d'Alsace

Il faut noter que ce n'est que très tardivement (20 novembre 1975) qu'a été créée l'appellation "Alsace Grand Cru".
En effet, le statut de l'Alsace est à part parmi les vignobles français.
Suite à sa cession à la France par le traité de Versailles en 1919, les lois allemandes appliquées de 1871 à 1918 (période dite du Reichsland) sont maintenues comme droit local, ce qui va retarder la reconnaissance des vins d'Alsace.


Les seuls cépages autorisés actuellement dans cet AOC d'exception (Appellation d'Origine Controlée) "Alsace Grand Cru" sont le Muscat, le Pinot Gris, le Riesling et le Gewurtztraminer.

Ces vins doivent satisfaire à des critères de qualité extrèmement sévères : délimitation stricte des terroirs, rendements limités, règles spécifiques de conduite de la vigne, richesse naturelle minimale, exposition et climat les plus favorables, dégustations d'agrément, etc,...

C'est d'ailleurs essentiellement un terroir exceptionnel qui fait de chacun de ces Grands Crus un vin unique, avec une force et une authenticité si particulières.


Zellenberg
 Nous avons randonné cet après midi, au coeur du vignoble d'Alsace,  dans un paysage saupoudré de neige, par un temps vraiment hivernal, d'une "perle" du vignoble à l'autre.


Riquewihr

Riquewihr

Ces perles ont pour nom Mittelwihr, Beblenheim, Zellenberg, Hunawihr et Riquewihr.


Hunawihr

Les chemins et les sentiers, en particulier le "sentier des Grands Crus",  nous ont mené d'un village à l'autre, en une boucle de 3 heures, et nous avons pu admirer ces gros bourgs, que nous connaissions déjà, sous un autre point de vue, car il n'y avait plus aucun touriste.

S'offraient à nous de magnifiques panoramas sur la plaine et les Vosges, un aperçu sur les belles maisons vigneronnes à colombages, les églises remarquables, telle l'église fortifiée d' Hunawihr.

Et ce n'est pas sans émotion que nous avons traversé 6 de ces fameux "terroirs" et vignobles d'exception évoqués ci-dessus.
Il y avait là :

Le Mandelberg sur les communes de Mittelwihr et de Beblenheim (22 ha), le Sonnenglantz sur la commune de Beblenheim (32,80 ha), le Froehn sur la commune de Zellenberg (14,6 ha), le Rosacker, sur la commune d' Hunawihr (26,18 ha), le Sporen, sur la commune de Riquewihr (23,70 ha) et le Schoenenbourg, sur les communes de Riquewihr et de Zellenberg (53,40 ha).

Il est toujours l'heure pour une dégustation, en Alsace!

Eglise d'Hunawihr

lundi 23 janvier 2012

A l'opéra au Met : une "Ile Enchantée" ...magique


"The Enchanted Island", "l'Ile Enchantée", opéra "pasticcio" en 2 actes sur des airs de Haendel, Vivaldi et Rameau (entre autres), retransmis du Met samedi 21 Janvier, au Kinépolis de Mulhouse a été pour moi un moment d'émotion, de pure magie et d'humour .

Le Met nous a surpris par cette première mondiale : nous étions au XVIII° siècle...ou presque avec cette production inédite créée le 31 décembre 2011.

Cette production renoue avec la tradition baroque du "pasticcio" (pâté fait d'ingrédients hétéroclites).
Ce style raffiné et plein de gaité était très prisé aux XVII° et XVIII° siècles.

Le livret original de Jeremy Sams (en anglais rimé!) reprend en effet des éléments des intrigues de "La Tempête" et du "Songe d'une nuit d'été" de Shakespeare, en un mélange tout à fait heureux et surprenant.

A l'intrigue et aux personnages de la première pièce (Prospero, Miranda, Sycorax, Caliban, Ariel) se mèlent des éléments de la seconde (Les deux couples ).

David Daniels
Mais le "pasticcio" est aussi musical : le brillant chef d'orchestre William Christie a harmonieusement mélangé à sa façon des oeuvres de Haendel, Vivaldi, Rameau, Leclair, Campra...Le tout est très cohérent!

Joyce DiDonato

Et puis, quel plateau de stars de l'opéra!

Non seulement le Met nous a offert le vétéran Placido Domingo en Neptune, mais aussi le contre-ténor David Daniels en Prospero, la formidable Joyce DiDonato en Sycorax (que nous avions déja admiré dans Le Comte Ory) et la merveilleuse et ravissante Danielle de Niese en Ariel : un enchantement!

Danielle de Niese
Luca Pisaroni en Caliban est formidable et méconnaissable.



La magie des décors, mélange surprenant de décors "XVIII°" , peints à plat sur des toiles, et d'effets spéciaux, n'a pas été pour rien dans l'enchantement de ce spectacle.
Tous les détails ici.

Ecoutez donc :
David Daniels (Prospero) : ici.
Joyce DiDonato (Sycorax) : ici.
Danielle de Niese (Ariel) : ici.

samedi 21 janvier 2012

George Hendrik Breitner, pionnier de la photographie de rue


George Hendrik Breitner (1857-1923), l'un des plus grands peintres néerlandais de la fin du XIX° et du début du XX° siècles, est à l'honneur en ce moment à l' Institut Néerlandais à Paris.
Et ce, jusqu'à demain.
Mais c'est son oeuvre photographique que j'ai pu admirer, présentée pour la première fois à Paris.

Comme toute une génération de peintres, comme Degas, Vuillard, Bonnard, Breitner était amateur de photographie.


Etaient exposées, au Centre Culturel des Pays-Bas (Institut Néerlandais), des scènes de rue, des personnages dans la neige, des vues au crépuscule, des ouvriers au travail (Amsterdam à cette époque était un véritable chantier), des clichés de chevaux et des scènes de cavalerie, des vues d'Amsterdam.

Ce sont pour la plupart des photos "instantanées", souvent floues, "bougées", qui révèlent un "point de vue" remarquablement moderne.


Ses clichés témoignent d'une attitude audacieuse pour l'époque : contre-jours, mouvements, points de vue insolites, bas, ou élevés,...


Ses photos ne brillent pas par leur perfection technique : sous-exposition, manque de contraste fréquent, tonalités souvent grisâtres, mais son seul but était que le sujet soit plus ou moins reconnaissable.


D'autres clichés, par contre, montrent une facture plus classique : poses soignées, photos de nus, portraits,...

Breitner quittait rarement sa maison ou son atelier sans son carnet de croquis, sa mallette de peinture, et...son appareil photo.

C'est ainsi qu'il nous a transmis un trésor de près de 2850 négatifs et tirages de sa main.
Cette exposition est composée à partir des collections du Rijkmuseum d'Amsterdam et du RKD (Office National de la Documentation de l'Histoire de l'Art) à La Haye (Voir ici).

Ce fut pour moi une véritable découverte, un sujet d'étonnements et un grand plaisir.

Voir Mon site Photos.

mercredi 18 janvier 2012

Photographie : Paul Strand et Henri Cartier-Bresson au Mexique



Hier, j'ai vu avec grand plaisir, à la Fondation Henri Cartier-Bresson, à Paris, l'exposition "Henri Cartier-Bresson Paul Strand MEXIQUE 1932-1934" (Du 11 Janvier au 22 Avril 2012).

Je vous la recommande : les expositions organisées par la Fondation HCB sont toujours passionnantes.
De plus, le livre de très grande qualité typographique édité par Steidl à cette occasion est magnifique.

Paul Strand (Nets)
 A l'automne 1932, le photographe américain Paul Strand (1890-1976) part au Mexique à l'invitation du Ministère de l'Education mexicain.
Il travaillera dans les rues du Mexique, exposera ses photographies et rencontrera un succès populaire qui le comblera.

Paul Strand (Woman of Alvarado)
 Henri Cartier-Bresson (1908-2004), lui,  est engagé en 1934 dans une mission ethnographique française.
Arrivé au Mexique, cette mission qui devait le conduire en Argentine n'aura pas lieu, et il passera une année sur place, totalement fasciné par ce qu'il voit.
Il a alors 26 ans.
Il quittera le Mexique pour New-York avec la ferme intention de devenir cinéaste.

Henri Cartier-Bresson (Prostituées, Mexico)

Le jeune Paul Strand suivit en 1906 les stages d'initiation à la technique photographique professés par Lewis Hine (Voir ma note sur Hine ici ) à l'Ethical School of Culture de New York.

"La visite faite avec Hine à la Galerie 291 (créée en 1905 par Stieglitz et Steichen) fut un grand choc, qu'il rapporta en ces termes :
"Ce jour là j'ai su ce que la photographie pouvait provoquer sur le spectateur.
Les images exposées sur les murs du 291 ressemblaient à des photographies et pas seulement à des déclics...
Cette après midi là fut merveilleuse et décisive."
Stieglitz devint son maître ; il exposera au 291 en 1916." Agnès Sire

En 1932, il s'éloigne de l'influence de Stieglitz...
Au Mexique, Paul Strand est en pleine maturation de son style.

"La critique et amie de Strand, Elisabeth McCausland écrivait dans U.S. Camera en 1940 :
"Au delà des images indéchiffrables de ces hommes, femmes et enfants, se cachent des siècles de travail, de souffrance et de mort."" Agnès Sire.

Les oeuvres et les parcours personnels de Paul Strand et de Henri Cartier-Bresson ont peu de points communs.
Leur seul point commun et terrain de partage est leur engagement auprès des forces de gauche, et ce voyage que chacun effectua au Mexique dans les années 1930.

La mise en perspective, lors de cette belle exposition, des regards passionnés et passionnants sur le Mexique de ces deux photographes parmi les plus importants du XX° siècle est un évènement !

Ne manquez pas cette exposition!

Voir "Mon site Photo"

jeudi 5 janvier 2012

Sur la trace des sorcières au Bollenberg, en Alsace


Mardi, nous avons profité d'une courte accalmie climatique pour nous promener au Bollenberg.
Pas de pluie donc, mais un vent glacial et une vue dégagée.

Le Bollenberg, situé dans le Haut-Rhin, en Alsace, est une colline de 363 mètres d’altitude, bien détachée des Vosges, formée de calcaire jurassien et située entre Rouffach, Orschwihr (ci dessous) et Westhalten.

Ce nom dérive certainement de "Belen" ou "Belenus", dieu celte du feu, associé à la vie pastorale.
Sur ce "Mont de Belen", les Celtes ont probablement pratiqué le culte solaire, comme au Petit et au Grand Ballon, et sur les Belchen de la Forêt Noire. Sur ces sommets était célébrée, le 1° mai, la fête de la purification du feu.

Ce site, zone protégée, bénéficie tout au long de l'année d'un ensoleillement exceptionnel (il n'y pleut en moyenne que 350mm d'eau par an, aussi peu que dans les Calanques marseillaises) qui y favorise la présence d'une faune particulière, méditerranéenne : la huppe fasciée, le torcol fourmilier, le lézard vert, la mante religieuse...
Sur ce site, dont les abords constituent un terroir viticole renommé, nous observons la pousse d'une flore rare (variétés d'orchidées, origan,...) et de plantes médicinales, qui, de tout temps ont attiré herboristes et guérisseurs de tous poils.
De là à assimiler, dans des temps reculés, ces derniers à des sorciers et sorcières, il n'y avait qu'un pas.
Quoiqu'il en soit, le Bollenberg a toujours été considéré comme un lieu de Sabbat et de débauches.


Les légendes, nombreuses, décrivent les rencontres maléfiques faites par des marcheurs égarés la nuit sur le Bollenberg.
A Rouffach, non loin, se dresse toujours la "Tour des Sorcières" (Hexenturm), où furent enfermées, au XVI° et XVII° siècles les personnes accusées de sorcelleries, qui avaient alors peu de chances d'échapper au bûcher.
A Rouffach, en 1615, il n'y eut pas moins de 62 procès en sorcellerie, paraît-il.


Chaque année, la veille du 15 Août se déroule au Bollenberg, en souvenir de ces exécutions, le Haxafir, crémation de la sorcière : bûcher, feu d'artifice et tartes... flambées.

A noter également la grande manifestation qui se déroule à Rouffach, la Fête de la Sorcière, qui attire chaque année, en une journée, plus de 10 000 visiteurs (prochaine édition, la 19°, le 21 Juillet 2012).

En tout cas, le Bollenberg est un lieu magique pour les naturalistes et les randonneurs, l'un allant souvent de pair avec l'autre.

Partis d'Orschwihr, nous avons fait une pause à la Chapelle du Bollenberg, dédiée à Ste Appolonia, invoquée pour soulager les maux de dents ( durant son martyr, le bourreau lui avait arraché les siennes!), et construite fin XIX°, pour mettre fin au rassemblement des sorcières sur ce site.
La chapelle est construite sur les restes d'une chapelle et d'un cimetière mérovingiens.


De là, la vue, magnifique, s'étend sur la plaine d'Alsace et nous apercevons nettement la Forêt noire, et plus au sud, les Alpes suisses (Eiger, Jungfrau,...).


Le circuit nous mène, au travers d'un plateau particulièrement venté utilisé par les aéromodélistes, au restaurant du "Vieux Pressoir", et par une grande boucle, à nouveau à Ste Appolonia.
Belle vue sur les sommets (modérément) enneigés des Vosges.


Ce petit circuit agréable de 5km, 2h et 100m de dénivelée nous a permis de nous oxygéner en douceur, pour la reprise de nos activités de randonnées, après les fêtes de fin d'année, avant d'aller...boire le verre de l'amitié à Rouffach, non loin de la Tour des sorcières.