vendredi 19 août 2011

Ma rencontre avec Sue, Tyrannosaurus Rex, à Chicago

Une rencontre toute platonique, à Chicago!
Tous comptes faits, il vallait mieux que cela se passe comme ça entre nous...



Sue est en effet un Tyrannosaurus Rex, le plus grand carnivore terrestre de tous les temps.
De plus, Sue est le plus grand spécimen découvert à l'heure actuelle, en Amérique du Nord, pays des superlatifs.


Le vrai nom de ce T. Rex est en fait FMNH PR2081.

A tout prendre, je préfère Sue, qui est le prénom de la paléontologue Sue Hendrickson, sa "découvreuse".


Où a eu lieu cette rencontre mémorable?

Au "Chicago Field Museum of Natural History", le 14 Juin 2011.

Cette charmante Sue, bien conservée pour son âge (70 millions d'années) a des mensurations idéales : 11,2 m de long, 4 m de haut, à hauteur de hanche : un crâne massif, une queue puissante, de larges membres postérieurs de bipède et de tout petits membres antérieurs, atrophiés, avec deux doigts griffus, de la taille des bras humains.


Son poids est estimé entre 5 et 7 tonnes.

Son joli nom scientifique de dinosaure, signifie simplement : "Roi des lézards tyrans".


Notre belle Sue était un super-prédateur logé tout au sommet de la chaîne alimentaire.

Son crâne imposant, en bon état de conservation, que j'ai pu admirer à Chicago, mesure 1, 53 m de long et pèse une tonne. Le véritable crâne est dans une vitrine ; sur le vrai squelette reconstitué, la tête est un moulage.


La place laissée dans ce crâne pour les attaches des muscles de la machoire est considérable, et autant dire qu'il n'en reste pas beaucoup pour le cerveau : 25 décilitre de matière grise!

Les dents de la machoire supérieure mesuraient jusqu'à 30cm de long...


On n'exclut pas par ailleurs que Sue ait été pourvue du plumes, ce qui devait lui donner fière allure...vue de loin.


Elle a été découverte le 12 Août 1990 dans le Sud-Dakota et acquise par le Musée Field de Chicago pour 8,36 millions de dollars.

Et puisque nous sommes dans les chiffres, sachez donc qu'il fallut 17 jours à 6 paléontologues pour exhumer Sue, et 2 ans à 10 techniciens pour nettoyer et réparer ses os, soit plus de 250!


Pour en revenir à ce Field Museum of Natural History : je l'ai trouvé absolument extraordinaire, gigantesque, fort bien aménagé, et documenté, riche de spécimens uniques ; il fut créé en 1893 et draine des foules considérables, en particulier lors de ses expositions temporaires.
J'ai passé de nombreuses heures dans l'exposition consacrée aux baleines, et je ne me suis pas ennuyé un seul instant...grâce aux pauses à la belle cafétéria...comme d'habitude dans les musées américains.

mercredi 17 août 2011

Quand Michel-Ange peignait son premier tableau, à 12 ans



"La Tentation de Saint Antoine", premier tableau peint par Michel-Ange, à l'âge de 12 ans, vient d'être acquis par le "Kimbell Art Museum", ce merveilleux petit musée situé à Fort Worth, au Texas , que j'ai visité en mai de cette année : voir ma note ici.


J'ai donc pu y contempler avec admiration et saisissement cette petite merveille (47cm x 34cm), remarquablement bien conservée, qui a été exécutée par le jeune Michel-Ange à la tempera et à l'huile sur un panneau de bois, vers 1487.




Avant son acquisition par Kimbell, ce tableau était en restauration au Metropolitan Museum of Art à New York, une couche épaisse de vernis jaunâtre recouvrant en effet l'oeuvre.


"The Met Museum", qui effectuait de plus à son sujet des recherches techniques et historiques fut convaincu de son authenticité, mais n'avait pas les moyens de l'acquérir, dans un contexte de crise financière.


Le tableau était en effet auparavant propriété d'un collectionneur britannique, et fut revendu par Sotheby's à un marchand d'art new-yorkais, convaincu de son authenticité, pour la 'modique' somme de 2 millions de dollars.


On ignore le coût payé par le musée texan...mais si il s'agit bien là d'une oeuvre authentique de la main de Michel-Ange, cet achat est un sacré "coup" de la part du "Kimbell Art Museum"!


Ce tableau de jeunesse est en effet la première oeuvre de Michel-Ange à entrer dans une collection américaine!

Michel-Ange, l'un des plus grands génies de la Renaissance avait déjà manifesté son talent de sculpteur et de peintre dès l'adolescence.

En témoigne ce génial tableau précoce.


"Cette peinture fera encore l'objet d'études et de recherches pour de nombreuses années." a déclaré Eric Lee, directeur du Kimbell Museum.


Le jeune Michel-Ange s'est inspiré d'une gravure du Maître alsacien Martin Schongauer (1445, Colmar-1491, Breisach), réalisée vers 1470-1475, intitulée "Saint Antoine tenté par les démons. "



D'après la légende rapportée par Saint Anastase, le futur Saint Antoine, fils de paysans égyptiens, choisit de se tourner vers l'Evangile.

Il distribue ses biens et se retire au désert pour y vivre en ermite.

Le démon le soumet alors à de multiples tentations auxquelles le Saint résiste.



On observe l'impassibilité du vieil homme face aux traitements des démons...

On voit là représenté tout un monde d'être hybrides et fantastiques menant une ronde effrénée autour de Saint Antoine.

Ces monstres nous font penser aux oeuvres postérieures de Bosch ou de Grünewald.



Martin Schongauer était le fils d'orfèvre d'Augsburg venu s'installer à Colmar. Il tira très tôt profit du savoir-faire paternel comme en témoigne sa maîtrise de la gravure (qui était liée au travail d'orfèvrerie).




Cet oeuvre de Schongauer rencontra un vif succès, tant et si bien qu'au XVI° siècle, l'historien de l'art Vasari raconte que Michel-Ange en conservait un exemplaire dans son atelier florentin!


Mais le tableau de Michel-Ange en diffère par nombre de détails qui, d'après les experts, contribuent à en authentifier l'auteur, si besoin était.



Pour la petite histoire, les anciens biographes racontent d'ailleurs que Michel-Ange se rendait sur les marchés aux poissons et aux crustacés, alors qu'il peignait ce tableau, afin d'obtenir un rendu plus réaliste de ses monstres.


jeudi 11 août 2011

Erwin E. Smith, cow-boy et photographe



Erwin E. Smith (1886-1947) photographe et cow-boy a toujours voulu être artiste et cow-boy.


Lorsqu'il était gamin, dans le comté de Fannin (Nord Texas) la légende de l'Ouest et des cow-boys ne faisait que commencer à prendre forme.


Le petit Erwin dessinait déjà indiens, longhorns, chevaux et cow-boys.


La littérature populaire et l'industrie cinématographique débutante commençaient dans les années 1880 à véhiculer une image romantique et souvent erronée de la vie des cow-boys.


Erwin Smith décida pour sa part de rendre hommage aux cow-boys et à leur vie rude et difficile, en en proposant des portraits aussi véridiques que possible.


C'est à cette époque (1908) qu'il réussit ce fameux auto-portrait ci-dessus, intitulé : "Erwin on Dexter"


Partant du principe qu'un photographe doit connaitre au mieux le sujet dont il se propose de rendre compte, Smith se saisit de toutes les occasions qui se présentaient à lui pour acquérir une véritable expérience personnelle de la vie de cow-boy.

Il travailla ainsi tous ses étés dans le ranch texan de son oncle, situé non loin de la "Great Western Cattle Trail", suivie, dans les années 1880, en direction du nord, par des milliers de longhorns (Voir une note, suite à mon passage en 2010 à Dodge City : ici et voir, en anglais, aussi ici).


Parallèlement, Erwin Smith s'était inscrit aux meilleures écoles d'art du Texas, où il pratiqua sculpture, peinture, dessin et photographie.


Il décida finalement de devenir photographe, afin de rendre compte au mieux de la vie des cow-boys.


Ses clichés sur plaques de verre rendent compte magnifiquement de la vie rude des cow-boys, telle qu'il l'a connue lui-même de très près, et nous offrent un témoignage saisissant et unique sur la vie au Texas au début du XX° siècle.


J'ai admiré quelques-uns de ses tirages, en mai 2011, lors d'une exposition au Musée Amon Carter à Fort Worth, à coté de Dallas, au Texas.


Convaincu que ce style de vie était appelé à disparaître devant l'avancée inéluctable de la modernisation, il a tenu a être témoin de son temps.


L'oeuvre de Erwin Smith, soit plus de 1500 clichés pris au Texas, au Nouveau Mexique et en Arizona, témoigne de son talent artistique, de son sens de la composition et de son expérience du terrain.


L'oeuvre remarquable d' Erwin E. Smith représente un témoignage exceptionnel sur une époque révolue, au delà des mythes sur le Far West!




Voir Mon site Photos

lundi 8 août 2011

White Sands : un désert pas ordinaire, au Nouveau Mexique



White Sands National Monument a été créé pour préserver les plus grandes dunes de gypse du monde, au Nouveau Mexique, soit 275 miles carrés.




J'ai eu l'occasion de les admirer lors de mon récent périple aux USA, en mai 2011.



La moitié seulement de ce site remarquable est ouverte au public. L'autre partie est un site militaire US.

Ces dunes de sable blanc brillant constituées de grains de gypse se sont formées au cours des 7000 ans passés.


Le Président américain Herbert Hoover a créé ce Parc en 1933, en raison de son grand intérêt géologique, de sa faune particulière (entre autre des lézards blancs uniques au site, des petits renards du genre fennecs, des serpents à sonnette, bien entendu!) et des plantes adaptées au sol alcalin, pauvre en nutriments, et composé essentiellement de gypse : on y trouve des acacias, des créosotiers, des yuccas, des agaves.



La possibilité d'y développer des projets pédagogiques n'a pas échappé aux législateurs américains.

Située dans le bassin de Tularosa, au Nouveau Mexique et cernée de montagnes, la cuvette de White Sands a accumulé au cours de millénaires du gypse provenant des Montagnes Rocheuses, qui y forme des dunes d'un blanc brillant étincelant.

Comment se fait-il que le sable soit ici composé uniquement de gypse, alors qu'on ne rencontre jamais ailleurs ce phénomène, pour la bonne raison que le gypse est soluble dans l'eau?



A White Sands, la pluie et la neige dissolvent effectivement ce gypse, mais il se dépose dans le bassin de Tularosa, qui forme un piège pour les eaux et tout ce qu'elles contiennent, le gypse en particulier, qui se retrouve alors en grandes quantités dans le Lac Lucero, qui est un lac épisodique.




Quand l'eau du Lac Lucero s'évapore, la sécheresse, le gel et le vent érodent le gypse en grins fins que le vent emporte vers les dunes, et le cycle recommence.

A noter : ces dunes avancent de 6m par an.



Le spectacle est grandiose, étincelant de particules blanches comme des petits diamants...et intenable par temps de grosses chaleurs, comme ce que j'ai eu à y subir (Plus de 100°F soit vers les 40°C à l'ombre, et de l'ombre, il n'y en a guère!)


Ce qui est intéressant à noter, dans le désert de White Sands, ce sont les terrains militaires proches.

C'est ici qu'on été expérimentés la première bombe atomique (en juillet 1945), de nombreux missiles, ainsi que de nouvelles technologies spatiales.




A la fin de la seconde guerre mondiale, c'est ici qu'ont été testés les V2, qui prenaient ainsi la suite de ceux qu'Hitler expérimentait à Peenemunde, et sous la responsabilité du même Werner Von Braun.

La navette Columbia y a plusieurs fois atterri.



White Sands, un désert vraiment peu commun : un des lieux les plus surprenants et magiques de l'Ouest américain, qui en compte pourtant un certain nombre!