mardi 26 avril 2011

Photographie : David Goldblatt, "Transvaal, Johannesburg"

David Goldblatt est le chef de file de la photographie sud-africaine.

Sa carrière est rythmée par l'histoire mouvementée de son pays, où il est né en 1930.

En 2009, il reçoit le Prix Henri Cartier Bresson, qui lui permet de continuer à explorer les fractures de Johannesburg, et plus particulièrement les liens entre urbanisme et criminalité, entre les individus et les structures qu'ils habitent.

Son travail nous a été montré à la Fondation Henri Cartier Bresson, à Paris, où j'ai pu l'admirer fin mars (l'exposition s'est terminée le 17 Avril).

C'était sa première exposition importante dans une institution parisienne.


Nous avons pu y voir, entre autres, son travail en Noir et Blanc de l'époque de "TJ" (Transvaal, Johannesburg).

Cet acronyme provient de l'ancien système d'enregistrement des véhicules sud africains avant l'informatisation.

Ces lettres qui désignent la ville et la province dans lesquels les véhicules étaient enregistrés induisent, selon David Goldblatt un sentiment d'appartenance.

C'est une manière "intime" pour lui, de désigner la ville où il vit depuis de nombreuses années.

Johannesburg est une ville fragmentée, aux mille visages, en perpétuel changement, avec une histoire complexe et douloureuse.

Pour David Goldblatt, "L'un des pires effets de l'apartheid, c'est qu'il a empéché d'appréhender le mode de vie de l'autre".

Nous avons vu dans cette belle et émouvante exposition, tout d'abord une soixantaine de tirages (effectués par l'auteur) montrant des fragments de vie prélevés pendant ces années où les lois se multipliaient pour mettre la main d'oeuvre de couleur à l'écart.

Il a utilisé pour son travail tantôt le 24x36, tantôt le 6x6, tantôt la chambre grand format.


Une seconde partie de l'exposition nous a montré des photos prises après la fin de l'apartheid et on y voyait d'anciens criminels invités par le photographe à revenir sur les lieux de leurs crimes, forfaits ou exactions.

Chacun, homme ou femme, racontait son histoire, faite de petits délits, de meurtres, de prison et d'espoirs.

"Je ne crois pas que beaucoup d'entre eux soient fondamentalement mauvais. Ils en sont venus à faire ce qu'ils ont fait pour diverses raisons." déclare David Goldblatt : contexte familial difficile, système éducatif défaillant, drogue.


Les paysages urbains exposés en parallèle plantaient la grande banalité des décors quotidiens.

Ils soulignaient les fractures et le tissage des liens complexes entre les habitants, quelle que soit leur communauté.

Une exposition dérangeante, émouvante, portant à la réflexion sur un pays, connu par moi seulement par quelques clichés, qui traverse une période de mutations sans précédent.

1 commentaire:

JCMEMO a dit…

Bravo un fois de plus pour ton article ! J'ai apprécié et j'ai appris des tas de choses : je regrette d'autant plus d'avoir "loupé" cette expo..
Merci et à bientôt
JC