lundi 3 janvier 2011

Un DRH à la recherche de son humanité

Le "Voyage du Directeur des Ressources Humaines" d' Eran Riklis est un vrai bijou, dans le genre tragi-comique.

Ce long métrage français, allemand, roumain, israélien nous conte le périple qui entraine le DRH de la plus grande boulangerie de Jérusalem jusqu'au fin fond de la Roumanie, en plein hiver.

Notre DRH se voit contraint d'accompagner l'encombrant cercueil d'une employée qu'il ne connaissait pas, victime d'un attentat terroriste en plein Jérusalem, vers sa dernière demeure.


Il apprend petit à petit à la connaître, post mortem, en accomplissant ce voyage chaotique et initiatique en compagnie du fils révolté de la défunte, d'un journaliste plus qu'encombrant, d'une consule excentrique et j'en passe.

Le voyage n'est pas encore terminé quand le film touche à sa fin, mais ce qui est évident, c'est que notre Directeur des Ressources Humaines, au cours de cette aventure rocambolesque, arrive peu à peu à la découverte de lui-même et de sa propre humanité.

Ses contacts désopilants et tragiques avec ses protagonistes, les aventures à rebondissements multiples, les obstacles administratifs insensés, les pannes diverses et variées font petit à petit évoluer notre homme, dans un cheminement intérieur qui m'a bouleversé.

Il en ressortira tout à fait apte à s'occuper désormais des "Ressources Humaines", certes, certes, mais nous ne saurons jamais s'il finira un jour par regagner son poste à Jérusalem : cet accompagnement rocambolesque du cercueil de la pauvre Yulia n'aura peut-être pas de fin...et c'est peut-être bien ainsi, car notre DRH, en voyageant avec la mort, ne cesse de découvrir la vie sur son chemin.

Il se dégage de ce film une puissance émotionnelle et une tendresse d'autant plus grandes qu'elles jaillissent de situations totalement cocasses, de grands moments d'autodérision, d'humour déjanté, en particulier dans le choc des cultures. Le choix des acteurs est magnifique...et quelles "tronches", en Roumanie!

Eran Riklis réussit à faire cohabiter mort et comédie dans cet improbable et picaresque road movie : c'est désopilant, dramatique et tendre!

Qui plus est, un excellent tempo se maintient du début à la fin!

Il y a un côté dans ce film qui me fait d'ailleurs penser à Emir Kusturika.

Eran Riklis, réalisateur du film "Les citronniers" fait se rencontrer ici deux cultures, celles d'Israël et de la Roumanie, deux pays très intéressants par ailleurs au niveau de leurs productions cinématographiques actuelles.

Cette oeuvre épique et émouvante, attachante et profondément humaine, a obtenu le Prix du Public au dernier Festival de Locarno : épatant!

Natif, en 1954, de Jérusalem, le réalisateur, qui n'a cessé de voyager au travers du monde, aime à rappeler qu'il est un "citoyen du monde".

Eran Riklis a été marqué par son service militaire en Israël en 1973.

Ce film semble moins politique que les précédents, mais en apparence seulement, car il y traite de l' immigration de Yulia en Terre Promise (sujet brûlant actuellement en Israël) , et de son rêve brutalement brisé par le terrorisme.

"Mes histoires sont israéliennes, mais ont une dimension universelle".
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Voir la bande annonce :

1 commentaire:

JCMEMO a dit…

Je ne suis pas allé voir le film car je n'avais pas trop aimé "Les citronniers" (un peu trop naïf...sur un sujet tellement douloureux)...
Mais j'avoue qu'aprés la lecture de votre chronique, je suis tenté....
Cordialement (et meilleurs voeux bien sur pour 2011)
JCMEMO