jeudi 2 décembre 2010

Charretiers et cantonniers, en hiver, du côté du Col de Tende

La vie n'était pas facile, en hiver, au début du XX° siècle (et avant !) sur la route du sel, pour qui voulait franchir le Col de Tende, sur la frontière italienne.


Le trafic des mules et des charrettes ne s'arrêtait pas, même par temps de neige et de glace : l'économie de toute la région en dépendait, du Piémont italien à Nice
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Lorsque nous nous demandons, par ces temps de froidure et d'enneigement, si le Col de Tende sera dégagé, si le chasse-neige est passé, si il va falloir "chaîner" pour le franchir, pour circuler entre Tende et Cuneo, nous oublions la vie âpre, austère, dure que charretiers et cantonniers menaient pour assurer "la libre circulation des marchandises et des gens".
C'était aussi par ailleurs une vie d'amitié et d'entr'aide...

"Les cantonniers n'étaient pas nombreux ; depuis l'ancienne gare frontière, à Paganin, il y en avait un là-bas, un à Saint-Dalmas, de Saint-Dalmas à Tende un autre et de Viévola au Col de Tende, il y en avait un autre. L'hiver il y en avait en supplément.

Au pont de Caramagne, il y a une petite maison cantonnière, là c'était la maison des cantonniers de l'hiver.
Trois ou quatre y passaient l'hiver quand il neigeait.

On déblayait la route avec le chasse-neige avec des chevaux, avec des mulets, ça n'était pas facile.

Ah! Mais des fois on montait le chasse neige à un mètre de largeur et puis on arrivait jusqu'au tunnel, et en descendant on le mettait à trois mètres, deux mètres selon la neige qu'il y avait. On arrivait tout le temps à déblayer.
Bien ou mal, ou plus large ou plus étroit!


Tourmente ou pas tourmente, on partait...

Et selon les centimètres de neige qu'il y avait, on mettait la force des chevaux.
En principe, c'était toujours dix ou douze chevaux tous en couple et un bonhomme devant pour faire le tracé..."
(Mr François Riberi, de Tende)
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"Les charretiers de Tende me racontaient qu'en hiver, au Col de Tende, quand elles respiraient, les bêtes avaient des glaçons comme ça!


C'étaient les mulets qui tenaient.

Il fallait tous les jours et la poste et le ravitaillement : il fallait grimper le col de Tende quand il n'y avait pas le tunnel...

...En hiver, quand la route était verglassée, les cantonniers mettaient de la terre. Nous, nous avions des clous exprès pour la glace.
On avait toujours le nécessaire.

A chaque pied de la bête, on enlevait deux clous qui étaient usés et on mettait des clous neufs avec une tête pointue.
Alors là, ils se cramponnaient.
C'était des clous spéciaux pour la glace.

Et souvent il nous arrivait en route qu'une bête se déferrait. Alors on était obligé de faire le maréchal ferrand. On avait toujours des clous, les tenailles, le marteau... "
(Mr Victor Gastaud, de Breil sur Roya)

Cf mes 2 notes sur la route du sel et le Col de Tende :

Sur la Route du Sel, au Col de Tende, 11/08/2010 :
La route, les charretiers, la vie à Tende, autrefois, 5/04/2010 :

1 commentaire:

JCMEMO a dit…

Bien loin! bien loin! trop loin ? de cette vie là (cf certaines réactions à la suite des intempéries actuelles...)
JC