dimanche 31 octobre 2010

Le photographe Chauncey Hare face aux victimes du travail

L'américain Chauncey Hare, né en 1934, suit les traces de son père et devient en 1956 ingénieur à la Standard Oil, le géant de l'industrie pétrolière américaine, en Californie.

Il y mène alors une vie de travail et familiale tout ce qu'il y a de plus classique : la réalisation du rêve américain.

Il a cependant un hobby : la photographie. Il a un labo dans sa villa et développe et tire ses photos, des vues de paysages tout ce qu'il y a de plus classique, là aussi.

Mais les choses changent pour lui en 1967.

Confronté aux mouvements pour les droits civiques, il commence à prendre des photos de manifestants.

Puis, sa vocation se précise en mars 1968 : il rencontre un ancien ouvrier de raffinerie souffrant de troubles graves suite à des émanations de gaz toxiques sur son lieu de travail.

Il va le photographier chez lui.(Voir ci-contre)

Il commence alors à photographier des employés et des ouvriers dans le décor familial de leur domicile pour dénoncer les conséquences physiques et psychologiques de leur travail, perceptibles jusque dans la sphère privée.

"Je fais ces photographies pour protester contre la domination grandissante exercée par les entreprises multinationales, leurs actionnaires et dirigeants, sur les travailleurs."


Ces photographies ont été réunies dans un livre : "Interior America" publié en 1978 par Aperture.

Il publiera par la suite un second livre intitulé "Protest Photographs" sur la même thématique.

D'ailleurs, Chauncey Hare ne se considère pas lui-même comme étant photographe : il arrête la photo en 2000 et se considère plutôt comme étant un protestataire...et un thérapeute familial, ce qu'il est devenu par la suite.

Un certain nombre de ses oeuvres, constituant un témoignage social poignant, peuvent être vues jusqu'au 19 Décembre 2010 à la nouvelle salle d'exposition "Le Bal" à PARIS XVIII° (http://www.le-bal.fr) dans le cadre de l'exposition "ANONYMES" (L'Amérique sans nom : Photographie et Cinéma) qui regroupe également les oeuvres d'autres artistes, que j'évoquerai par la suite.

Voir Mon site Photos.

mardi 26 octobre 2010

Quand Fédor Chaliapine chante la mort de Boris

L'audition de Boris Godounov dont je parle dans ma note précédente évoque pour moi des souvenirs musicaux indélébiles.

Le premier disque vinyl classique qui m'ait été offert, vers la fin des années 50 a été justement "Boris Godounov"; il s'agissait des extraits les plus marquants, interprétés par Fédor Chaliapine : un repiquage assez crachottant d'un enregistrement live de 1928 à Covent Garden (His Master's Voice, Victor) mais qui m'a profondément marqué...et a certainement initié mon intérêt pour le lyrique.

Des graves profonds comme des tombeaux, des aigus pleins d'odeurs légères...des frissons inexplicables...
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Fédor Chaliapine est né en 1873 à Kazan et mort en 1938 à Paris.

Il était considéré à juste titre comme la plus grande basse slave de son temps.

Et ses successeurs, tel Boris Christoff ont été jugés, souvent avec sévérité, à son aune. Difficile de succéder à Chaliapine!

Autorisé à quitter l'URSS en 1922 pour une tournée à l'étranger, il choisit de ne plus y retourner.

Fédor Chaliapine et l'illustre ténor italien Enrico Caruso ont su réunir une voix exceptionnelle, une personnalité expressive sur scène, une intelligence des rôles et un charisme hors du commun.

Ils ont ainsi conféré à l'Opéra une nouvelle dimension propre à satisfaire les attentes des amateurs du XX° siècle.

Une plaque est apposée 22 Avenue d'Eylau à Paris XVI° sur l'immeuble où Chaliapine vécut et mourut.
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Chaliapine chante ci-dessous la mort de Boris :

lundi 25 octobre 2010

René Pape en Boris Godounov au Met!

Le metteur en scène Stephen Wadsworth nous a offert en ce samedi 23 Octobre, retransmis en live à Mulhouse, depuis le Met de New York, un Boris Godounov de très haut niveau avec une distribution vraiment excellente, pour l'un des opéras les plus captivants du répertoire lyrique.
L'orchestre était dirigé avec force et une très grande sensibilité musicale par Valery Gergiev.

C'était, d'après les propres paroles du metteur en scène un "immense défi".
Défi relevé et réussi, et comment!

Stephen Wadsworth nous a présenté "Boris Godounov" dans la version de 1872.

A noter que la version de 1870 de Moussorgski avait été refusée (pas de rôle féminin, pas de ballet et rôle principal non tenu par un ténor).

Il passa plusieurs années à remanier son opéra.

Après le décès de Moussorgsky, en 1881, Rimsky-Korsakov réorchestrera l'oeuvre de son ami, ainsi que Shostakovitch en 1959...

Ecouter René Pape, la célèbre basse allemande, dans le rôle titre de Boris, c'est avoir le souffle coupé!

Il incarne avec une vérité époustouflante un Boris rongé par les doutes et le remord : tout l'amour qu'il donne au peuple russe, à ceux qui l'entourent, à ses enfants, ne peut effacer la tache indélébile de l'assassinat du jeune tsarevitch Dimitri.

J'ai été saisi et bouleversé par une interprétation d'une intensité émotionnelle puissante, ayant devant les yeux non pas un acteur, mais réellement un tsar en proie aux hallucinations et à la folie qui s'insinue pas à pas dans son âme tourmentée.

Nous voyons la mort noire et sanglante s'avancer devant nous, inéluctablement, à sa rencontre. Et cela, depuis le moment même, où, hanté par un pressentiment étrange, il accepte la couronne sous les acclamations du peuple russe.

La souffrance et l'ambition d'une nation entière, ravagée par le chaos et la misère, nous prennent aux tripes dans cette oeuvre et dans cette production, où l'Innocent fait écho de façon dramatique, de par sa lucidité exacerbée et ses plaintes déchirantes à la confusion mentale hallucinée de Boris.

René Pape a interprété avec brio, force, puissance et sensibilité les rôles marquants du répertoire lyrique de basse : Philippe II dans Don Carlo de Verdi, Mephistophélès dans le Faust de Gounod, Sarastro dans La Flute enchantée, Fasolt dans l'Or du Rhin de Wagner, etc...

Ecoutez un René Pape bouleversant dans la méditation solitaire de Philippe II "Ella giammai m'amo" dans la partie finale du Don Carlo de Verdi, en version orchestrale :


jeudi 14 octobre 2010

Récolte du maïs en Alsace

La récolte du maïs a commencé il y a quelques jours, sous mes fenêtres, avec deux semaines de retard : les agriculteurs ont attendu que le maïs soit bien mûr.

C'est le ballet des moissonneuses batteuses dans la plaine d'Alsace.

Ce "cru" 2010 est, paraît-il, un peu décevant : mauvaise météo au printemps et manque de soleil cet été en sont la cause.

Le pourcentage de terrains consacrés au maïs tend à décroître légèrement en Alsace, pour respecter les directives européennes, mais reste encore au niveau de 40%.

Le maïs est utilisé essentiellement pour l'alimentation du bétail (70% du tonnage), par les industries de l'amidon (20%), pour la semoulerie (8%), et pour la production d'alcool pour les biocarburants (2%).

Dans les anciennes cultures mexicaines, le maïs était l' "expression" du soleil, du monde et de l'homme.

Dans les textes mythologiques mayas (tel le Popol-Vuh), la création du monde ne s'est achevée qu'après la 3° tentative.

En effet :

Le premier homme, détruit par une inondation, était fait d'argile.

Le second, dispersé par une grande pluie, était fait de bois.

Mais seul le troisième, le père des Mayas, a résisté, car il était fait de maïs.

Chez les Aztèques, le maïs est une divinité : le dieu Centeolt.

Sous les yeux du promeneur, dans la plaine d'Alsace, le maïs est omniprésent, et gâche le paysage. Il pollue non seulement le regard mais aussi la nappe phréatique par les produits phytosanitaires qu'il requiert.

Restent heureusement les zones du ried, préservées !

Lorsqu'on se ballade en vélo, comme je le fais, du printemps à la fin de l'automne, le paysage se transforme peu à peu, et on ne peut pédaler en été, autour de chez moi, que dans de véritables trouées vertes cachant aux regards et les Vosges et la Forêt Noire et les clochers des villages.

Les champs offrent à nouveau, à la mi-octobre, aux regards des vélocipédistes, des perspectives dégagées, mais, hélas, la chaleur n'est plus de la partie, les bonnets et les gants redeviennent nécessaires.

Nous avançons à grands pas vers l'hiver et les terres, après la production intensive et les récoltes, aspirent au repos.
Voila le paysage que je pourrai à nouveau contempler ...

mercredi 13 octobre 2010

David Murray, entre Jazz et musique africaine

David Murray, saxophoniste natif de la Côte Ouest des Etats Unis (il est né à Oakland en Californie en 1955) a été plongé tout petit dans le bain musical. Avec une mère pianiste de gospel, un père pasteur et guitariste, il a de qui tenir ; il joue pendant les offices, plusieurs fois par semaine, à la Church of God and Christ.


En 1969 il donne sa première représentation publique à Berkeley. Il est passionné de blues, mais suit des études de musique classique.

Dès 1975 il se consacre au saxophone, est vite reconnu à New York comme l'un des musiciens les plus emblématiques de la "Loft Generation", les héritiers du free jazz à Greenwich Village.

Il monte un groupe qui devient mythique : le World Saxophone Quartet...tout en continuant à créer et à (se) chercher dans différentes directions.

David Murray, musicien brillant, semble en effet être un personnage complexe.

Titulaire de nombreuses récompenses, dont le "Jazzpar Prize" (le Nobel du Jazz), le Grammy Award, un Guggenheim Fellowship, un Bird Award, il continue à explorer de nouveau espaces de liberté : post-free jazz, référence aux racines africaines, exploration de la musique guadeloupéenne...dans le rejet des normes.

Il écrit même un opéra en hommage à Pouchkine, dont le grand père était africain...!

Ce boulimique est en quête d'identité et multiplie les expériences aventureuses : le jazz ou la musique de ses ancêtres ? Les deux!

"The Devil Tried to kill me" qui nous a été offert hier soir à La Filature à Mulhouse, avec le groupe guadeloupéen "The Gwo Ka Masters" est en effet un mix tout à fait intéressant, inattendu et parfait au niveau musicalité, de Jazz et de musique africaine (sans pour autant atteindre à la magie...). Au diable les puristes qui s'en étonneront!


Alors, le "Gwo Ka", qu'est-ce?
C'est un genre musical de la Guadeloupe joué avec des tambours (Ka), né pendant la période de l'esclavage dans les plantations. Ce genre s'affirme maintenant comme la première musique (et danse) de la Guadeloupe.


Ce groupe est servi par de jeunes musiciens talentueux animés d'un feu dévorant, qui se donnent avec sincérité : Klod Kiavue et ses chants envoûtants et François Ladrezeau.


Les envolées de David Murray sont jubilatoires ...et par moment agressives : un lyrisme exarcerbé!

L'ensemble qui, par moments, se laisse aller à une certaine routine, est cependant vraiment vibrant, engagé et énivrant : chaque note, essentielle, clame sa libération.


Ecoutez donc !
http://www.youtube.com/watch?v=wHmMg2HK9_Y&feature=related

lundi 11 octobre 2010

L'Or du Rhin au Met

Samedi soir, j'ai été vraiment fasciné par la retransmission en live, à Mulhouse, de l" Or du Rhin" de Richard Wagner depuis le Met, à New York.
Un seul acte de 2h30 en quatre scènes.

A vrai dire, je reconnais que j'apprécie de plus en plus Wagner...
...Mais bien entendu, pour moi, il est très loin d'atteindre Verdi, Puccini, Donizzetti.
Cependant, je m'y mets, à force d'entendre différentes interprétations des opéras du cycle du Ring, la Tétralogie : l'Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried et le Crépuscule des Dieux.

Je ne suis plus rebuté par les symboles, la mythologie nordique complexe, les relations chevelues entre les dieux, les gnomes, les géants et les hommes.
Je n'en apprécie que mieux les différentes mises en scène, les décors...et surtout les voix.
De ces différents points de vue, nous avons étés gâtés ce samedi soir.

Depuis le début des retransmissions Haute Définition en France des Opéras du Met sur Grand Ecran, aucun opéra de Wagner n'avait été programmé.
C'était donc une grande première dans 46 pays!

Nous attendions tout particulièrement ce qu'allait nous offrir le metteur en scène canadien Robert Lepage. Sa production très coûteuse (16 millions de dollars) utilise des moyens techniques impressionnants et des effets spectaculaires qui pourtant s'effacent et permettent de mettre en valeur des voix magnifiques.

Bryn Terfel (baryton-basse) en Wotan est magistral ; ses doutes et ses hésitations ne transparaissent que trop sous sa carapace et et ses fausses certitudes de dieu qui règne, avant les hommes, mais qui succombe à la volonté de puissance et à une cupidité sans limite. C'est sa première interprétation de ce rôle au Met. (photo ci-dessus à droite)

Le ténor Richard Croft nous donne une interprétation très juste de Loge, le dieu du feu, toujours en recul par rapport aux évènements au point de pouvoir prédire la destruction de l'harmonie du monde qui découle de l'inconséquence des autres dieux : tout est rongé par le mensonge, l'ambition et la trahison (photo à gauche).

Eric Owens (baryton-basse) est une révélation en Alberich, le gnome du Niebelheim qui, pour pouvoir dérober l'Or du Rhin aux 3 filles du Rhin, et s'en forger le "Ring" magique, accepte de renoncer à l'amour et à ses plaisirs. C'est une interprétation de grande envergure. (photo ci-dessous à droite)


Le maestro James Levine est formidable...comme à l'accoutumée. Il fête d'ailleurs ses 40 ans de présence au Met. Sous sa houlette, l'orchestre nous a donné une interprétation grandiose de l'Or du Rhin, mais également toute en finesse.

James Levine et Robert Lepage nous ont offert ce samedi 9 octobre 2010 un voyage lyrique magnifique et visionnaire.



vendredi 8 octobre 2010

Deux photographes à Paris : Harry Callahan et Koos Breukel

Deux expositions à Paris qui m'ont marqué et touché: celle du photographe américain Harry Callahan : "Variations" ( Fondation Henri Cartier Bresson) et du photographe néerlandais Koos Breukel : "Faire Face" (Maison Européenne de la photographie).


Deux styles différents, deux intuitions personnelles poursuivies au fil des années.

Un travail remarquable de sensibilité de deux artistes à la recherche d'eux-même et du monde.

"Dévisager, scruter, tenter de débusquer la personne sous le personnage, telle a été de tout temps l'ambition de ceux qui s'efforcent de révéler la vérité du sujet, qu'elle soit psychologique, sociale ou politique." Koos Breukel.
(Un portrait par K.B. ci-dessus)

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"Je pense que lorsqu'on regarde une oeuvre, il faut ressentir l'artiste, et pas seulement qu'il a pris une belle image du monde." Harry Callahan.
(Un portrait par H.K. à droite)
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Pour plus de détails voir deux notes sur mon autre blog:
http://romeojuliette.blog.lemonde.fr/

Voir aussi Mon site Photos

mercredi 6 octobre 2010

"Trahisons" de Harold Pinter : plus qu'une simple histoire d'amour

Je viens d'assister hier soir à une représentation absolument excellente de la fameuse pièce de Harold Pinter (Prix Nobel de Littérature 2005): "Trahisons".

C'est la 4° fois que je vois cette pièce, vue avec d'autres mises en scène et d'autres acteurs (2 fois à Avignon et une fois à Paris, au Théatre de l'Atelier), mais j'ai été enthousiasmé par la représentation d'hier soir au "Lucernaire" à Paris.

C'est la Compagnie "Demain on déménage", de Paris, qui a monté cette pièce.

Traduction et adaptation Eric Kahane. Mise en scène de Mitch Hooper, qui a été l'assistant de Pinter et avait déjà participé à la création de "Trahisons"par David Leveau au Théatre de l'Atelier (Celle que j'avais vue et qui était très juste aussi).

Le décor, à peine évoqué (meubles recouverts de draps blancs, aux formes incertaines) est juste là pour souligner efficacement le jeu des acteurs.

Ce ne pourrait être qu'une "simple" histoire d'amour, de mariage et d'adultère. Mais cela va plus loin, vers la mise en évidence de profondes vérités psychologiques, comme sait si bien le faire Pinter.

Les comédiens sont justes, retenus, sensibles ; un jeu subtil!

C'est admirablement bien joué par Delphine Lalizout (Emma), une femme qui perd ses repères et s'enlise dans les faux semblants, déchirée qu'elle est entre deux hommes et ses propres désirs, déboussolée de n'avoir été vraiment retenue par aucun des deux, Anatole de Bodinat (Jerry), qui cherche à tout prix à communiquer tout en ne sachant plus où il en est, et Sacha Petronijevic qui campe un Robert flegmatique, ambigu, honnête par moments, et à d'autres, plein d'assurance dans le mensonge.

Peut-on parler véritablement de trahisons?

Ce sont de petites démissions au quotidien, une peur de dire, d'affronter les autres, qui conduisent peu à peu à de véritables sacs de noeuds relationnels devenus impossibles à déméler.

Le flash back tout cinématographique utilisé par Pinter au cours de neuf tableaux nous offre une démonstration du pourquoi et du comment des choses : comment en sont-ils arrivés là, comment le passé s'impose avec tant d'évidence au présent.

Pas de jugement de la part de Pinter, mais un constat sur les petites infidélités envers les autres, les petites manipulations insidieuses, qui font la complexité des relations humaines.

Si "Trahisons" il y a, c'est surtout, pour chacun des personnages, vis à vis de soi-même, au jour le jour.



vendredi 1 octobre 2010

L'Alsace en canoë

Eh oui, en Alsace, il n'y a pas que les Vosges et le vignoble!

Il y a aussi le Ried et ses zones inondables (après les pluies d'automne et lors de la fonte des neiges), proches du Rhin, réserves pour oiseaux et animaux, où courent de nombreux ruisseaux et rivières telles que l'Ill et ses bras morts.

Les oiseaux trouvent dans le Ried une nourriture abondante ; on y trouve des dizaines d'espèces parmis lesquelles les canards, les mouettes, les hérons cendrés, les cygnes, les vanneaux huppés...et au printemps, le courlis, devenu l'emblème du Ried.

Les inondations y provoquent aussi la remontée de la nappe phréatique qui maintient le sol inondé bien après la décrue des rivières.

Il y a en particulier le "Grand Ried", situé au coeur de la plaine d'Alsace, entre Strasbourg et Colmar.

Il est bordé de part et d'autre par l'Ill et le Rhin et constitue un espace d'environ 200km2.

(A noter : le terme "Ried" provient de l'alémanique Rieth, qui signifie jonc ou roseau.)
On y trouve des zones de prés inondables et de magnifiques forêts, parcourues par mille petites rivières telles la Zembs et le Truligraben, dont nombre sont alimentées uniquement par la nappe phréatique qui, ici, affleure .
L'eau y est toujours fraîche et claire.
On parle alors de "Brunnwasser" (rivières phréatiques)

Ces zones, qui ont échappé fort heureusement à la culture du maïs, omniprésente dans la plaine alsacienne, sont protégées soit par une charte agricole, soit pas des associations de protection de la nature.

Les paysages y sont d'une beauté magnifique et insoupçonnée.

A peu de distance de villes comme Colmar et Sélestat et des villages, on trouve des espaces préservés au silence incroyable.

J'ai eu le grand plaisir de passer une journée entière ce jeudi dans cet espace exceptionnel et calme et de m'y promener avec des amis avec le seul moyen de transport adapté : le canoë.

Notre expédition s'est terminée à Sélestat, en partant de Maison Rouge et d'Illaeusern.

"Expédition" est un bien grand mot, mais il faut compter sur le chavirement fréquent des canoës, les ensablements et les tronçons de parcours sous la pluie battante, en automne.

Les vêtements de rechange transportés en bidons étanches ne sont pas un luxe!
D'ailleurs, on trouve sur ces cours d'eau des petites iles paradisiaques pour les séances de streap tease improvisées, et les pics-nics si le soleil est de la partie.

Le Ried alsacien vaut vraiment plus qu'un détour : une exploration (en période de basses eaux...)!