vendredi 27 août 2010

Nicolas de Staël : ses dix dernières années

La Fondation Gianadda, à Martigny, en Suisse, a rarement exposé deux fois le même artiste.
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Exception faite pour Nicolas de Staël, qui y avait été présenté pour la première fois en 1995.
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Cet artiste majeur du XX° siècle y est exposé en ce moment, sous la responsabilité artistique particulièrement éclairée de Jean-Louis Prat (dont j'avais écouté il y a quelques années avec grand intérêt les présentations d'expositions à la Fondation Maeght, dans l'arrière pays niçois).
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Pour mon plus grand plaisir, j'ai pu visiter cette exposition il y a trois semaines ; exposition qui retrace le parcours exemplaire et étonnant de Nicolas de Staël durant les dix dernières années de sa vie : de 1945 à 1955.

J'y ai découvert et redécouvert des oeuvres éclatantes de couleurs, toujours à la limite de l'abstrait et du figuratif, mais aussi des dessins, des études et des compositions sur papier, réalisés au feutre, au fusain, à l'encre de chine ; et aussi des collages, que je découvrais avec bonheur pour la première fois.

On dirait que le peintre traque la vérité, frôle les limites indéfinissables du visible et de l'invisible.

Il y a des foules de peintres habiles, mais il y en a, comme Nicolas de Staël pour qui "la vie, c'est si beau, que c'est à se mettre à genoux devant".

L'oeuvre de Nicolas de Staël ne s'enferme pas dans une trouvaille technique : elle cherche le point où matière et lumière s'abolissent en se dépassant et, de désastre en désastre, désignent l'impossible contact avec le réel, entrevu dans des moments d'éblouissement...

"Le contact avec la toile, je le perds à chaque instant, et le retrouve et le perds."

Nicolas de Staël se donnera la mort le 16 mars 1955 à Antibes...

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Allez rencontrer Nicolas de Staël à la Fondation Gianadda, vraiment, c'est jusqu'au 21 Novembre!

jeudi 19 août 2010

Bâle et ses "Läckerli"

Bâle (Basel en allemand) est la 3° ville de Suisse, et aussi le Chef-lieu du Canton de "Bâle-Ville".

A noter l'existence du Canton de "Bâle-Campagne" (Basel Landschaft), à la forme assez tourmentée, dont le Chef Lieu est Liestal.

Bâle est à 3 km de la frontière française, à 27 km de Mulhouse, et 5 km de la frontière allemande et s'étend sur les deux rives du Rhin.

C'est vraiment une ville magnifique, si on fait abstraction des industries chimiques et pharmaceutiques qui la cernent, accessible rapidement en train depuis Colmar , en Alsace(Arrivée à la Gare SNCF à Bâle), puis de là, les portes de la Suisse nous sont ouvertes, en particulier par le train, depuis la gare suisse.

Cette ville est chargée d'ans et d'histoire, comme on dit, mais aussi de tout plein de particularités.

Première particularité : c'est à Bâle que le Rhin, coulant jusqu'alors d'Est en Ouest, bifurque brusquement vers le Nord.
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Seconde particularité de l'agglomération bâloise, c'est qu'elle est trinationale, puisque elle englobe Saint-Louis et Huningue, en Alsace et Weil-am-Rhein et Lörrach, en Allemagne (Bade Wurtemberg).

Bâle compte 170 000 habitants, et l'Eurodistrict (Dreiländerecke, district des 3 frontières) plus de 800 000.
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Troisième particularité : Bâle est le dernier port du Rhin accessible aux péniches ; en effet, non loin en amont, les chutes du Rhin, à Schaffhouse interdisent toute navigation.
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Quatrième particularité : son époustouflant Carnaval plus que centenaire.
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Cinquième particularité : Art Basel, la très importante Foire Internationale d'art contemporain (mi-juin)
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Sixième particularité et non des moindres : les "Basler Läckerli", les petits gâteaux bâlois rectangulaires proches du pain d'épice, au miel, aux fruits confits et à la cannelle.

(Soyons honnètes : on les trouve aussi en Alsace au moment de Noël, dans la grande variété des bredelas.)

Il paraît que la tradition de ce petit gâteau raffiné remonte à l'époque du Concile de Bâle (1431-1449) où on ne pouvait pas servir n'importe quoi aux gens d'Eglise : les Läckerli étaient inventés.

Mais ce terme de "Basler Läckerli" apparait pour la première fois en 1720.
Dont acte.

En tout cas, c'est fort bon...et fort riche.

A conseiller pour accompagner le café, ou pour se donner un coup de fouet si nécessaire en randonnée par exemple - et même en temps normal !

A ce rythme là, il vaut mieux les acheter par sac d'un kilo, je ne vous dit que ça!

mercredi 18 août 2010

Emotion et admiration à Notre Dame de Hambye

Quand le visiteur s'arrête, devant la porterie de l' Abbaye de Notre Dame de Hambye, construite entre 1150 et 1250, le temps s'arrête lui aussi.
Là même où Guillaume Paynel, seigneur, baron de Hambye, déposa les armes en 1145, et décida de fonder une Abbaye, nous devons reprendre notre souffle.

"Qu'il soit connu de tous, présents et à venir, que moi, Guillaume Paynel, de l'avis et du consentement de mes fils Hugues, Foulques, Thomas et Jean, j'ai fondé une abbaye sur mon propre héritage, à Hambye, pour le salut de mon âme, et de celle de mon père, de ma mère et de mes ancêtres...."
Nous sommes en France, dans le Cotentin, non loin de Coutances, en Normandie et sur les bords de la Sienne.

J'ai du reprendre mes esprits en effet, en ce début du mois de Juillet 2010!

Une fois franchi le seuil, j'en avais le souffle coupé : devant mes yeux, dans son écrin de verdure, les ruines d'une formidable abbatiale s'élancaient vers le ciel.
Un jaillissement de fines colonnes, de contreforts audacieux, de volées d'arcs-boutants qui vont se reposer en plein ciel contre les rebords de fenêtres hautes suspendues en plein vent.

Au coeur de l'abbatiale, le ciel normand est toujours au dessus de nos têtes et cet amoncellement de dentelles de pierre suspendues lance comme une prière permanente aux éléments.
Le vertige qui nous prend aux tripes dans cette formidable ruine qui tend ses bras desespérément vers les cieux est accentué par le fait que les bâtiments claustraux tout proches sont en bon état de conservation, comme si les moines étaient toujours là, attentifs à suivre dans la salle capitulaire la lecture de la Règle de Saint Benoît!

Au cours des XII°, XIII° et XIV° siècles, de puissants personnages contribuèrent par leurs dons et leur soutien à l'épanouissement de l'Abbaye : Henri II, Roi d'Angleterre, Aliénor, Comtesse de Salisbury, les Papes Alexandre III, Grégoire X et Clément VI.

L'Abbaye, sous l'impulsion des moines gris, compta lors des ses heures de gloire, jusqu'à 40 personnes engagées dans la prière, le travail de copistes et le travail manuel.

Après une période de relâchement, l'Abbaye connut un second souffle au début du XV° siècle sous l'impulsion de son 18° Abbé, Guillaume Bertaut.

Mais la Guerre de Cent ans, le scandale des Abbés commenditaires au XVI° siècle mettent à mal l'Abbaye de Hambye : le déclin est amorcé!

A la Révolution, terres et bâtiments furent vendus, et, jusqu'en 1850, elle fut saccagée à loisir, mutilée, amputée d'une travée, de son portail et de sa façade.
Les pierres tombales disparurent.
On s'empara de tout ce qui pouvait servir ou être revendu...
La toiture finit par s'effondrer.

Mais en 1860, l'évêque de Coutances arrêta le désastre et fit ériger des piles dans le choeur pour soutenir ce qui restait de l'édifice.

En 1956 le docteur Beck acheta les bâtiments conventuels et les restaura ; puis le Conseil Général de la Manche fit l'acquisition des ruines de l'église.

Dans cette Abbatiale, le roman et le gothique se côtoient, et ce qui reste de l'ornementation rappelle l' austérité cistercienne.

L'église, dont l'étroitesse de la nef accentue encore la verticalité s'ouvre sur le ciel à 21m de hauteur.

Force et puissance se dégagent de ces pierres, qui éveillent en nous émotion et admiration.

Nous sommes là comme devant un mystère : les murs et le choeur s'élèvent comme une prière encore plus forte et poignante dans le vent et la ronde incessante des nuages.

vendredi 13 août 2010

Arkaïm, la mystérieuse cité des steppes de l'Oural

Non, je ne suis pas encore passé par là, mais c'est grâce à l'exposition franco-russe unique en Europe (jusqu'au 31 Mars 2011) du Musée des Merveilles de Tende, sur la frontière franco-italienne, que j'ai découvert avec étonnement la Cité mystérieuse d'Arkaïm.


Arkaïm, s'étend sur 20 000m² et est au centre d'une vingtaine de structures, d'agglomérations circulaires du même type qui constituent ce qu'on appelle "La Contrée des Cités".


Les populations sédentarisées depuis l'âge du cuivre dans ces étonnantes "cités-colonies"fortifiées ont développé une riche économie basée non seulement sur l'élevage et les chevaux, mais aussi sur une activité métallurgique exceptionnelle.

Arkaïm, cité de l'âge du bronze, découverte en 1987 dans les steppes de l'Oural, entre la Russie et le Kazakhstan (près de la ville de Chelyabinsk) suscite l'enthousiasme des spécialistes du monde entier...et aussi des non spécialistes. L'importance de cette découverte est telle qu'un projet de barrage devant engloutir le site a purement et simplement été annulé.

Cette cité a accueilli voila plus de 4000 ans une technologie et des connaissances bien supérieures à celles des autres peuples de l'époque.

La civilisation qui s'y développa su en effet exploiter les gisements de cuivre des contreforts de l'Oural.
Les fouillles mettent en évidence le haut niveau de développement de l'activité métallurgique de ses habitants.

Cette cite d' Arkaïm, que l'on estime contemporaine de Babylone et des premières cités égyptiennes, présente un état d'intégrité unique de ses ouvrages de fortification et de ses sépultures.

La structure et les aménagements de ces habitations sont étonnants : stockage de nourriture liée à des sytèmes d'aération, eau potable avec puits pour chaque maison, évacuation des eaux de pluie , système d'égouts perfectionnés ...

De plus, l'architecture choisie par les bâtisseurs consiste en d'imposants cercles concentriques avec double système de fortifications, choisis pour bien s'intégrer dans le paysage, en cohérence avec les croyances symboliques de ces populations.

Ces communautés se divisaient de façon hiérarchisée en prêtres, guerriers et artisans, rassemblés autour d'une élite religieuse. La femme y possédait un statut social élevé et prenait une part importante à la vie de cette société.

Dans cette exposition exceptionnelle est aussi évoquée une comparaison avec les cultures eurasiennes contemporaines d'Arkaïm, en particulier avec la civilisation de l'âge du bronze de la Vallée des Merveilles, au dessus de Tende.

jeudi 12 août 2010

Une communauté protestante vaudoise à Tende

M'intéressant à la vie et à l'histoire du village de Tende, dans l'arrière pays de Nice, en France, sur la frontière italienne, quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre qu'il y avait eu dans ce gros bourg une communauté protestante vaudoise entre la fin du XIX° et le début du XX° siècle.


Et plus précisément exactement durant 3 décennies, de 1880 à 1910, et que cette présence était liée au percement des tunnels routiers et ferroviaires sous le Col de Tende, et à la construction de la voie ferrée entre Limone (Italie) et Tende, dont j'ai parlé dans deux notes précédentes.

Tout d'abord, je rappelle que les Eglises vaudoises sont nées d'un mouvement lancé au XII° siècle par le marchand lyonnais Pierre Valdès qui prêcha la pauvreté et le strict retour à l'Evangile.
Ce en quoi il fut rejeté comme hérétique par l'Eglise Catholique (!).

Les adeptes du mouvement vaudois, persécutés, se réfugièrent dans les vallées piémontaises au SO de Turin, qui sont d'ailleurs de ce fait dénommées "Valli Valdesi" (vallées vaudoises). On y trouve encore 15 000 pratiquants vaudois de nos jours.

A noter que ce nom ne fait pas du tout référence au Canton de Vaud en Suisse ; il ne faut donc pas confondre l'Eglise Evangélique Vaudoise avec l'Eglise Evangélique Réformée du Canton de Vaud!

C'est là que je reviens à mes histoires de percement de tunnels.

C'est tout naturellement que dès 1880 vinrent des vallées piémontaises et donc "vaudoises" proches, à Tende, des centaines d'ouvriers avec leurs familles, cherchant du travail sur ces chantiers importants.

La famille (et surtout sa femme et ses filles) d'un pasteur luthérien allemand de Nice, Philipp Mader, installée dans la "Villa Alpina" à Tende (Devenue après la guerre jusqu'à nos jours la Mairie de Tende) anima la communauté vaudoise de Tende, mettant en place des lieux de culte, et organisant des séances d'évangélisation.

Un second immeuble fut trouvé dans l'actuelle Rue de France (à l'époque Via Municipio, puis via Vittorio Veneto) au niveau du N° 145.

Durant deux étés, en 1898 et 1899, ils réussirent même à célébrer un culte dans la Grotte des Cauette, l'antique refuge des calvinistes au temps reculé des persécutions, dite "Grotte des Hérétiques", bien connue des Tendasques, creusée dans la falaise, dite "Rocher de la Maïma" qui domine Tende.

Mais, dès 1909, l'animateur de la petite communauté vaudoise de Tende, le Maître Evangéliste Valentino Klett fut affecté en Italie à Santa Lucia di Quistello, où il mourut peu après.

Ceci, ajouté à l'accueil de plus en plus froid des Tendasques fait aux Vaudois, à la nécessité de vendre leur immeuble de la Rue de France, et la fin des travaux des tunnels, signa la fin de 3 décennies de présence vaudoise à Tende.
(Informations entre autres : Marco Fraschia)

mercredi 11 août 2010

Sur la Route du Sel, au Col de Tende

J'emprunte régulièrement, et par tous les temps, le tunnel du Col de Tende pour passer du Piémont italien (Cuneo-Coni) à la France (Tende) et vice-versa.

Ce tunnel routier, situé sous le Col de Tende (600m plus haut), à 1270m d'altitude a été achevé en 1882, après de très nombreuses études géologiques, et une première tentative inaboutie de percement à 1750m d'altitude. Avec ses 3182m, il était le plus long tunnel de son temps!

En 1898, le tunnel ferroviaire de 8km de long, quasiment parallèle, est achevé.
Voir ma note du 2 Avril 2010 sur la ligne Nice-Cuneo.

Le tunnel routier a une forme ogivale et est assez étroit ; il impose de ce fait une régulation des camions et souvent des voitures par feux. Les voitures ne peuvent s'y croiser qu'avec précautions. Il est souvent en réparation, pour raisons de sécurisation et de mise aux normes, tant du côté italien que du côté français.

Il y a trois jours j'ai du attendre plus d'une demi-heure avant de pouvoir le franchir.
Des géologues surveillent en permanence l'évolution du terrain
Avant la mise en service de ce tunnel, il fallait franchir le Col par une piste qui démarre environ 200m avant l'entrée du tunnel.
On accède au col par un total de 46 lacets vertigineux
(7,5km et 800m de dénivelé).
Coté italien, il y a une douzaine de lacets également vertigineux.

J'ai pris cette route en 4x4 il y a vingt ans et je me suis bien juré de ne jamais recommencer l'expérience!

Mais pourtant cette route représentait une amélioration formidable par rapport aux conditions de circulation antérieures.

Ce col était déjà utilisé bien avant notre ère et la route qui le franchissait était appelée la "strata salis", la Route du Sel .

Dès le Moyen Âge, le col est une source de revenus appréciables pour les Comtes de Tende, les Lascaris, qui, à la fois protègaient, et, comme il se doit, rançonnaient les voyageurs.

En effet, 10 000 mulets franchissaient le Col chaque année!

Des personnages célèbres, et pas seulement des mulets, franchirent le Col.
Je citerai, entre autres, le Sultan ottoman Mehmed II, parti rencontrer en 1480 Charles VIII Roi de France, et Charles Quint, qui le franchit en 1536, afin de porter secours à son allié le Duc Charles III de Savoie attaqué par François I°...

Cette route était une artère commerciale essentielle, mais aussi un lieu de passage obligé pour les invasions diverses franchissant les Alpes...

Au cours du XVII° siècle, de nombreux travaux sont entrepris par Charles Emmanuel I°, en fait dès 1592.
Il ordonne la construction d'une "route charriable" entre Turin et Nice.
Mais l'insuffisance des techniques et l'énormité de la tâche font évoluer le projet.
La route restera essentiellement muletière.

Cependant, à partir de cette étape importante, la piste n'est plus seulement utilisable par les piétons, mais aussi par les cavaliers!
L'oeuvre réalisée est imposante et le tracé de la route est déjà de conception moderne.

En passant dans les gorges de Saorge, en venant de Nice en direction de Tende, on observe une grande inscription gravée dans la pierre en latin :
"Unissant les deux versants des hautes montagnes, et pour le bien public, l'autorité, l'utilité de toute l'Italie et de tout le globe, malgré les précipices réduits par le fer et le feu, Charles-Emmanuel, onzième duc de Savoie, prince clairvoyant, aimant son peuple comme un père, comblé dans la paix comme dans la guerre, de sa propre initiative, avec sa seule science et ses ressources propres, réalisa cette voie royale".

En 1614, la première tentative de percement d'un tunnel est entreprise par le même Charles Emmanuel I°, mais elle doit être interrompue pour des questions financières et techniques. On peut encore voir les marques de ce chantier côté italien vers 1750m d'altitude, connu sous le nom impropre de "galerie Napoléon".

Je saute les siècles pour en arriver à ceci : le 25 avril 1945, le tunnel et le Col sont repris par la 1° Division Française Libre...et en septembre 1947, la frontière avec l'italie est repoussée vers le nord, attribuant Tende, La Brigue, et les forts de la crête à la France...

L'histoire de ce tunnel n'est donc qu'une étape dans l'histoire longue et difficile du franchissement du Col de Tende.

Et ce n'est pas fini!
Un projet franco-italien - mais majoritairement italien - est en fin d'études administratives, techniques et politiques, pour la réalisation d'un nouveau tunnel aux normes, parallèle au tunnel actuel, de 3250m de long.
Ce qui aura comme conséquence d'augmenter de façon significative le trafic des camions en particulier dans l'étroite vallée de la Roya où la traversée des villages est déjà difficile...la circulation est saturée!
Début estimé des travaux : mi-2010, avec une durée des travaux de 7 ans.
...en tout cas, en Août, aucun signe de démarrage de travaux...
Souhaitons que ce projet de doublement soit purement et simplement abandonné, en une époque de crise budgétaire et écologique!
Par contre une mise en sécurité du tunnel actuel est nécessaire.
Les habitants de la Vallée de la Roya sont sensibilisés à la défense d'un cadre de vie : une grande manifestation des riverains de la Roya opposants au projet de doublement est d'ailleurs prévue à Tende ce dimanche 29 Août.

mardi 10 août 2010

Une odeur de poudre à Dodge City, au Kansas

Il flotte encore comme une odeur de poudre dans les rues de Dodge City, Kansas, USA.

Je m'y suis promené le 30 mai dernier, mais sans craindre une quelconque balle perdue.

Les noms de rues témoignent encore de relations "sociales" agitées, comme on peut le voir ci-contre.

Ici, les affichettes sur les portes des magasins interdisent encore l'accès, non pas aux fumeurs, mais aux porteurs de colts.

La ville était plutôt déserte, de nombreuses boutiques fermées définitivement.
Une ville en perte de vitesse, économiquement parlant.


Dodge City a pourtant connu ses heures de gloire, au temps de l'épopée du Far West.

La "piste de Santa Fé", ouverte dès 1821, a en effet connu un trafic important jusque vers 1880, entre Franklin (Missouri) et Santa Fé (Nouveau Mexique).

Elle passait par le poste avancé de Fort Dodge sur la frontière de l'Ouest.

Là, les milliers de "wagons" bâchés se ravitaillaient et demandaient la protection des soldats avant de s'avancer plus à l'Ouest sur les territoires indiens. Fort Dodge était alors une base importante pour les militaires engagés dans les conflits avec les indiens ("Indian Wars").
Dodge City, fondée, elle, en 1872, à 5 miles plus à l'Ouest, supplanta rapidement Fort Dodge, qui fut fermé en 1882.

Dodge City devint alors un centre commercial important pour les chasseurs de bisons.
Cette même année, le chemin de fer arriva à Dodge City, ce qui fut excellent pour les affaires et beaucoup moins pour les malheureux bisons.

En effet, vers 1865 des millions de bisons pâturaient dans les immenses plaines de l'Ouest.

De 1872 à 1874, pas moins de 900 000 peaux de bisons furent acheminées vers l'Est depuis Dodge City.

Un tanneur de Pennsylvanie commandait par exemple des peaux par milliers au tarif de 3.50 $ pièce : une petite fortune!

Les immenses hordes de bisons furent exterminées, et les prairies furent bientôt couvertes de carcasses pourrissantes.
Le "filon" du bison s'épuisa.

De 1875 à 1886, Dodge City devint alors le centre le plus important pour le commerce du bétail ("Longhorn cattle"), avec le Texas mais surtout avec Chicago : plus de 5 millions de têtes de bétail y transitèrent.

La statue du personnage le plus célèbre de Dodge City, qui trône au centre de la ville, est celle ...d'une "Longhorn" la bien nommée!

Cow boys, aventuriers, hors-la-loi, joueurs de poker, habitués des saloons et prostituées firent alors de la ville un lieu de perdition,"the wildest town on the western frontier".
La poudre y parlait fort et souvent, et les morts étaient quotidiens, et enterrés où on pouvait.


Dodge City n'est plus désormais qu'une ville hantée par les souvenirs de sa "gloire" passée...et où règne un silence pesant, à peine troublé par l'animation des jours de rodéos.

dimanche 8 août 2010

A pied sur le "Jura Höhenweg", en Suisse

...Enfin, sur une des étapes du "Chemin des Crêtes du Jura Suisse".

La traversée du Jura Suisse suit en gros un arc qui mène du Nord Est (vers Zürich) au Sud Ouest de la Suisse (vers Genève). Plus précisément, cette "Route Nationale N° 5" mène les randonneurs de Dielsdorf (au Nord de Zürich, à 12 km de Baden) à Nyon, par un parcours de 199 km, soit une quinzaine d'étapes de 6 à 8 heures.

On peut certainement comparer ce "Jura Höhenweg" suisse avec la "Grande Traversée du Jura" côté français.

Nous nous sommes "attaqués" tranquillement, pour une marche d'une journée, à l'étape qui part de Staffeleg (accessible en bus postal depuis la gare de Frick) et rejoint Hauenstein (il est ensuite possible de rejoindre en bus la gare d'Olten).

Cette étape ne nous amène pas à de grandes altitudes, mais, par une suite de montées et de descentes qui nous font passer par la Wasserflue (843m), Salhöhe, Geissflue (963m) et Burgflue, nous fait en fin de compte prendre dans les jambes un dénivelé de 910m en montée et de 860m en descente.

Le Staffeleg est un col important de la chaîne jurassique du point de vue du trafic, mais avec ses 621 m il est l'un des plus bas du Jura.

Cette randonnée est splendide, forestière et champêtre, avec des paysages, qui, sans être spectaculaires n'en sont pas moins extrêmement variés, vallonnés, donc, et qui nous ouvrent des perspectives dégagées sans cesse changeantes sur la Forêt Noire, au Nord, au delà du Rhin (invisible, car caché à nos yeux par un ensemble de collines et qui, ici, coule d'Est en Ouest : il changera complètement de direction à Bâle, pour filer plein Nord).

Une randonnée de 6h30 de marche pure, pour une distance de 20km : aucune difficulté technique, mais plutôt une rando d'endurance, compte tenu des montées et descentes.

Sur ce chemin, nous parcourons beaucoup de forêts, quelques pâturages, et puis la montée plus abrupte du Geissflue.

Le balisage est parfait ; il suffit entre autres, de suivre le logo de la Route N° 5, visible en bas des panneaux ci-contre ainsi que les panneaux indicateurs jaunes.

A noter, pour la petite et la grande Histoire : nous avons pu admirer à Salhöhe une borne en pierre de 1768 aux armes de l'"Autriche Antérieure", ou Vorderösterreich, ou encore, comme on le voit en haut de la borne : V.O.

Cette Autriche Antérieure désigne les anciennes possessions territoriales des Habsbourg en Bade, Souabe, Alsace, et Vorarlberg.

A noter qu'à l'Ouest du Rhin, l'Autriche Antérieure comprenait le Sundgau en Alsace, et aussi Ensisheim, qui fut, à partir de 1431 sa capitale. A l'Est du Rhin, Freiburg im Breisgau en faisait également partie