mercredi 19 mai 2010

Sur les traces de Tintin, en Amérique...

Le "promeneur du 68" part, comme Tintin, à l'aventure, en Amérique, pour 3 semaines, retrouver un vieil ami en Arizona...


...si le volcan (comment s'appelle-t-il déjà, ah oui, je me souviens : Eyjafjallajokull...) ne se rappelle pas à notre bon souvenir au dessus de l'Atlantique Nord.

Le voyage peut d'ailleurs de ce fait se terminer à Paris...l'aventure n'étant pas toujours là où on l'attend.

En tout cas, nous espérons "faire la route".
"On the road", 53 ans après Jacques Kérouac, version soft, et "macdonnaldisée", mais l'aventure est toujours là, sous d'autres formes.

Aux USA, les surprises et les découvertes nous attendent toujours aux détours des routes, des parkings et même des Wal-Mart...

Nous traînerons nos guêtres de Phoenix, Arizona, et, via le Colorado, le Nouveau Mexique, le Kansas, le Missouri, et l' Illinois, jusqu'à Chicago.

Nous emprunterons forcément, rien que pour le fun, la fameuse"Route 66"qui joignait Chicago à Santa Monica, en Californie, sur 4000 km en traversant les états où nous passerons.

Elle fut la première route transcontinentale goudronnée des USA.
Les américains l'appellent d'ailleurs Mother Road, ou Main Street USA.
Elle a été déclassée en 1985 et n'a donc plus d'existence officielle, mais conserve un caractère mythique.

Au programme : rencontre d'amis, visites dans les réserves indiennes, et randonnées dans des Parcs Nationaux, festivals de musique (jazz, country), ...and so on.

Nous irons au coeur de réserves indiennes, car mon copain y a ses entrées, et de bons copains à lui, tout comme il m'y avait entraîné il y a déjà 5 ans.

Nous n'irons pas chez les Black Feet (qui sont beaucoup plus au Nord, vers le Montana) sur les traces des (més)aventures de Tintin, mais du côté des Hopi et des Navajos.

Il paraît que Chicago a bien changé depuis l'époque où Tintin y faisait ses "reportages" auprès des petits camarades d'Al Capone...eh oui!

Chicago est devenue la 3° plus grande ville des USA, sur la rive SO du Lac Michigan. L'agglomération compte plus de 8 millions d'habitants.

C'est le 2° centre industriel des Etats Unis et l'une des plus importantes places financières du monde.
Capitale mondiale de l'architecture moderne, Chicago a presque définitivement liquidé sa mauvaise réputation.


C'est la ville des superlatifs.

Notez quand même que le Mac Do de Clark Avenue est celui qui débite le plus de hamburgers au monde...important à savoir, mais qu'il ne compte pas sur moi!

Il y a heureusement pas loin de 7000 restaurants à Chicago, de quoi trouver notre bonheur, si nous avons encore de l'appétit, après avoir "dévoré" au moins 3500 km.

Il parait aussi que Chicago est une ville agréable, très vivante, propre, avec de larges avenues bordées d'espaces verts, et qui se laisse découvrir à pied...la paradis des randonneurs, et des marathoniens.
...
Donc, silence radio sur ce blog pendant 3 semaines, à moins que quelque cybercafé ne se trouve sur notre route!

dimanche 16 mai 2010

Un Macbeth de Verdi sombre et sanglant

L'Opéra du Rhin nous a offert, à La Filature, à Mulhouse, un Macbeth de Verdi sombre et sanglant.

La noirceur des personnages (Macbeth instrumentalisé par Lady Macbeth) obnubilés par leur désir de pouvoir, est remarquablement bien mise en valeur par un décor sombre et inquiétant, une mise en scène originale(de Francisco Negrin), et une interprétation totalement magistrale.

Tout cela allant de pair avec la puissance musicale de Verdi qui se manifeste en particulier dans des choeurs d'hommes époustouflants, magnifiquement mis en valeur par l'Orchestre Symphonique de Mulhouse, qui resplendit de mille feux sous la direction de Enrique Mazzola et les Choeurs de l'Opéra du Rhin.
Toutes les nuances sont là, des plus suaves aux plus déchirantes!

Et malgré leur puissance formidable, Elisabete Matos, en Lady Macbeth assoiffée de pouvoir, rongée par le remors et la folie, réussit à dominer et les choeurs et l'orchestre.
Sa voix immense et puissante, au format wagnérien est proprement sidérante et assez incroyable!

Belle présence dramatique de Bruno Caproni en Macbeth hésitant, torturé par ses doutes, puis pris totalement par l'engrenage criminel et la folie qui le ronge.

Tous deux perdont totalement le bénéfice attendu de leurs crimes.


Verdi invente là un nouveau langage musical : plus de "bel-canto" pour des âmes si noires et torturées! Des effets vocaux aux antipodes des habitudes musicales de l'époque.

Pour installer une ambiance mystérieuse et angoissante, Verdi n'a laissé aucun temps mort dans le déroulement de sa musique. Elle est conçue pour plonger le spectateur dans un état particulier dont l'intensité dramatique ne cesse de croître.


Macbeth a été représenté pour la première fois au Teatro della Pergola à Florence le 14 Mars 1847.
Macbeth avait été commandé pour le carnaval ; le théatre dut ouvrir ses porte bien plus tôt que prévu, et le public réserva un triomphe à Verdi.

Certains critiques accusèrent Verdi de ne pas connaître Shakespeare.
Cela le rendit furieux, et il écrivit, lui qui était le plus modeste des compositeurs : " Que je n'aie pas su rendre parfaitement l'esprit de Macbeth, passe encore. Mais que je ne connaisse pas, que je ne comprenne pas Shakespeare, non, que Dieu me garde, non! Il est l'un de mes poètes préférés, et je l'ai lu et relu sans cesse depuis ma plus tendre enfance!"

Macbeth était, parmi ses oeuvres, l'une de celles que Verdi préférait.

On peut dire qu'elle résume de façon magnifique cette période de la carrière de Verdi.
Il a réussi pour la première fois la synthèse des trois éléments qui dominent sa musique : le théatre, les personnages, et le patriotisme.
...

Le patriotisme qui domine tout particulièrement dans les choeurs magnifiques de la fin du dernier acte.

mardi 11 mai 2010

Une histoire de fou(s) : le film "Bedlam" de Mark Robson, 1946

Je viens de visionner un film de Mark Robson, de 1946 : Bedlam, avec Boris Karloff, Anna Lee,...


Une petite merveille, dans le genre "fantastique réaliste".


A Londres au XVIII° siècle, une jeune femme spirituelle et audacieuse s'intéresse aux conditions d'internement inhumaines des malades mentaux au Bethlehem Asylum, Bedlam.


Le directeur de l'établissement, l'effrayant Maître Sims, magistralement interprété par Boris Karloff, va finir par faire enfermer la jeune femme à l'asile. Je ne dévoile pas la suite...

Ce film est une production de la RKO, la prestigieuse compagnie, qui connait son apogée entre 1930 et 1949.


Ce film a été censuré en Angleterre, à cause de sa féroce remise en question des asiles psychiatriques. Il a été inédit en France jusqu'en 1974.


Belles photos, beaux décors, un Boris Karloff qui interprête magnifiquement un directeur d'asile odieux et machiavélique.


Ce film est en fait un plaidoyer fort pour la prise en considération des pensionnaires des asiles, et contre les agissements de personnages haut placés pour faire interner des personnes qui auraient pu leur nuire.


Ce n'est pas un film d'horreur, mais un film plus réaliste qu'il ne semble à première vue, une chronique sombre de l'Histoire.
Un film qui aborde avec maestria des questions essentielles : la vanité et l'égoïsme de la classe gouvernante, la liberté d'expression, l'humanisme, les droits de l'homme, la justice.


Vraiment, un beau film à emprunter dans les médiathèques, et à découvrir.

Ce film s'inspire de la série des 8 peintures de William Hogarth (1697-1767) datant de 1733 et intitulées "A rake's progress", que je traduirais par "L'itinéraire d'un débauché".

Cette série de peintures raconte l'histoire de Tom Rakewell, un jeune homme qui, après avoir hérité de la fortune paternelle, suit le chemin du vice et de la débauche, pour finir par sombrer dans la folie, et être interné à Bedlam. Il y est enfermé avec un musicien, un astronome et un archevêque...
On y voit de jeunes femmes bien comme il faut venir y observer les malades mentaux, et c'était effectivement à l'époque une distraction très prisée en ville.
On peut en voir le détail sur :
http://www.soane.org/rakesprogress.htm
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La question des internements abusifs est-elle encore d'actualité ? Il parait que dans certains pays....

vendredi 7 mai 2010

La "Folie Marco" à Barr, en Alsace

Paris n'a pas eu le monopole des "Folies" : la Folie Méricourt, la Folie Régnault (évoquée dans ma note du 25 novembre 2009).
Il y a aussi une magnifique "Folie" en Alsace, à Barr, très précisément, dans le Bas-Rhin : c'est la "Folie Marco".

L'occasion m'a été offerte de visiter hier cette imposante "Folie" du XVIII° siècle, construite par Louis-Félix Marco, bailli de la Seigneurie de Barr.
Cette demeure patricienne, construite dans un parc (redessiné en 2001) à l'orée de la ville de Barr, a été remaniée au XIX° siècle par la famille Trawitz.

Les frères Henri et Gustave Schwartz l'ont aménagée ensuite avec soin et goût. Cette demeure est devenue Musée grâce au legs qu'ils en ont fait par testament à la ville de Barr.

En gravissant les étages, le visiteur remonte dans le temps et prend plaisir à découvrir du mobilier régional de très grande qualité et de toute beauté : Empire et Restauration au Rez de chaussée, Régence et Louis XV au 1° étage, et au 2° étage, Renaissance Rhénane et mobilier alsacien du XVII°.
Nous pouvons y admirer également d'importantes collections de faïences et de porcelaines, entre autres alsaciennes et lorraines des XVIII° et XIX° siècles (Niderviller, Lunéville,...), mais aussi de Delft, ainsi que des collections d' étains de toute beauté du XVIII° siècle.

Le visiteur pénètre ainsi dans l'intimité des familles qui se sont succédées dans cette imposante demeure durant deux siècles.
En face, une belle vigne datée du Moyen-Âge fait partie du domaine depuis la Révolution.


A noter également un remarquable bâtiment dans la cour de la demeure principale : des "communs" hors du commun (bâtiment classé, il me semble).


Agrémentez votre visite de cette "Folie" remarquable, par une autre "folie" : la dégustation du fameux "Klevener" de Heiligenstein, village proche de Barr.

Le "Klevener" : un vin unique en Alsace, qui vous réjouira le palais et les sens (voir ma note du 15 septembre 2009)!

mercredi 5 mai 2010

Hommage au philosophe Pierre Hadot

Le philosophe Pierre Hadot vient de nous quitter, à l'âge de 88 ans, le 24 Avril 2010.
Le Ministère de la Culture a salué un "grand philosophe", un "grand historien", et encore "un maître, dont la voix, longtemps encore résonnera en nous".

Malgré les éloges officiels, la mort de Pierre Hadot est passée relativement inaperçue.

Qui peut bien encore, "de nos jours ", si agités et "internetisés", s'intéresser à la disparition d'un Professeur Honoraire au Collège de France, profond connaisseur de la culture hellénistique, en particulier du néoplatonisme et de Plotin?

Qui peut encore s'intéresser à l'auteur d'une oeuvre développée autour de la notion d'exercice spirituel et de "philosophie comme manière de vivre"?


Pierre Hadot a été pour moi un guide...


...la suite sur mon autre blog :

Bonne lecture...de Pierre Hadot!

dimanche 2 mai 2010

Armida au Met : la magicienne Renée Fleming m'a envoûté

Hier soir, à Mulhouse, retransmission en live de l' Armida de Rossini, depuis le Met de New York.
Encore un évènement musical, une "performance" magnifique!

Cet opéra peu connu de Rossini, écrit en 1817, nous présente une histoire basée sur la Jérusalem délivrée du Tasse.

Avant Rossini, Haynd, Salieri, Haendel, Gluck ont écrit une version d' Armida, sous ce nom ou sous celui de Rinaldo, du nom du protagoniste de la magicienne Armida.


Une première représentation eut lieu à Naples en 1817, une autre à Londres en 1922, et aux Etats Unis, pour la première fois en 1992 avant celle qui nous a été offerte au Met hier.

L'opéra est peu joué, car les rôles sont particulièrement difficiles.
C'est le cas du rôle d' Armida, un des sommets du "bel canto romantique flamboyant".
Très peu de sopranos sont capables de tenir ce rôle!

Maria Callas et Renée Fleming en ont été capables, de par leur virtuosité exceptionnelle et leur musicalité toute en finesse et en sensibilité.

Oui, Renée Fleming m'a envoûté, tenu sous son charme par sa fantastique performance, sa présence sur scène toute en force, en violence et en douceur.

Le ténor Lawrence Brownlee , interprétant le rôle de Rinaldo, m'a semblé ne pas faire tout à fait le poids dans le premier acte, malgré un duo avec la magicienne Armida d'une très bonne tenue.
Par contre, il se révèle magnifiquement dans la scène du trio avec les deux soldats venus l'arracher aux envoûtements.

J'ai particulièrement apprécié la scène qui se déroule, au III° Acte, devant le rideau, où Rinaldo, partagé entre son amour et son honneur est magnifique.

Renée Fleming, quant à elle, dans cette scène, où elle exprime la lutte d'Armida entre l'amour et le désir de vengeance, est au sommet de son art!

Un petit bémol : le Ballet-pantomime du II° Acte, certes magnifiquement interprété, mais un peu long, m'a semblé par contre déséquilibrer l'oeuvre de Rossini.