dimanche 31 janvier 2010

Au "Festival de Musique au Désert", à Tombouctou

Le Festival de Musique au Désert se tient habituellement à Essakane, à 70 km au nord de Tombouctou.

Cette année en janvier, il y avait pas mal d'incertitudes quand la la tenue de la 10° Edition de ce Festival.

Les autorités françaises avaient en effet demandé aux européens de quitter le Nord du Mali, pour des raisons d'insécurité et des risques d'enlèvements...

Les questions de sécurité ont créé une vraie psychose et pas mal de festivaliers ont annulé leur voyage de ce fait...Des partenaires occidentaux ont aussi annulé leur aide...

Le Festival a finalement eu lieu, mais à quelques "encablures" seulement de Tombouctou, sur des dunes blanches et grises, les "dunes de la Paix", à 2 ou 3 km du "Monument de la Paix", dans le quartier d'Abaradjou du 7 au 9 Janvier...sous haute protection militaire.

Pendant le bivouac on apercevait le cordon des tentes de l'armée, et les militaires maliens surveillaient les lieux, avec bonhommie, certes, mais surveillaient quand même.

La musique, le ballet des 4x4 dans les dunes, les chameaux, les fiers touaregs perchés sur leurs montures non moins altières, tenant les rênes d'une main et...le téléphone portable de l'autre ont contribué à créer une ambiance exceptionnelle.Une ambiance grouillante, bariolée et bon enfant.

La qualité des concerts était variable, mais la magie des lieux et de l'évènement autorisaient l'indulgence.

Personnellement, la musique touareg me lasse assez vite, mais voir et entendre des hommes bleus jouer avec élégance et charme de la guitare électrique était assez étonnant, couchés que nous étions sur le sable et emmitouflés dans nos anoraks, car la nuit y est très fraîche.

Nous avons eu les musiciens Habib Koïté et Bassékou Kouyaté et son N'goni, qui nous ont transportés au coeur de la musique traditionnelle malienne...

Du Mali, il y avait aussi d'autres stars : Amadou et Mariam, Tinariwen.
Ces musiciens racontent en musique et poésie l'errance du peuple touareg à coup de guitares électriques et d'instruments traditionnels.
Il y avait quelques groupes venus du Niger voisin (Mamar Kassey, Koudede, Rissa,...).
Quelques groupes non africains étaient là, dont un groupe de musiciens kanaks de Nouvelle Calédonie...

Beau et bon Festival au Désert, que cette 10° Edition!

Un aperçu du groupe touareg Tinariwen enregistré à ...San Francisco :


samedi 30 janvier 2010

Un coup de blanc au Col des Bagenelles, dans les Vosges

Mardi, je suis allé me replonger avec quelques amis dans l'ambiance unique et qui fait le charme de nos montagnes l'hiver : le désert blanc.

Comme je l'ai signalé plus haut, une sortie en raquettes dans les Vosges, du côté du Haut-Rhin, en Alsace, m'a permis de prendre un grand coup de blanc après le désert gris et beige de Tombouctou, l'ocre des savannes, la poussière rougeâtre de la latérite....et la chaleur dépassant les 40° du Mali.

Je n'avais fréquenté le Col des Bagenelles (903m) qu'en randonnée pédestre, par beau temps.

Du Col des Bagenelles, nous avons, quand le ciel est dégagé, une très belle vue sur les deux vallées de la Liepvrette et de la Weiss.
A proximité de ce col se trouve le sommet du Grand Brézouard (1228m).

Pour moi c'était une première et je me réjouissais de pouvoir contempler ce paysage splendide dans d'autres conditions.

Or, nous étions dans la purée de pois, par -9°.
Bouché de chez bouché!

Venus par Le Bonhomme -route dégagée -, nous attaquons raquettes aux pieds sur la route bien enneigée du Col du Bonhomme et poursuivons à travers bois dans un environnement splendide à visibilité très réduite. Belle randonnée bien revigorante, terminée plus bas, comme il se doit, par une boisson chaude.
La route qui redescend sur Ste Marie aux Mines et le Pays du Val d'Argent n'était d'ailleurs pas dégagée.

Nous nous trouvions dans une zone où est passée la ligne de front durant la guerre de 1914-1918.

Etant littérallement gelé, je ne pouvais pas ne pas penser aux conditions endurées par les soldats de la Grande Guerre ici même en plein hiver...

Un sentiment d'amertume m'envahit, à l'idée que toutes ces souffrances n'ont servi à rien ; et pourtant tous ces hommes dans la fleur de l'âge ont fait leur devoir!

Tout près, il y a la Ferme-Auberge "Graine Johé" qui rappelle la ligne frontière de sinistre mémoire qui courait sur la crête.
Son nom viendrait en effet de "Grenz Höhe" : les "hauts de la frontière", en allemand.


vendredi 29 janvier 2010

Hommage ému à René Caillé depuis Tombouctou


Me promenant le nez en l'air dans les ruelles étroites et ensablées de Tombouctou, je suis tombé en arrêt devant la maison où vécu un temps René Caillé...Un choc, je l'avoue!

Apprenti boulanger dans les Deux-Sèvres, René Caillé quitte la France à Rochefort pour l'Afrique en 1816. Il ne réalisera son rêve que 11 ans plus tard. Il atteindra Tombouctou le 20 Avril 1828, après avoir connu deux échecs, être rentré en France, avoir été bloqué 5 mois en Côte-d'Ivoire par le scorbut.

Il est déçu de trouver une ville qui tombe en ruines.

Précisons qu'il s'était rendu en Mauritanie en 1824 et 1825 pour apprendre l'arabe et la religion musulmane. Tombouctou est en effet interdite aux chrétiens : il se fera passer pour un humble lettré musulman.

Tombouctou a en effet, au XIX° siècle, alimenté les rêves de plus d'un voyageur : le mythe était nourri par les récits des voyageurs arabes du Moyen-Âge.

Il faut dire également que les Sociétés de Géographie européennes multipliaient les prix pour qui atteindrait la ville mystérieuse. Ceci a sans doute joué pour que René Caillé se lance dans l'aventure.

Les rêves sont encore là au XXI° siècle, mais les conditions de l'aventure sont quand même moins hasardeuses...quoique : nous y étions encadrés par les militaires maliens, pour parer à tout risque d'enlèvement.

Quoiqu'il en soit, René Caillé a aussi des raisons personnelles de vouloir redorer le blason familial : son père, condamné pour vol l'année de sa naissance, meurt en 1808 au bagne de Rochefort...
Mais son retour en France en 1830, après 16 ans d'absence, à travers le Sahara et le Maroc a été un véritable calvaire.

Il reçoit le prix de 10 000F de la Société de Géographie, publie son "Journal d'un voyage à Tombouctou et à Jenné dans l'Afrique Centrale".

Faisant l'objet d'attaques virulantes de la part de détracteurs qui nient même la véracité de son voyage, pourtant avéré, il meurt sur ses terres le 17 Mai 1838, usé par son périple et par des maladies contractées en Afrique.

Il déclarera à la fin de son Journal : "Quoiqu'il en soit, j'avouerais que ces injustes attaques me furent plus sensibles que les maux, les fatigues et les privations que j'avais éprouvés dans l'intérieur de l'Afrique".

mercredi 27 janvier 2010

Tombouctou la mythique, "Perle du Désert", au Mali


Voila, j'ai repris pied, je me réacclimate à notre chère Alsace.

Mais j'avoue que le coup est rude : plus de 40° par moments au Mali et j'ai attaqué hier par une sortie raquette au Col des Bagenelles par -9°...

Quoiqu'il en soit, Tombouctou continue à me hanter, même après y être resté 3 jours.

Tombouctou la mythique, la "Ville aux 333 saints", la "Perle du désert"!

Le désert est en effet très proche des premières maisons : la ville s'ensable petit à petit...

Les difficultés d'accès, depuis Sévaré contribuent à maintenir ce mythe : il y faut la journée et à l'arrivée essayer de se débarasser de la poussière ocre qui envahit tout. Et pas d'eau.

La réalité est autre : on est loin désormais de la richesse de Timbuktu, due aux échanges commerciaux, de plaques de sel, en particulier entre le Sahel et le Maghreb, et au commerce d'esclaves aussi.

Mais c'est quand même quelque chose que de pouvoir l'atteindre après de longues heures de route et de pistes défoncées, d'attente interminable du bac qui nous permet une heure durant de naviguer sur le delta intérieur du Niger, puis encore de la route.

Des merveilles découvertes au détour des ruelles poussiéreuses et ensablées, au détour des maisons en banco ou en pierre : la grande Mosquée Djingareyber, l'Université de Sankoré, la bibliothèque Al Imam Essayouti, où s'accumule un trésor de plus de cent mille mansucrits juridiques, religieux et d'astronomie. Ah!

Tombouctou : la ville redécouverte par René Caillé et le Major Laing au début du XIX° siècle.

Tombouctou : la ville du Festival de Musique au désert auquel j'ai eu le bonheur d'assister!

Mais laissez moi le temps de réguler ma température, et je vous distillerai les détails petit à petit!